Sénégal : Les chefs religieux, figures emblématiques de l’Islam

Un grand érudit a dit de l’Islam qu’il est « comme une source d’apprentissage d’où coulent plusieurs rivières de sagesse et de connaissances ». Il est, poursuit-il, comme « une lampe à partir de laquelle de nombreuses lampes sont allumées ».

Dans le cas spécifique de notre pays, on conçoit difficilement un sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) sans la participation de ces islamologues fort nombreux et ces religieux de tout acabit dont regorge notre pays. Ces derniers ont en effet formaté les consciences religieuses, allumé de nombreuses et lumineuses lampes, inculqué le savoir coranique aux disciples, tout en laissant à notre pays et pour la prospérité, des noms prestigieux et des dates repères qui meublent désormais l’agenda de l’Islam au Sénégal .

Le Magal de Touba, célébré il y a quelques jours dans une ferveur mémorable, comme les Gamous de Tivaouane, de Taïba Niassène, de Ngoumba Guéoul à venir, ainsi que les ziarras multiples dont celle des Layènes à Yoff, constituent un vécu qui se décline au fil des ans et des jours du calendrier musulman dans notre pays.

Chaque Sénégalais a son rendez-vous annuel avec l’Islam, religion fondée sur la Vérité et ce, en dehors des cinq piliers (prières, jeûne, zakat et autre pèlerinage à La Mecque).

Le rendez-vous avec les Deux Saintes Mosquées est le plus magnifique cadeau que l’on peut offrir à un Sénégalais. En effet, accomplir ce « devoir sacré » dans la révérence et la dévotion dans la Mosquée sainte de La Mecque, qui sert de direction unique à toute la Ummah, est un rêve pour chaque musulman. Et pour cause ! C’est dans ce lieu que bât le cœur de l’Islam millénaire, religion de Vérité et d’Amour. C’est à Médine où repose l’Illustre prophète Seydina Mohamed (Psl), Messager d’Allah, que le Seigneur le couve de ses bénédictions ainsi que ses valeureux compagnons.

Au Sénégal, nous avons nos saints, nos guides illustres, nos soufis et nos érudits de renommée mondiale qui ont assimilé les préceptes de l’Islam et se sont parfois créé des voies d’accès vers le Tout Puissant en usant à la fois de la langue locale et de l’arabe. L’Islam noir, sous ce registre, n’a rien de péjoratif. Bien au contraire, c’est la sublimation même de la pensée de nos guides religieux qui ont aidé à revivifier l’Islam par leurs « Khassaïdes », poèmes sacrés à l’image de Cheikh Ahmadou Bamba.

De Cheikh Ahmadou Bamba le nationaliste sacré de Touba, fondateur du Mouridisme, à Mame El Hadji Malick Sy dit Maodo le saint homme de Tivaouane propagateur de la Tidjania, en passant par Cheikhna Cheikh Saadbouh et Mame Bouh Kounta de Ndiassane pour la confrérie Khadriya de Cheikh Abdoul Djeylani, sans oublier El Hadji Ibrahima Niasse dont les prêches ont convaincu jusqu’à Lagos, Accra et Tamale, nombreux sont ces figures emblématiques de l’Islam sous nos cieux.

Autres noms illustres qui ont marqué nos consciences : Seydina Issa Laye, El Hady Touré l’érudit, la famille Cissé de Pire avec leur université, la famille Lô de Coki ce « daara » où chacun a appris un pan du Saint Coran, pour ne citer que les plus connus. Nombreux sont les guides religieux sénégalais auxquels l’Islam doit son implantation dans notre pays. Ces familles religieuses ont été donc le terreau sur lequel l’Islam s’est développé. C’est pourquoi et autant que les politiques dont la plupart revendiquent du reste leur appartenance à une confrérie, ils ont voix au chapitre et devraient tous apporter, le temps d’un sommet de l’Oci, l’éclairage de l’Islam de chez nous, même si le Saint Coran et le message de son Envoyé sont universels.

Du reste les religieux, très tôt et toutes tendances confondues, se sont appropriés ce Sommet qui est aussi le leur. Un comité national préparatoire regroupant des chefs religieux a été, dès le mois de Ramadan, installé par le président de la République en personne. Il a aujourd’hui largement contribué à l’appropriation du sommet par tous les musulmans sénégalais et a mené une réflexion complémentaire qui viendra enrichir celle des hommes politiques. Très tôt donc, ces religieux ont été associés à la réflexion et à la sensibilisation des populations.

Leurs prières, si elles sont exaucées, vont contribuer au succès du sommet, le second qu’organise le Sénégal en l’espace de dix-sept ans. S’il est vrai que rares ont été les sommets de l’Oci où le Saint Coran, dans toute sa grandeur et sa philosophie, a été au menu, il n’empêche qu’il existe de plus en plus une conscience islamique, un esprit islamique et une démarche dont tout musulman aurait tort de s’éloigner. Les mutations en cours dans ce vingt-et-unième siècle, celui de la globalisation, ne sauraient balayer d’un revers de main cette spécificité que les musulmans de la planète, qu’ils soient d’Indonésie, de la Jordanie, de la Palestine, du Liban, de la Mauritanie, du Mali, du Togo ou de la Libye, ont en partage. En effet, les Hadiths du prophète Mohamed (Paix et salut sur lui et ses compagnons) constituent le substrat de la réflexion de nos intellectuels.