Rupture du jeune : Rush dans les gares routières de Dakar

Certaines gares routières de la capitale n’ont pas échappé aux effets du Ramadan. De fortes affluences sont notées dans ces endroits surtout à l’approche de la rupture du jeûne. Une situation qui s’explique par le fait que chacun souhaite passer la rupture du jeûne en famille.

Avenue Cheikh Anta Diop. Le terminus situé auprès de la petite porte qui mène vers le campus social de l’Ucad refuse du monde en ce mercredi soir. Environ une vingtaine de minibus Tata sont garés sur les deux cotés de l’avenue. Certains, déjà remplis, s’apprêtent à quitter, d’autres attendent leur tour. Sur les plaquettes installées derrière les pare-brise, sont inscrites les noms des différentes destinations de chacun des véhicules : « 24 Guédiawaye » ; « 54 Keur Massar ». 

Vers les coups de17h 30mn, l’endroit est envahi par des usagers, majoritairement composés d’étudiants et étudiantes, sortis du campus. L’ambiance de foule va crescendo à mesure que l’heure de la rupture approche. Chacun fait des pieds et des mains pour trouver un moyen qui puisse l’amener chez lui afin de couper le jeûne en famille. 

Ainsi, pour éviter des bousculades devant ces minibus, les passagers sont contraints de former des rangs. Certains, fatigués de la longue attente, cherchent des raccourcis pour accéder aux véhicules. Une situation qui ne manque pas de créer parfois des disputes entre les clients qui veulent coûte que coûte rentrer chez eux. « J’ai passé plus d’une trentaine de minutes sans pouvoir accéder au bus », lance Oumy Khairy, étudiante au département d’Histoire. Abondant dans le même sens, la dame Aissatou Djigo, habitante de Fass-Mbao, cure-dents à la bouche, se plaint de la lenteur des minibus. 

« Avec les embouteillages, nous risquons de passer la rupture sur la route, car ces véhicules mettent beaucoup de temps avant de quitter le terminus», se lamente-elle. 

Autre lieu, autre décor, la célèbre gare routière de Petersen, sise dans le centre-ville de Dakar. Ici, les klaxons tonitruants et les fumées des échappements des voitures semblent ne déranger personne. Des badauds, des passagers et autres vendeurs de denrées de consommation dans l’enceinte de la gare font des va-et-vient incessants dans tous les sens. Les clients se lancent dans des courses folles à la recherche de cars « Ndiaga Ndiaye » ou de quelque autre moyen de transport. 

Les rares véhicules qui font leur entrée créent des scènes de bousculade où les muscles imposent leur loi. Là aussi, tous sont pressés de rentrer pour couper le jeûne en famille. 

« Nous rencontrons les mêmes difficultés durant chaque Ramadan dans cet endroit », clame un mécanicien, sachet de dattes à la main. A l’en croire, il doit aller jusqu’à Keur Massar. Contrairement à d’autres, il préfère prendre les « Ndiaga Ndiaye » en lieu et place des bus de Dakar dem dik (Ddd). Justifiant son choix, le jeune homme estime que ces derniers font beaucoup d’arrêts sur le trajet avant d’arriver au terminus.  

Malamine, un sexagénaire, muni d’une canne et d’une sacoche, prend tout son temps. Il se dirige vers un véhicule qui devrait l’amener à Poste Thiaroye, son quartier de résidence. Il ne manque pas lui aussi d’apporter son grain de sel à cette situation qui prévaut dans le milieu. Le vieux pointe un doigt accusateur vers les clients qui, selon lui, « manquent de discipline ». Pagne retroussé jusqu’aux genoux, foulard noué aux reins, Adama Cissé donne l’air d’un véritable va-t-en-guerre. Elle se lance dans la foule qui s’était formée devant un véhicule à l’arrêt. Quelques minutes ont suffi pour qu’elle arrive au bout de sa peine. 

Confortablement installée dans le car, visage suintant de sueur, la dame garde jalousement sa place qu’elle a difficilement acquise. Comme d’autres passagers qui ont eu la chance de quitter assez tôt, Mme Cissé peut finalement espérer passer la rupture du jeûne en famille.        

Abdou DIAW