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Rufisque : un an après la submersion du cimetière de Tiawlène, la menace reste réelle

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Rufisque : un an après la submersion du cimetière de Tiawlène, la menace reste réelle

Rufisque, 19 sept (APS) – Un mur complètement réhabilité entourant le cimetière de Tiawlène, quartier implanté sur une partie du littoral de Rufisque (27 Km de Dakar), une partie de la digue qui la sépare de la mer, rehaussée par des blocs de pierres. Seules mesures prises, un an après la submersion du quartier traditionnel ‘’lébou’’ par la furie du grand bleu qui avait emporté120 tombes dans ses eaux le 1-er juillet 2007.

Dernier quartier de la commune de Rufisque avant Bargny, situé en face de la cimenterie, coincé sur une petite bande de terre entre la Nationale 1 et la mer, Thiawlène est aujourd’hui sous la menace de la mer et des risques d’inondations en cette période hivernale, même si ‘’dame nature’’ lui accorde un certain répit.

En effet, depuis plusieurs années, en période hivernale les populations du littoral Rufisquois, établies à Diokoul et Tiawlène s’attendent toujours au pire, avec toujours des dégâts causés par la furie des eaux qui détruisent les pans des maisons et les cimetières de ces quartiers.

Dans ce lot, Tiawlène a toujours payé le plus lourd tribut avec déjà un premier déplacement des populations qui a donné naissance au quartier de Arafat en 1970, chaque année le scénario est renouvelé, emportant à chaque fois un pan du cimetière, quelques murs des maisons, en quelque sorte chaque fois un peu d’histoire.

Cette situation avait amené les autorités municipales de l’époque à l’érection d’une digue de protection réalisée en 1984 pour ‘’freiner l’avancée de la mer’’ qui grignotait sur le continent presque un à deux mètres par an, selon les études faites sur la question de l’avancée de la mer à Rufisque.

Mais le drame de 2007 est venu ressurgir les vieux démons, témoigne Daouda Dieng, un habitant du quartier qui en appelle à une solution durable pour régler la question, vu que la digue de protection s’est affaissée laissant libre cours aux houles des vagues.

‘’Ce qui s’est passé l’année dernière reste dans les mémoires et remet sur la table la question du recasement des populations, si rien n’est fait pour une nouvelle digue de protection’’, ajoute Daouda Dieng.

‘’Des centaines de tombes sont englouties dans les eaux, des maisons entières n’existent plus, c’est notre histoire, notre culture, notre activité économique qui sont noyées dans l’océan, pourtant notre principal allié’’ ressasse, nostalgique, le vieux pêcheur.

Sa concession distante de centaines de mètres de la plage quand il était enfant, n’est aujourd’hui séparée de la mer que par la digue. Les assauts répétés des vagues sur les roches font partie de leur quotidien et ne les empêchent pas de dormir, même si ce n’est qu’un d’un œil.

Néanmoins le phénomène les préoccupe d’autant plus que la furie des vagues est de plus en plus fréquente et la digue prise en tenaille par la mer est maintenant un amas de roches ensevelis sous un tas d’ordures tout le long de la plage.

Il n’ y a plus l’ombre d’un ‘’penc’’, place publique constituée de quatre solides pieux surmontés d’une toiture, où se prélassaient les vieux du quartier, attendant le retour des pirogues, ni même plus de plages de débarquement à Tiawlène.

‘’Il ne faut pas que les autorités attendent une autre catastrophe pour venir à notre secours sous forme de denrées alimentaires, de draps ou de matelas éponge, on a besoin d’être sécurisés d’abord’’, confie Alioune Faye, un autre riverain qui regrette de ne plus assister au spectacle féerique des pirogues revenant de la pêche sous un splendide coucher de soleil.

Pour lui, depuis plusieurs décennies, l’avancée de la mer reste ‘’une calamité pour les populations des quartiers de pêcheurs de Rufisque avec une détérioration des activités halieutiques, mais rien n’a été fait’’.

En effet, rappelle-t-il, ‘’les prévisions météorologiques avaient montré que cette année serait plus pluvieuse que la précédente et cela a été confirmée par les récentes pluies, aujourd’hui encore les vagues butent furieusement sur ce qui reste de la digue, c’est pas du tout rassurant’’.

Certaines maisons des quartiers de Tiawlène, Diokoul, Mérina ont été désertés par les populations obligées de se reloger dans d’autres quartiers avec l’aide de leurs parents, rappelle le gardien du cimetière de Tiawlène, Feugue Ndiaye.

‘’Cette année si on y prend garde, le même phénomène risque de se reproduire, même si pour le moment, quelques mesures conservatoires sont prises par la municipalité comme l’érection du mur de clôture, détruite en 2005’’, ajoute le responsable du cimetière.

Encore hanté par le drame de l’année passée, Feugue Ndiaye pense que la restauration du barrage est salutaire mais ‘’reste insuffisant’’ puisque même si un mur de fortune est érigé par la mairie, les vagues traversent déjà le barrage de la digue et menacent de faire revivre aux populations le même scénario des inondations.

’’L’hivernage est redoutée par les populations parce qu’elle influe sur la montée du niveau de la mer, mais c’est un moment aussi redouté par les autorités municipales’’, reconnaît le chef de la direction des Services techniques communales (DSTC), Momar Souaré.

‘’L’avancée de la mer est une question nationale qui concerne tout le littoral, de la baie de Hann, jusqu’à Yenne, en passant par Mbao et Rufisque’’, renseigne M. Souaré.

Il ne s’agit pas de mettre sur pied un plan d’urgence, ni de colmater des brèches d’un digue qui ne protège plus, mais de réaliser des aménagements appropriés pour régler définitivement la question, explique l’Agent voyer.

Après le drame de 2007, la municipalité avec l’appui de l’Etat avait dégagé 300 millions de francs pour restaurer la digue au niveau du cimetière et à certains endroits.

Mais aujourd’hui, ‘’ces solutions ponctuelles ne résisteront pas à l’érosion côtière qui reste une menace réelle sur l’existence même du centre ville de Rufisque’’, selon Momar Souaré.

‘’Une étude a été commanditée par la mairie pour faire l’état des lieux et évaluer les besoins pour un plan d’aménagement intégré avec une digue-route sous forme de corniche, ou à défaut mettre des épis à grand volume pour casser les vagues dans la mer afin d’éviter qu’elles ne se déversent dans les maisons riveraines et le cimetière dont il ne reste que la moitié, mais le coût est exorbitant (300 milliards de francs Cfa)’’ ajoute le chef du DSTC.

Ce document est partagé lors de certaines rencontres internationales sur l’environnement, pour porter le plaidoyer et impliquer certains partenaires de la municipalité et inciter l’Etat aussi à réagir, confesse le technicien.

Sur la question du recasement des populations, l’Agent voyer précise que certaines populations les plus menacées ont eu à bénéficier de parcelles, mais selon des informations elles ont vendu ces terrains pour rester sur le site.

Toutefois, l’Etat est prêt à faire des mesures de protection pérennes avec des études complémentaires, renseigne Momar Souaré qui estime qu’une solution n’est pas impossible’’.



ADL/ADC



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