Remous à l'école polytechnique de Thiès : Affrontements entre étudiants polytechniciens de la cité du rail

Une rude bagarre s’est engagée hier, à l’Ecole Polytechnique de Thiès, entre les étudiants de la formation initiale et ceux de la formation continue, avec à la clé une dizaine de blessés dans les deux camps. C’est avec l’intervention des forces de l’ordre qu’un calme relatif est revenu dans l’établissement.

L’Ecole polytechnique de Thiès a été, hier, le théâtre de violents affrontements entre étudiants polytechniciens de la formation initiale et leurs camarades de la formation continue. Ces affrontements qui se sont soldés par une dizaine de blessés seraient, si l’on en juge par les déclarations des uns et des autres, la conséquence de difficultés dans la cohabitation entre les deux entités. En effet, pendant que les étudiants de la formation continue s’estiment chez eux au sein de l’établissement, ceux de la formation initiale leur dénient cette appartenance et les considèrent comme des intrus. Une situation qui, à force d’être entretenue, a fini par dégénérer avec l’organisation des journées scientifiques culturelles et sportives.

En effet, selon Amadou Moctar Diack, porte-parole des étudiants de la formation continue, si la situation s’est envenimée à ce point, c’est de la faute de leurs camarades de l’autre bord qui, après avoir tenu leurs journées, tentent de les empêcher d’en faire autant. ‘Tout de suite après avoir tenu leur fête, ils sont allés voir le directeur des études pour lui dire qu’ils risquent d’être dérangés dans leurs études par les journées scientifiques que nous, de la formation continue, envisageons d’organiser’. Et, poursuit-il, ‘ils oublient que quand ils tenaient leurs journées, nous étions en train de faire un examen final en béton armé. Le concert qu’ils ont organisé, nous a empêché de nous concentrer, mais avec philosophie, nous avions fait preuve de dépassement’. Aussi ne comprend-t-il pas l’attitude du directeur des études qui, après avoir reçu les étudiants de la formation initiale, les convoque, eux de la formation continue, pour leur demander de surseoir à leurs journées ou, à défaut, d’éviter de faire du bruit en organisant dans la simplicité. Ainsi, selon Amadou Moctar Diack, c’est fort de ce soutien de l’autorité, que les étudiants de la formation initiale se sont radicalisés dans leur position, pour décider de les empêcher d’organiser leur manifestation comme s’ils n’étaient pas des étudiants comme eux.

S’agissant des affrontements proprement dits, le porte-parole des étudiants de la formation continue reconnaîtra, même si c’est de façon implicite, que ce sont eux qui ont ouvert les hostilités, en tentant de déloger leurs camarades de la formation initiale qui avaient, la veille, lors de leur assemblée générale, bastonné deux des leurs qu’ils accusaient d’espionnage. Aussi, la riposte ne s’est pas fait attendre. Une rude bagarre s’est engagée avec à la clé une dizaine de blessés dans les deux camps.

Cette version d’Amadou Moctar Diack sera battue en brèche par Abdou Karim Fall, président du bureau des élèves de l’Ept. Ce dernier qui rejette toute idée d’intolérance dans la cohabitation, explique les affrontements par une agression dont ses camarades ont été l’objet de la part des étudiants de la formation continue alors qu’ils étaient en cours. Ainsi les affrontements n’ont, pour lui, été qu’une riposte. ‘Ils nous ont attaqués dans notre campus pédagogique et nous avons riposté’. Toutefois, il met à l’index certains enseignants de son établissement. ‘Nous ne savons pas exactement ce qui est à l’origine, mais nous constatons que ces temps-ci, il y a une réelle tension entre les étudiants de la formation continue et nous’. Une tension qui, selon lui, est entretenue par certains enseignants de l’Ept qui s’évertuent à leur faire croire qu’ils sont dans leur plein droit dans l’établissement au même titre que ceux de la formation initiale. Or, poursuit-il, ‘il faut qu’ils comprennent qu’ils font de la formation continue, payante et que, par conséquent, ils n’ont droit ni au campus social ni aux œuvres du Coud, encore moins au campus pédagogique. Nous croyons que la direction de l’école ne dit pas la vérité à ces étudiants. Et si la formation payante va jusqu’à créer des difficultés dans cet établissement, il faut la supprimer’.

Le directeur de l’établissement étant absent du pays, tout laisse croire que des mesures idoines seront prises dès son retour pour que l’Ecole polytechnique de Thiès retrouve sa quiétude. Entre temps, avec l’intervention des forces de l’ordre, un calme relatif est revenu dans l’établissement.