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RETOUR SUR LES LIEUX D’UN CRIME : Coup de projecteurs sur le meurtre crapuleux de Maïmouna Dione

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RETOUR SUR LES LIEUX D’UN CRIME : Coup de projecteurs sur le meurtre crapuleux de Maïmouna Dione
Cinq jours après le crime odieux qui a secoué leur localité, les habitants de Guinaw-rails-Sud sont toujours plongés dans la torpeur. Avant-hier, lors des obsèques de Maï Dione, du nom de cette sexagénaire décapitée avant d'être découpée en morceaux, la peur se lisait sur les visages. Sur les lèvres, une seule question : comment tout cela est arrivé ? L'Obs est retourné sur les lieux du crime pour aider à comprendre cette affaire que les enquêteurs auront sans doute beaucoup de mal à élucider. Le meurtrier est un Guinéen et non un Sierra Léonais.

À l’aube de ce vendredi 28 août, au moment de partir au boulot après avoir pris ensemble le dernier repas des jeûneurs avec sa mère, Zora constate que cette dernière s'est enfermée dans les toilettes pour prendre son bain. Qu'à cela ne tienne, il pousse légèrement la porte et utilise le bout du rideau pour la maintenir fermée. Hélas Zora était certainement loin de se douter que dans le noir, un individu attendait son départ pour précéder sa mère dans la chambre. Maï, toujours sous la douche, ne se doutait de rien. Enfin, lorsqu’elle finit son bain, elle noue sa serviette autour de ses reins et se dirige tranquillement vers la chambre. La suite se passe de commentaires. Que s’est-il passé entre son arrivée dans la chambre et le moment où elle a été tuée ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il que le même jour, vendredi 28 août, à son retour du boulot, Mansour, fils de Maï, ne trouve pas, comme d'habitude, sa mère. Il s'inquiète quelque peu, mais il est vite rassuré par les colocataires, dont la femme d'un policier du nom de Modou Fall. Le samedi, les choses se précipitent lorsque Mansour, toujours inquiet, refuse de croire que sa mère puisse s'absenter pendant quarante-huit heures sans avertir. «Il est venu nous trouver pour nous dire qu'une odeur se dégageait de la chambre de sa mère. Nous avons utilisé un rase-clou pour défoncer la porte et là, Mansour qui s'est porté le premier dans la chambre a crié avant de reculer. En effet, un individu tenant un couteau à la main était debout au milieu de la chambre. Le plus surprenant, c'est que l'individu portait les habits de Mansour. Il était prêt à sortir», explique Ousmane, le «monsieur sécurité» de Guinaw-rails. Dans la confusion qui a suivi, l'individu (dont on a su plus tard qu'il est de nationalité guinéenne et qu'il s'appelle Mamoudou Diaby), sort de la chambre, un couteau à la main, un autre dissimulé derrière le sac à dos qu'il porte. Il est vite encerclé par les jeunes et lorsqu'il tente de se frayer un passage, il blesse un guérisseur traditionnel du nom de Samba Sall appelé à la rescousse. Ce dernier, exhibant fièrement sa blessure, raconte : «J'ai entendu des cris et je n'ai pas hésité. Lorsque je suis arrivé dans la maison, j'ai vu que le gars était armé. Je l'ai attaqué, il est élancé et mesure environ 1,74 m. Il me donne l'air d'être un Diakhanké. Il est robuste. J'ai réussi à le maîtriser avant qu'on ne décide finalement de le conduire à la police.»

Le tueur tente de s'échapper avant de demander à être tué

Sur le chemin de la police, Mamoudou Diaby, interrogé par ceux qui l'ont arrêté, lâche son nom et sa nationalité. «Nous pouvons assurer qu'il nous a dit son nom et sa nationalité. Il s'appelle Mamoudou Diaby et il est Guinéen de Conakry», explique Samba Sall, l'homme qui a été blessé par le tueur. Poursuivant, Samba Sall déclare : «Nous ne connaissons pas ses motivations. Nous ignorons pourquoi il a agi de la sorte.» Et Ousmane Mbengue de révéler que Diaby n'habite pas le quartier, encore moins Guinaw-rails. «Nous ne l'avons jamais vu ici et nous ignorons pourquoi il a ciblé la dame. Ce dont, par contre, nous sommes sûrs, c'est qu'il est entré dans la chambre pendant que Maï se trouvait dans les toilettes et il a pris son temps.» Poursuivant, Ousmane Mbengue raconte que sur le chemin de la police, Mamoudou Diaby, après avoir tenté de leur fausser compagnie, supplie ceux qui l'ont arrêté de le tuer. «Il a profité d'un moment d'inattention pour s'échapper. Nous l'avons poursuivi et les membres du comité de vigilance, postés du côté des rails, lui ont barré la route avant de l'arrêter. Il s'est violemment débattu et nous a dit «tuez-moi». Il parle bien wolof et français. Pendant ce temps, on ignorait qu'il avait découpé la dame, sinon c'est sûr que nous allions le tuer. Un policier du nom de Modou Fall nous a dit de ne pas l'écouter et de le conduire à la police», assure Samba Sall.

La xénophobie s'installe à Guinaw-rails

À Guinaw-rails, on assure qu'il n'y aura pas de seconde affaire du genre de celle qui a secoué la localité ces derniers jours. Selon Ousmane Mbengue, l'Etat doit prendre ses responsabilités ; à défaut, «les étrangers seront, désormais, surveillés comme du lait sur le feu. Nous avons, au niveau de notre comité de vigilance, interpellé huit étrangers avant cette affaire, deux d’entre eux détenaient des armes, alors que les autres ont été arrêtés pour des faits de détention de drogue et de vol avec violence. La population est en colère et si l'Etat n’intervient pas pour renforcer les comités de vigilance, des actes de représailles ne sont pas à exclure». En attendant, à Guinaw-rails, la vie a repris, malgré la peur bien perceptible sur les visages.



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