SALUBRITE - Grève des agents nettoyeurs de Dakar : Médina et Gueule Tapée croulent déjà sous les ordures

Des odeurs pestilentes qui émanent de tas d’immondices éparpillés ça et là. Des chats aux peaux dégoulinant de saleté sillonnant les poubelles à la quête effrénée de leur pitance. Des poubelles débordant de saleté sont posées le long des trottoirs et des angles des rues, attendant un hypothétique camion de ramassage. Indifférents, de fidèles musulmans drapés dans de beaux boubous que mettent en valeur des jolies babouches, tapis de prières en mains, dépassent ces tas d’ordures d’immondices, en direction de la mosquée pour la prière du vendredi.

Tel est le triste décor qui attire, ce jour, l’attention du visiteur qui débarque dans les quartiers de la Médina et de Gueule Tapée. En cette matinée, les populations de la Médina et Gueule Tapée revivent les hantises d’il y a un an, quand la grève des agents de nettoyage de la défunte société Ama Sénégal a plongé Dakar dans un état d’insalubrité intenable, avec des tas d’ordures qui disputaient la place aux passagers dans les rues. C’est que les agents de nettoiement manifestent encore leur courroux contre les autorités étatiques qui refusent de satisfaire leurs revendications par le boycott du ramassage des ordures ménagères.

Tenant un seau rempli d’ordures qui déborde à la main, Anta Sèye ne décolère pas contre les agents de nettoiement à qui elle reproche de mener «à tout bout de champs des grèves». A son avis, s’il est vrai «qu’ils ont des doléances, il faut aussi qu’ils pensent aux populations qui souffrent des odeurs à cause d’eux». Anta Sèye croit que les «agents de nettoiement ont le droit d’aller en grève, mais il est de leur devoir d’avertir les populations à temps». Elle dit en vouloir aussi aux autorités du pays qui «n’arrivent pas à régler le problème du statut des agents de nettoiement une bonne fois pour toute».

Mariama Thiam de la Médina, déplore quant à elle le manque de volonté des «autorités face à ce problème récurrent». Le plus dur à supporter, peste la jeune fille, c’est de «vivre avec ces odeurs nauséabondes aussi bien dans les maisons que dans la rue» et «malheureusement les autorités ne s’en préoccupent même pas». «Les enfants sont les principales victimes du fait qu’ils jouent dans la rue», ajoute la dame, fort agacée.

A chaque grève, proteste Serigne Mbaye Samb, «ce sont nos enfants qui sont malades à cause des microbes qu’ils écopent en jouant et c’est nous les badolo qui en plus de trouver la dépense quotidienne devons faire face à des charges supplémentaires».Quelles que soient les raisons avancées par les agents des nettoiements et celles de l’Etat, le vieux Samb, est d’avis que «ce qui nous intéresse nous, les citoyens qui payons l’impôt, c’est de voir nos rues, nos maisons être bien nettoyées». Pour cela, il demande à «chacun de prendre ses responsabilités, car nous n’avons pas à subir les fautes des autres».