Report du procès Bara Tall au 18 mars : Idy demande à Wade d'envoyer ses ministres cités

S'il y a un procès qui sera, à jamais, gravé dans les annales de l'histoire judiciaire du Sénégal, c'est bien celui de Bara Tall. Un procès où quatre pontes de la République sont convoqués par le juge. Mais, d'emblée, le décret présidentiel aux fins d'autorisation de comparution fausse les débats. Ainsi, le 3e face-à-face prévu le 18 mars 2011, promet d'être celui des révélations inédites.

Grand déballage en vue, dans l'affaire dite des chantiers de Thiès. C'est, en tout cas, l'annonce faite par Bara Tall au sortir de l'audience reportée au 18 mars prochain, en audience spéciale, par le juge du tribunal correctionnel de Dakar. Impeccable dans son costume de couleur en compagnie de ses partisans scandant la formule ‘Bara Tall moko yor’, ‘Ne Touchez pas à notre Bara’, l'entrepreneur qui dit ne préjuger ni de sa culpabilité, ni de son innocence, confie devant les caméras : ‘Ce renvoi ferme est pour qu'on ait l'occasion de dire, dans ce lieu de vérité, les choses jamais dites devant un micro. Cette histoire a fait couler beaucoup d'encre et a longtemps été sur la sellette. Et cela ne peut pas se terminer en queue de poisson. Il faut que les gens sachent la vérité. Pour moi, c'est un jugement de ma conscience avant d'être un jugement populaire.’ C'est ainsi parti pour un procès épique dont l'issue finale fera l'objet d'une longue attente avant de connaître la vérité sur l'affaire des chantiers de Thiès qui resurgit plus de cinq ans après. ‘Bara Tall contre l'Etat Sénégal’, c'est une histoire d'escroquerie portant sur des facturations, détournements de deniers publics, faux et usage de faux.

La non-comparution de hautes personnalités de l'Etat du Sénégal a faussé les débats. A ce titre, le juge a exigé la comparution de quatre pontes de la République. A savoir le ministre des Finances Abdoulaye Diop, le président du Sénat Pape Diop, le ministre des Affaires étrangères Madické Niang ainsi que l'ancien Premier ministre Idrissa Seck qui a été le seul à répondre présent, et de Salif Bâ et autres. Le président de la République va-t-il signer le décret d'autorisation de comparution de ses ministres ? Les observateurs sceptiques craignent une affaire ‘Oumar Sarr bis’, relativement au précédent Diombass Diaw. Autre motif invoqué par le juge pour renvoyer l'audience, la production des rapports de l'Inspection générale d'Etat qui ont épinglé le patron de l'entreprise Talix Groupe ainsi qu'une quinzaine d'entreprises et de cabinet d'études. Mais également, des experts indépendants figurent sur le banc des témoins, rien que pour la manifestation de la vérité.

La troisième et dernière raison ayant motivé le renvoi du procès a été la nouvelle constitution d'avocats (du côté de la défense et de l'Etat du Sénégal). Soit une trentaine. Le juge veut leur permettre de prendre connaissance du dossier dont l'audience sera étalée sur plusieurs jours, eu égard à la pluralité des parties au procès.

Le procès de Bara Tall rappelle celui du journaliste-écrivain, Abdou Latif Coulibaly, qui avait mobilisé toutes les franges de la population. La même mobilisation a été de rigueur hier, au tribunal de Dakar. Politiques (Cheikh Tidiane Gadio, Ousmane Tanor Dieng du Ps, Moustapha Niasse de l'Afp, Maguatte Thiam du Pit), société civile avec, notamment, les mouvements citoyens, journalistes (dont Abdou Latif Coulibaly) ainsi que plusieurs personnalités célèbres du pays ont fait le déplacement. A 8 heures, la salle d'audience où doit se tenir le procès était pleine à craquer. Conséquence : la foule immense sera déplacée vers la salle 7 pour permettre à tout ce monde de suivre les débats.