Avec le phénomène des inondations, ce sont des familles entières qui sont déplacées vers d'autres endroits. Mais le problème avec ces mouvements est que certains enfants y sont souvent victimes d'abus sexuels. En 2005, il a été noté 26 cas de viols et d'abus sexuels sur les enfants au niveau de quelques centres d'accueil de familles victimes des inondations. Selon le professeur Serigne Mor Mbaye, qui animait une conférence sur le thème : ‘Inondations, familles déplacées et vulnérabilité des enfants’, à Thiaroye sur mer, ‘ce changement d'environnement pour l'enfant est un problème, car il est exposé à des dangers multiples’. Pour lui, étant donné que les familles vivent dans des difficultés énormes, il faut que les parents restent vigilants vis-à-vis de leurs progénitures. ’L'enfant perd ses repères une fois qu'il est dans un autre milieu. De ce fait, le système de protection qui existait pour sa protection n'y est plus. Donc, il est plongé dans une promiscuité qui constitue un facteur de risque’, fait remarquer Serigne Mor Mbaye.
Pour le psychologue, la meilleure arme reste la sensibilisation et les campagnes d'information pour les familles déplacées. ’Il ne s'agit pas de surprotection, ou de déni des risques que peut courir l'enfant ; mais il s'agit d'information et de mise en confiance’, fait-il savoir. Sur la même lancée, il ajoute qu’ ‘il faut aussi que les communautés mettent des stratégies de vigilance’. A en croire le responsable du Centre de guidance infantile et familiale (Cegid), l'abus est un acte grave. Il peut, selon lui, avoir des conséquences physiques, mais il a inévitablement des répercussions psychologiques. ‘Ces troubles peuvent apparaître sur l'instant, à l'adolescence ou à l'âge adulte, si le drame a été vécu dans le silence’, explique Serigne Mor Mbaye. De même, il ajoute que ‘tout enfant peut être victime quel que soit le milieu social auquel il appartient’.
Coordonnatrice de l'Association Protect Children Taxawu Xaléyi, Mme Adji Mbargane Kanouté note qu’en ces moments de séparations et de dislocations, il faut tout faire pour attirer l'attention des parents qui sont traumatisés eux aussi à cause des inondations. Car ‘il ne se passe pas un seul jour sans qu'on ne lise dans la presse qu'un enfant a été victime d'abus sexuels. Ce qui est un phénomène récurrent dans notre société’, ajoute-t-elle. Ainsi, selon la coordonnatrice, les enfants sont très peu informés en ce qui concerne la sexualité en général, encore moins à ce qui a trait aux comportements sexuels non acceptables entre un adulte et un enfant. Donc, ‘il faut, pour l'aider, parler avec lui, tout en évitant de lui donner le sentiment que tout le monde est dangereux’, explique Mme Kanouté.
Elle fera comprendre aux femmes venues assister à la conférence que ‘les sociétés africaines accordent une place de choix aux aïeux surtout en ce qui concerne la généalogie et le sentiment d'appartenance à un groupe’. Selon Adji Mbargane Kanouté, il revient aux grands-parents d'informer l’enfant sur son identité et ce qui le lie à son environnement. Quelles sont ses attaches ? Quelle place il occupe au sein de la famille ? Qui il est ? Ce sont autant d’interrogations dont les réponses doivent provenir des parents, note-t-elle. ‘Son éducation sexuelle doit se faire dans la famille naturellement et dans le milieu qui l'entoure’, précise la coordonnatrice de l'Association Protect Children Taxawu Xaléyi. Celle-ci s’est investie au profit des populations de Thiaroye-sur-mer qui ont été affectées par les inondations avec des soutiens divers, notamment des moustiquaires, des produits détergents, entre autres.
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