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RESTITUTION DES CONFERENCES ET DEBATS Du Colloque De Re-Source / Sununet Paris - IMMIGRATIONS AFRICAINES ET MEMOIRES

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RESTITUTION DES CONFERENCES ET DEBATS Du Colloque De Re-Source / Sununet Paris - IMMIGRATIONS AFRICAINES ET MEMOIRES

    RESTITUTION DES CONFERENCES ET DEBATS

    Du Colloque De Re-Source / Sununet Paris  

    Tenu au Sénat à Paris, le 28 Juin 2008

    Sur le thème :

    IMMIGRATIONS AFRICAINES ET MEMOIRES 

Une journée de réflexion sur Immigrations et Mémoires, s’est tenue  au Sénat à Paris le 28 Juin 2008 sous l’égide de Re-Source Sununet (Rencontre des Sénégalais pour une Organisation Utile des Ressources de la Communauté des expatriés) – Paris. Y étaient présents différentes catégories de la population émigrée : universitaires, hommes d’affaires, étudiants, travailleurs manuels, artistes, commerçants, businessmen, etc.

  Le thème de cette rencontre a été élaboré par le comité R/S de Paris, à partir d’une analyse et étude approfondie des demandes et des attentes de différentes couches des populations émigrées. De même, suite à la demande du conseil exécutif global de R/S de remettre le prix (à titre posthume) Figure Citoyenne à la famille de feu le musicien Lamine Konté. Avant de revenir sur la personnalité du lauréat, revenons sur le contenu et le déroulement de cette après-midi de réflexions et de célébration.

  Faisant sienne le principe selon lequel « il n’y a  pas d’humanisme sans respect des identités individuelles et collectives », le comité de Paris a décidé de réfléchir sur le thème : Immigrations et Mémoires.

  Avant de présenter la conférence et nos attentes, le comité R/S de Paris, par l’intermédiaire de sa présidente, Mlle Fatou Sow a tenue à remercié d’abord les autorités du Sénat, en particulier le sénateur Gérard Delfau, de nous avoir permis d’obtenir la salle de cette prestigieuse institution pour cette rencontre. La présidente a ensuite rappelé les objectifs et principes qui fondent notre organisation. Elle a notamment mis l’accent sur l’ambition de Re-Source, de créer des liens et des convergences entre la diaspora et les  sénégalais de l’intérieur. Elle a enfin montré comment le destin de Re-Source Sununet en tant qu’organisation de la diaspora est lié à celui des populations immigrées. Ensuite Melle Sow a donné la parole à Monsieur Mahamadou Lamine Sagna, Président du Conseil Exécutif Global de Re-Source Sununet pour qu’il modère les discussions. 

  Monsieur Sagna a présenté au public le rôle que ces intervenants ont joué et jouent encore dans la diaspora et le monde universitaire. Il a ensuite rappelé les trajectoires intellectuelles et les œuvres des intervenants : Monsieur Babacar Sall (Universitaire, Poète et Editeur), Professeur Mar Fall (Universitaire et Peintre) et Monsieur Pape Ibrahima Seck (Universitaire, Poète), Madame Montaigne  (Juriste et Conseillère Municipale dans la région Parisienne).

  Ce thème a été traité par ces différents intervenants sur trois axes : moments historiques, les relations conflictuelles et les conditions de possibilité d’une sortie à la crise de l’immigration voire à la crise identitaire.

  Quand Babacar Sall, parle d’immigration et de mémoires, c’est pour mieux repérer les enjeux et la pluralité de la mémoire. En effet, pour lui, il s’agit de réfléchir sur les temporalités de l’immigration et les usages de la mémoire. Il faut donc de faire ressortir les ages de la mémoire et de l’immigration. Il souligne, qu’avant la première guerre mondiale, il y avait, selon le ministère des colonies 2580 immigrés africains en France. Cette immigration résiduelle passe très rapidement à plus de 134 000 dans l’entre deux guerres. Face aux défis de la reconstruction, l’immigration se présente alors comme une solution au pouvoir colonial. Confrontés à des mécanismes subtils de discrimination, dans le logement, les entreprises et le traitement salarial, les immigrés se mobilisent. Il émerge alors une conscience politique autour de l’identification à la race quelque soit les origines, dont l’une des figures marquante de la défense de ces intérêts est le sénégalais Lamine Senghor. Le comité de défense de la race nègre axe alors ses revendications sur les questions de l’identité politique et la demande de l’autonomie. Cette conscience politique s’est ensuite développé jusqu’aux indépendances, avec le mouvement de la négritude notamment. Dans la période post coloniale selon le Dr Sall, il y a une dissociation entre intellectuelle et manuelle dans les modes d’organisation.  Une conscience panafricaine conduit des intellectuelles à s’associer alors que les travailleurs manuels sont actifs dans les associations de ressortissants villageoise ou autre plus axé sur  le développement local. Ces derniers investissent beaucoup dans leurs régions d’origine et s’organisent sur la base villageoise. Mais, Mr Sall souligne qu’un nouveau phénomène (le temps des ruptures) est apparu chez les populations immigrées. Il s’agit d’une déconnection tendancielle liée à l’exacerbation des conditions de vie dans le pays d’accueil. Nombre d’immigrés accèdent à la propriété dans des zones pavillonnaires, et  s’impliquent de plus en plus dans des luttes politiques et sociales de leurs pays d’accueil sans renier leurs origines. On remarque aussi la création de plus en plus de carrés musulmans dans les cimetières. Dr Sall parle alors de mémoire partagée, désir du pays d’origine et désir du pays d’accueil. En conclusion, il dira que la mémoire (enjeux et les usages) est un concept mouvant lié à une demande d’Afrique nouveau, pouvant permettre de lutter contre les pertes de repères et les effacements. 

A la suite de ce brillant exposé, la parole a été donnée à Mr Mar Fall. Mr Fall a d’abord souligné le changement de sens induit par l’accession à la propriété, qui relativise la question du retour de l’immigré (qui est d’ailleurs mais vit ici). Pour lui c’est dans la complexité de l’environnement hexagonal qu’il faut appréhender la question de la mémoire dans un contexte d’immigration. Il présente, comment les enjeux de l’immigration et des mémoires sont intimement liés aux luttes et organisations collectives de ces populations. S’interroger sur la mémoire et l’immigration c’est s’interroger sur l’instauration de l’ordre présent, mais aussi sur ce qui fonde la projection vers l’avenir. En d’autres termes, la question de l’immigration et de la mémoire nous incite non seulement à nous intéresser aux identités des populations étrangères, mais aussi sur les caractéristiques de leurs luttes. Pour comprendre donc l’importance de la mémoire, il faut donc chercher à décrypter dans les pratiques des populations immigrées ce qui relève de la répétition dramaturgique de leur histoire, mais aussi, ce qui détermine ou explique leurs demandes, leurs exigences pour la liberté. Ainsi, si l’on met au centre de la vie des immigrés (les conventions qui permettent l’expression des valeurs), il reste que la mémoire n’est pas le passé, mais ce qui permet de faire dire le présent et le futur.

      Il souligne que de 1919 à 1930 l’existence de beaucoup de syndicats nègres (300 marins dockers dans les quai de Bordeaux), donc une mémoire militante. Cette mémoire militante peut aussi être lue à travers les trajectoires de certaines figures comme Amadou Moctar Mbow, Alioune Diop etc.… Pour avoir une vision claire du débat actuel sur l’immigration et le « communautarisme », poursuit Mr Fall, il faut revisiter le passé c’est è dire étudier les luttes qui ont eu lieu au milieu du 20ème siècle qui ont conduit par exemple à l’émergence d’une pensée noire.

  A la suite de Mr Fall, Monsieur Pape Ibrahima Seck a axé sa présentation sur la question de l’identité et de l’altérité qu’il lie à la stratégie culturelle de la France en Afrique. Pour lui, il faudra analyser la question de la « dispersion en mouvement » (immigration) du point de vue du pays d’accueil, avec la canalisation variante. Cette stratégie de canalisation qui s’est opérée en même temps que la marginalisation de l’Afrique. Ce qui pose le problématique de la perception sociale de l’immigration et de la diaspora surtout sur les questions de liberté et de séjour. Il entend par mémoire(s) « le dépôt sélectif du temps vécu dans l’esprit humain et dans la conscience sociale »

  Marginalisation à trois niveaux

  1) Marginalisation de l’Afrique comme continent, par exemple Madagascar est détachée du reste de  l’Afrique.

  2) Marginalisation de l’Afrique comme objet d’études. Des écoles africaines (sans africains d’ailleurs), problème d’édition, etc.

  3) marginalisation des peuples d’Afrique.

C’est donc dans une articulation dialectique de la canalisation et de la marginalisation que monsieur Seck propose d’étudier le problème de la mémoire et de l’immigration. Ainsi, ce qui est perçu comme replis identitaires dans les pratiques et comportements des immigrés, ne constituent que des moyens de survie pour ces populations. S’interroger sur la circulation des hommes et de leurs mémoires, c’est aussi s’intéresser aux problèmes géostratégiques au niveau mondial. A l’instar de Messieurs Sall et Fall, Monsieur Seck souligne que la mémoire permet de faire jouer la liberté, car elle est une ressource majeure que les individus mobilisent surtout dans les situations de méfiance et de désespoir. La mémoire fait la réalité de la vie sociale comme lien. Autrement dit, pour que l’intégration des populations étrangère fonctionne il faut que les institutions qui incarnent la liberté, donnent des espaces de possibilités à la mémoire. C’est avec un ton très engagé qu’il conclue en montrant que la falsification et la marginalisation de l’histoire de l’Afrique et de ses peuples laissent, des traces profondes, que seules des actions collectives peuvent aider à résoudre. Aussi l’exercice du droit à la citoyenneté apparaît pour lui comme une importante piste à explorer dans la tentative de restitution et de construction de la mémoire.

      A la suite de l’exposé de Monsieur Seck, Madame Montaigne, il se passe paradoxalement donc à travers ce processus une division du monde et une tentative d’unification des univers. Cette situation se traduit par des luttes symboliques, dont l’enjeu est l’appropriation des moyens d’existence. Pour elle, l’immigration les hommes, la mémoire relie des espaces aussi bien virtuel que réel. Il s’agit donc d’insister sur les aspects qui relient et non sur ceux qui séparent et divisent (conceptuellement) le monde. En réalité, pour Madame Montaigne, il faudrait rapprocher les acteurs, en travaillent sur l’éducation, notamment celle des enfants. Pour elle, les attitudes de retrait de certaines populations avec une fragmentation des univers culturels montrent les impasses des politiques d’immigration. Elle suggère de sortir de cette impasse en travaillant pour une coopération décentralisée avec les pays d’origines. Elle considère le retour aux sources comme un des fondements dans la construction de la personnalité des jeunes issus de l’immigration.

      Après ces brillants exposés, le modérateur Lamine Sagna a montré que la thèse centrale de tous ces exposés est une réflexion sur les conditions de possibilité d’un pacte social qui tourne autour de figures conceptuelles et romantiques des immigrés. Il souligne que ces réflexions portent aussi sur le rôle des acteurs et des institutions qui peuvent donner les cadres et conditions nécessaires à la mise en place de ce pacte social. Le modérateur souligne que les ages de la mémoire et de l’immigration doivent être retracés en même temps que ceux de la globalisation. Enfin pour Monsieur Sagna, la mémoire est une combinaison complexe de croyances, de valeurs, qui expliquent les émotions, les discours, les pratiques des individus. A ce titre, il faut chercher déchiffrer l’épaisseur énigmatiques des pratiques des immigrés à partir d’une exégèse des mythes, et lorsque le mythe fait défaut, analyser les objets rituels, car le rite est un mythe en acte. La logique de la pratique est selon lui  toujours une logique  du dire, du faire dire non seulement des croyances mais aussi des rationalités.

      Les discussions ont été très enrichissantes, Mesdames Xadi Sakho et Ami Diouf ont montré comment la mémoire ne dit pas simplement les urgences du quotidien, elle dit aussi les enjeux du futur. De même, insistent – elles, réfléchir sur l’immigration c’est réfléchir sur la mémoire. Pour Daouda Ndiaye si la mémoire est dans le présent et permet de penser le futur. Pour Monsieur Kanté, et Monsieur Kalidou Sy, ce qui se donne à voir dans la mémoire portée par les immigrés c’est la recherche d’une continuité vitale, et l’affirmation culturelle que la logique moderne tend à rompre. Réagissant à la question de Serigne Kandji qui portait sur les lieux de localisation de la mémoire, les intervenants, le modérateur et certains participants dans la salle Mademoiselle X et Monsieur Y, Monsieur Bachir Ndiaye et Monsieur Madéra Diallo ont montré l’indécidabilité propre à la mémoire, car en même temps qu’on peut la nommer, elle apparaît innommable.

      Pour tous les intervenants si ce qui se donne à voir dans la question de la mémoire et de l’immigration c’est bien une recherche de totalisation, d’unification de la personnalité que la modernité ou l’ultra-modernité a  détruit, alors il faut tenir compte des moyens que se donnent les individus pour s’en sortir. Ainsi, les calculs identitaires des immigrés pour sortir des conflits, ne peuvent être soustraits de ces moyens.

      Au total, il ressort de ces discussions les recommandations suivantes :

  • continuer ce type de discussions pour sensibiliser les uns et les autres sur les questions identitaires
  • diffuser les travaux des intellectuels africains qui ont eu lieu sur ces questions
  • enseignement de l’histoire des luttes des immigrés
  • encourage Re-Source à poursuivre ses travaux dans les foyers d’immigrés pour sensibiliser les immigrés sur ces enjeux

  Après cette conférence, un hommage et le prix de Re-Source Sununet – Figure Citoyenne pour feu le musicien Lamine Konté a été remis à son épouse.   
 

Remise du PRIX SUNUNET par Mr Saidou Ndiaye, Trésorier Général de Re-Source – /Sununet Paris à Madame Monique Konté, épouse de feu le Musicien Lamine Konté  

  

En saluant la mémoire de feu le musicien Lamine Konté, Mr Sagna a souligné que celui-ci méritait bien cet hommage, pour sa dévotion et son engouement pour notre  organisation. C’est l’un des tous premiers artistes que nous avions sollicité pour un arbre de Noël aux enfants d’immigrés à Paris. Il répondit non seulement favorablement, mais aussi voulait devenir tout de suite membre de notre association après que nous lui ayons expliqué notre vision, nos objectifs et démarches.

  En rendant un vibrant hommage au musicien disparu, Monsieur Sagna a salué la grandeur et la disponibilité de l’homme. Suite à cet hommage préliminaire, Monsieur Saidou Ndiaye a repris la parole pour témoigner sur l’œuvre et la personnalité de Monsieur Konté. Mr Ndiaye a montré que si on peut parler d’une posture identitaire dépourvue de tout complexe, c’est bien celle de Monsieur Konté. Monsieur Konté, immigré sénégalais en France incarne la mémoire d’Afrique.  Lamine Konté revendique sa fonction de griot c'est-à-dire de conteur, de musicien, de poète mais aussi de celui qui allait au front avec les guerriers. Comme le dit si bien Djibril Tamsir Niane, dans son livre Soundjata ou l’épopée mandingue). « Depuis des temps immémoriaux, les griots sont des sacs à paroles, les sacs qui renferment des secrets plusieurs fois séculaires. L’art de parler n’a pas de secret pour eux, par la parole, ils donnent vie aux faits et gestes des rois devant les jeunes générations (fin de citation)…… »

  Nous savons que Lamine Konté aimait se définir comme griot, c'est-à-dire historien, poète et conteur. Ce musicien hors pair, virtuose de la Kora et chantre de la Négritude, a mis au centre de son art, la vie collective des peuples noirs : les enjeux de la liberté, les urgences du développement, les malheurs et bonheurs de la diaspora noire. C’est en revisitant aussi sa discographie, que l’on peut saisir les événements et éléments fondateurs de son art, c'est-à-dire la négritude.

  Comme les poètes de la négritude dont il a mis en musique  les poèmes, chantés et joués, Lamine Konté, ami de Steve Wonder, ont été un ambassadeur infatigable de la culture négro-africaine en Europe, Amérique, Asie et Caraïbes. Il a joué, mis en musique les poèmes de Senghor, de Césaire et de Gontran Damas. Certes, beaucoup de musiciens ont essayé dans la mesure de leur art,  de jouer la poésie, mais seuls les poètes musiciens comme Lamine Konté l’ont réussi. Pour y arriver le musicien a revêtu son habit de poète.

  Rappelons-le, à travers sa musique à effectuer une espèce de réorganisation des mondes. Son langage  musical comme son langage poétique nous amène vers toutes sortes de paliers, d'échelles et de significations différentes du monde. Il nous a donné un langage vital.  

  Re-Source / Sununet est ouverte à tous les sénégalais de la diaspora qui souhaitent bénéficier ou faire bénéficier la Diaspora et le Sénégal des ressources,

Si vous souhaitez contribuer, Inscrivez-vous (ça prend deux minutes) à http://www.sununet.com/ 
 

Par Mohamed  CAMARA  (Secrétaire général Re-Source Sununet Paris), Bécaye Blondin  DIOP (Chargé de la communication Re-Source Sununet – Paris), Mahamadou Lamine Sagna (Président du Conseil Exécutif – Re-Source / Sununet Global)   



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