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Sénégal | Divorce à la carte : pour les six premiers mois de 2008, 121 cas divorces ont été jugés dont 62 à la demande des femmes

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Sénégal | Divorce à la carte : pour les six premiers mois de 2008, 121 cas divorces ont été jugés dont 62 à la demande des femmes

Se marier pour le meilleur et pour le pire, ne signifie plus rien au Sénégal. Dans une société qui pourtant accorde une importance capitale au mariage. Le mariage ne dure que le temps d’une rose. Les motifs de ce phénomène qu’est le divorce sont multiples et variés. Les couples se disloquent le plus souvent pour différentes raisons, comme par exemple défaut d’entretien, la polygamie, le maraboutage, l’abandon de la famille ou du domicile conjugal, les sévices, les violences conjugales, etc…

Le divorce est devenu un phénomène récurent au Sénégal, dans la capitale, Dakar en particulier. Un couple sur trois se sépare avant même la cinquième année de vie conjugale, selon l’enquête menée par la sociologue Fatou Bintou Dial dans son ouvrage « Mariage et divorce au Sénégal : itinéraire féminin ». Cette rupture légale du mariage qui prend de l’ampleur aujourd’hui, dans notre société a pour explication diverses raisons comme le défaut d’entretien de la femme l’immixtion de la belle famille dans la vie couple, l’arrivée d’une nouvelle épouse, la non tenue des promesses tenues lors des périodes de flirts, le maraboutage, les problèmes de castes ou la condamnation de l’un des époux à une peine infamante. Il ressort également des causes du divorce, d’après les recherches faites par l’écrivain, l’absence de cohabitation du couple.

Divorce après seulement deux mois de cohabitation

Pour Mme Dial, la non proximité entre deux conjoints peut directement entraîner un divorce. Ce qui n’est pas toujours vrai de l’avis de bon nombre de Sénégalais, qui pensent que les problèmes dans les ménages surviennent avec la proximité. Un exemple de cas de divorce instruit d’ailleurs par un juriste qui requiert l’anonymat, infirme aussi cette thèse par leur mari. Ce dernier déclare « qu’un couple s’est présenté dernièrement moi, pour demander le divorce, après seulement deux mois de cohabitation ». Pourtant, poursuit-t-il, « ces deux personnes sont sorties ensemble pendant plusieurs années. Il a fallu qu’elles soient d’abord mariées, être ensemble pendant peu de temps, pour être définitivement séparées », constate l’avocat avant de soutenir avoir tenté en vain une réconciliation. « C’est un non catégorique qu’elles ont opposé avant de demander un divorce à l’amiable pour aller plus vite dans la procédure », déclare-t-il, non sans révéler que le couple lui a suggéré de ne pas se mêler du problème et de se limiter au travail pour lequel il a été sollicité (le divorce). Ce genre d’exemples n’est pas exceptionnel ; il fait légion dans les juridictions compétentes.

Des paradoxes sont soulignés à plusieurs niveaux dans les ménages. Les gens se marient, demandent le divorce puis cherchent à se remarier. Des femmes pour la plupart du temps divorcent pour des raisons parfois de polygamie puis, recherchent quelques temps après un homme polygame avec qui elles vont partager le reste de leur vie. Ce qui est paradoxale. La dislocation des couples jeunes peut aussi survenir très rapidement, « parce que ces derniers n’ont pas assez d’expérience dans ce domaine », de l’avis de Adja Fall, enseignante à la retraite. « Les premiers mariages volent souvent en éclats, parce que ni l’homme, ni la femme ne maîtrise les tenants et aboutissants du mariage. Ils ne sont pas expérimentés à ce niveau. Chacun y va avec ses humeurs et ses envies » regrette-t-elle. En outre, explique toujours Mme Fall, « les jeunes n’ont plus de patience, ils veulent tout avoir de la vie d’un coup. Or, le mariage nécessite des sacrifices, car, son sort ne peut être prévisible qu’après 7 ans d’existence ».

« 5 à 6 dossiers de divorces par semaine au cabinet »

Sur deux jours de réception, le Cabinet de Me Nafissatou Diouf Mbodj reçoit 5 à 6 dossiers de divorce par semaine. Cela est dû, si on en croit les propos de Nabila Omaïs, juriste et membre de l’Ajs (Association des femmes juristes du Sénégal), au fait que les femmes connaissent de plus en plus leurs droits. « Elles s’adressent de plus en plus les tribunaux pour résoudre leurs problèmes » explique-t-elle, non sans décrier le fait que « de plus en plus, les femmes n’hésitent plus à demander le divorce, même si elles ne travaillent pas et, quel que soit l’âge des enfants. Elles ne supportent plus ». Pour cette juriste féminine, de même que pour sa collaboratrice, Me Nafi, même si elles déclenchent souvent des procédures de divorce, elles ne sont pas toujours d’accord avec leurs clients généralement des femmes. Elles tentent la dissuasion ou la réconciliation d’abord. Celles-ci insistent et énumèrent des raisons comme l’adultère.

L’adultère est aussi une des causes, de ces désunions fréquentes qui sévissent dans le pays. Elle est plus fréquente à l’intérieur du pays, mais s’accentue de plus en plus à Dakar. « Je ne peux pas supporter que ma femme ait un amant », avertit ce haut fonctionnaire. Pour lui, le mariage est une chose sacrée qui mérite beaucoup de respect, surtout vis-à-vis des conjoints. « Je ne cherche pas de copine ; il ne faudra pas qu’elle joue avec moi. C’est inadmissible et ce n’est pas une affaire de jalousie » conclut-il. « 80% des cas de divorces notés à Dakar sont dus à l’insatisfaction de l’époux ou de la femme au lit », révèle un juge du tribunal départemental, sous le sceau de l’anonymat. A l’en croire, « le couple invoque souvent l’incompatibilité d’humeur qui est en quelque sorte un fourre-tout, c’est-à-dire un argument peu fondé pour se séparer ». A défaut donc d’un motif, le couple cite cette cause et en ensuite en aparté, dévoile les vraies raisons. Ces procédures aboutissent généralement au divorce, se désole le juge, qui pense que « l’incompatibilité d’humeur est une cause de divorce très vague et très large, introduite dans le code de la famiille pour permettre à un conjoint qui ne peut pas obtenir de l’autre un divorce par consentement mutuel de l’obtenir à ses torts en n’invoquant pas de griefs précis ».

« Ce n’est pas de la perversion mais elles doivent se cultiver sur ce plan. Non pour le boulot dodo »

I. N, la quarantaine, soutient que « les femmes une fois mariées, deviennent des paresseuses au lit. C’est le boulot, dodo. Pis, elles ne veulent pas faire d’effort pour satisfaire sexuellement leur mari » fulmine-t-il avant de rappeler que la relation sexuelle est très importante dans le mariage. Cet homme avait pourtant choisi comme épouse une fille bien rangée qui n’avait aucune connaissance de l’acte sexuel. « Une fois mariée, elles doivent s’informer sur la question pour pouvoir, retenir leur mari », sermonne t-il pour ensuite faire remarquer que cela n’a rien à voir avec la perversion. « Elle est devenue majeure ».

Selon Me Moustapha Dieng, avocat à la Cour, ce phénomène de divorce qui s’accroît de façon alarmante dans la société, est devenu inquiétant aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. L’avocat, qui a l’habitude de recevoir des cas de divorce, exprime son opinion du phénomène comme procédant de dérives, de dysfonctionnements dans l’institution du mariage. « Les gens se marient un peu à la légère par rapport à l’importance que l’on doit accorder à cet acte ». Etant dans une société très religieuse, une société de croyants et donc de respect et de considération pour cette institution, l’avocat confie : « les mariages ne durent que le temps d’une rose et les protagonistes se présentent et sollicitent un divorce à l’amiable, c’est-à-dire à la va-vite. Il y a une banalisation de l’institution. Certains ne mesurent pas l’importance du mariage, ils ne mesurent pas la portée de leur engagement, de l’institution même du mariage avant de s’unir ». Le code de la famille a mis des garde-fous, tout est donc problème d’éducation, de conscientisation des populations, de l’Etat, et des jeunes. « Cette banalisation va tout droit vers un type de comportement qui ne sera pas en accord avec nos convictions religieuses. La nouvelle vague va vers cette institution plus ou moins reconnue qu’est le concubinage (Ndlr : vivre ensemble sans être légalement marié), ce n’est pas conforme à nos valeurs » avertit Me Dieng.

Hormis les cas classiques des personnes qui veulent divorcer sans motifs, des cas de violences conjugales sont soulevés de part et d’autre. La violence conjugale connaît d’ailleurs une recrudescence elle aussi. Des maris battus se plaignent de plus en plus dans les juridictions et instruisent des dossiers de divorces, nous confie cet homme de loi. « Des cas de violence imputable à la femme sont aujourd’hui de plus en plus fréquente » fait-t-il remarquer. Les violences conjugales peuvent, selon lui, être verbales ou physiques. Ce qui montre le bouleversement en cours des valeurs dans notre société.



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