Le grand «Peul fouta» se démène piteusement avec un marteau de 6 kilos. Le coup retentit sur une dalle en béton. Trop dur pour l’ouvrier, qui appelle ses amis à l’aide. La scène se passe sur les tribunes effondrées du stade Assane Diouf où des dizaines de personnes s’essaient aux marteaux pour rendre les gravats en cendres et sortir le fer. Depuis quarante-huit heures Moussa, chef de chantier, et ses «recrues» suent lamentablement sous la fraîcheur de Dakar, alors que la grande bleue ne cesse d’expédier sa brise marine.
Le travail est pénible et les travailleurs, malgré leur désœuvrement, ne viennent pas chercher du boulot à Assane Diouf. Comme ici, quand le patron du chantier tente de «recruter» un nouvel élément à la «recherche de quelques sous pour acheter de la bière». 6 000 francs Cfa propose Moussa. 8 000 francs demande le «désespéré» chômeur qui obtient une embauche à l’instant. Il relève ses haillons et comme un damné de la terre, il soulève ses premiers marteaux.
«Tu ne veux pas essayer ? C’est un boulot d’homme et je le finirais dans trois jours. C’est mon job et je me sens bien dans ce que je fais», sourit, de façon malicieuse, le gérant des gravats avant de remonter très haut sur les tribunes détruits.
Le marché est très lucratif. Sous les décombres et des gravats d’Assane Diouf, il y aurait une fortune. Combien ? «Je ne peux rien vous dire. On m’a remis de l’argent et on m’a demandé de prendre des travailleurs même si tu es un travailleur, je te prends. Je paie juste les gens après leur boulot. Je ne cherche pas d’explications», serine Moussa. Le marché des gravats serait de 223 millions de Francs Cfa.
«Qui vous a confié ce chantier ?» demande-t-on. «Vous posez trop de questions et nous sommes en train de travailler. C’est une personnalité politique. Allez savoir», sérine Moussa, qui harangue ses «employés».
Le bénéficiaire désigné de ce marché, selon le journal Le Populaire, est Demba Diop alias «Diopsy», premier adjoint au maire de Dakar-plateau par ailleurs président du Collectif des jeunes de Rebeuss pour la défense du stade Assane Diouf. Hier, son téléphone est resté aphone durant toute l’après-midi, après des promesses de réactions. Alors, qui trompe-t-on ? A coup sûr, les gravats d’Assane Diouf vont livrer d’autres secrets.
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