Après la série de morts suspectes sur la rue 23x2 à la Médina, les populations, chez qui une psychose s’est installée, ont vite fait de crier à un mystérieux «serial killer». Si le jeune Babacar Lô a bel et bien été tué, rien ne démontre scientifiquement que les autres l’ont été. Entre les rumeurs gratuites et l’atroce vérité, nous avons enquêté. Trois Destins sur une même rue. Janvier 2006. En cette période de froid, les populations de la Médina, notamment les habitants de la rue 23x2, découvrent avec stupeur, le corps sans vie d’un jeune garçon. Ce dernier, âgé de 15 ans, est reconnu comme étant un talibé. Des témoignages recueillis, indiquent que le jeune homme est mort sur place, en pleine rue, recroquevillé sur lui-même. Comme tous les morts sur la voie publique deviennent célèbres, celui-ci, en l’espace de quelques jours, est devenu l’objet de toutes les conversations. Dans la nuit du 16 au 17 janvier. Dakar, ce jour, comme depuis quelques semaines, grelotte de froid. Envoyé pour acheter du lait, Idrissa Diop, âgé de 11 ans, perd les cinq cents francs que sa grand-mère lui a remis. Revenu à la maison, cette dernière menacera de le punir s’il ne ramenait pas l’argent. Le gosse, comme il avait une très forte personnalité, quitte la maison pour se réfugier dans la rue, sur un banc public, sur la rue 23x2 (bis). Orphelin de père, le jeune homme ne se réveillera jamais. Le froid de canard qui sévissait sur la ville, a eu raison de lui. Dans la soirée du lundi 20 mars. Babacar Lô « est aperçu pour la dernière fois aux environs de 17 heures ». Le lendemain, les fidèles qui se rendaient à la mosquée trouveront le corps sans vie du jeune garçon. Ses parents avertis, retrouveront un corps portant des traces visibles de violence. Babacar Lô âgé de 11 ans, habitait à la rue 23x2 (bis). Il était élève et était l’ami et le compagnon de jeu d’Idrissa Diop. Trois morts sur une même rue. Trois dépouilles. Trois enfants, sur la même rue : il y a de quoi inquiéter les populations. La RFM, est alertée. « il y aurait un tueur à la Médina ». Si, effectivement, trois jeunes de même âge, ont trouvé la mort sur la même rue, rien ne lie ces douloureuses disparitions. Puisque toute mort sur la voie publique est suspecte, donc pour se faire une idée, il faut impérativement une autopsie. Et, si pour le jeune talibé, cette opération n’a pas été faite, le marabout, comme les personnes qui ont vu le corps, avant la police, ont conclu à une mort suite à une maladie. La tuberculose. Le corps a été rendu au marabout et l’enfant inhumé. Saisi pour l’autopsie du corps d’Idrissa Diop, le docteur Isidore Boye après avoir soutenu le manque de lésion traumatique, a conclu que la mort est consécutive « à une congestion généralisée des viscères ». Interpellé pour en parler en termes moins techniques, un médecin qui a requis l’anonymat, a conclu que « c’est une mort naturelle » Sans toutefois préciser la cause de cette « congestion ». Le corps d’Idrissa Diop ne portait aucune trace de violence. Si pour les deux premiers cas, l’absence de traumatisme a été le constat des témoins, le corps de Babacar Lô, lui, portait bien des traces de sévices. Son corps, selon une source médicale porte des traces de « poly-traumatismes avec poly-fractures». Les résultats de l’autopsie, selon cette source parlent de « légion viscérale. Hémorragie interne, externe. Coups et blessures par objet contondant et tranchant ». Contrairement à la rumeur qui circule à la Médina, aucun organe ne lui a été enlevé. La thèse de l’accident de circulation est éliminée. Aucune trace de pneu n’est visible sur le corps. Les côtes cassées sont, certainement, la marque de sévices corporels qu’il a subis. Et, contrairement aux premiers cas, son corps porte des traces visibles de strangulation.
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