Samba Kandé, 41 ans, traîne une volumineuse tumeur mandibulaire « Une dent arrachée… et ma vie a basculé»

Samba Kandé maudira, pour toujours, le jour où il s’est rendu au centre de santé de Vélingara pour se faire arracher une dent. A partir de ce jour de l’année 2001, il traîne une tumeur mandibulaire, ayant causé une tuméfaction de la joue gauche qui n’arrête pas de grossir depuis des années, jusqu’à défigurer son faciès. Pire, ce cultivateur polygame, père de 9 bouts de bois de Dieu, ne peut plus cultiver son champ et a épuisé ses ressources financières. Aujourd’hui, il a honte de continuer à faire le tour de Vélingara en quête de soutien financier pour se soigner et entretenir sa famille. Récit d’une histoire bouleversante.

“J’ai parfois envie de me suicider à cause des sarcasmes des voisins, connus ou inconnus, face aux difficultés que je rencontre pour trouver les moyens de me soigner, et ma trop grande dépendance vis-à-vis des autres et devant l’impuissance des médecins et des tradithérapeutes à trouver un remède à mon mal. Et considérez que tout est arrivé de manière brutale.

C’était, il y a 8 ans. Je me suis rendu à l’unité d’odontologie du centre de santé de Vélingara pour des soins. Le technicien supérieur qui y exerçait, à l’époque, a proposé de m’arracher la dent. J’ai pris des médicaments qu’il m’a prescrits pendant deux jours avant de retourner pour l’opération. C’est à l’issue de cette opération chirurgicale très douloureuse du reste, que ma joue a commencé d’enfler et la douleur devenait de plus en plus insupportable.

De guerre lasse, le médecin-chef du district de l’époque, le Dr Abdou Karim Diop, m’a demandé de me rendre à Dakar pour y subir une radiographie et des analyses. C’est ainsi que je me suis exécuté.

A Dakar, le médecin m’a informé que c’est l’anesthésie locale qui a échoué. Je n’en sais rien, de toutes les manières, actuellement, je ne cherche pas à connaître les causes de mon mal. C’est ma santé qui me préoccupe. Retrouver ma dignité d’homme, que je puisse compter socialement et redevenir indépendant de l’aide des autres.» (...). «Depuis ce jour, ma vie a tout bonnement basculé. De producteur autosuffisant en vivres, je suis devenu un parasite, obligé de s’accrocher à la gentillesse des autres. C’est avec l’agriculture que j’ai épousé et entretenu deux épouses et leurs enfants. C’est moi qui ai cherché une dame à mon frère avec qui je vis dans la maison et qui, aujourd’hui, travaille au champ avec mes trois (3) garçons. J’ai neuf (9) enfants, dont quatre (4) sont à l’école élémentaire de Sare Bassy (village à trois (3) km à l’est de la commune de Vélingara). Je ne peux plus faire d’efforts physiques soutenus.

Conséquence de cette situation, j’ai vendu tout le bétail dont je disposais pour payer mes frais médicaux. Il ne me reste plus rien. Je suis devenu pauvre, de niveau zéro (0).

La scolarité de mes enfants en a reçu un vilain coup. Parfois ils reviennent à la maison, renvoyés par défaut de fournitures scolaires. Malheureusement, je suis dans une situation où je n’ai plus de resources financières, ayant vendu toutes mes chèvres et vaches. Pire, j’ai honte de continuer à quémander les mêmes personnes. J’ai tendu la main à tous ceux qui peuvent m’aider, dans ce département. Ils n’en peuvent plus de m’aider, surtout que la maladie ne guérit pas.

«La tumeur est dure, elle n’est plus douloureuse. Seulement elle perce souvent et un liquide blanchâtre en sort. C’est pourquoi, il y a toujours cette bande autour. Tous les trois (3) jours, je viens au centre de santé pour renouveler la bande. Je mange difficilement. Je ne touche pas à des aliments durs comme l’arachide, je broie la cola pour en croquer. Pire certains moments, il n y a que des aliments pâteux (bouillie, purée de manioc) qui passent dans ma gorge. Je suis bien solitaire, on me fuit du regard par compassion, par dédain ou je ne sais pour quelle raison.

J’attends mon jour. Ce sera la mort ou la guérison. Franchement j’ai hâte que l’une de ces deux éventualités arrivent. J’ai consulté tous les marabouts du département et de la Gambie, sans succès. La tumeur est toujours là, volumineuse plus que jamais. Peut-être que je n’ai pas encore rencontré l’homme providentiel qui va me tirer de cet état. J’attends, je ne sais trop quoi pour sortir de cette situation. C’est pourquoi  (les larmes aux yeux : ndlr) j’ai pas pu me taire et  à travers vos colonnes, je veux m’adresser à l’ensemble de mes compatriotes pour q’ils me viennent en aide, afin que je puisse retrouver le goût de la vie”.

Article paru dans La Voix Plus