Incroyable mais vrai ! Depuis un siècle qu’existe l’école élémentaire de Saraya, chef-lieu de département situé dans la nouvelle région de Kédougou, elle attend toujours sa première bachelière. La révélation a été faite par le dernier président de ladite communauté rurale du reste directeur de l’école, à l’occasion de la journée de partage tenue par l’ONG Tostan samedi dernier. Les grossesses et mariages précoces y seraient pour beaucoup.
La journée de partage sur l’excision, les mariages précoces ou forcés organisée ce samedi à Saraya par l’ONG Tostan, a été riche en enseignements. « Jamais l’école élémentaire de Saraya, vieille d’un siècle, n’a produit une bachelière », confie Mamoudou Kanouté, le directeur dudit établissement. Selon M. Kanouté, « même si dans les temps les grossesses précoces ou indésirées n’étaient pas connues, elles sont devenues l’un des facteurs pouvant expliquer cette incroyable contre performance scolaire ».
Dans cette contrée du « Dentila » et du « Sirimana », ce sont surtout les mariages et grossesses précoces ou non désirées, les mariages forcés qui sont sous les projecteurs de l’actualité, même si des cas isolés d’excision sont notés. Au mois d’avril dernier seulement, la petite Lolo Damba du village de Kondokho en classe de CM2 a été kidnappée par son fiancé et ses amis, parce qu’elle était préposée, contre son gré, au mariage. N’eut été l’intervention des responsables locaux de Tostan, du comité « Scofi » et des autorités académiques et administratives, elle n’allait point reprendre ses études.
Les imams, chefs de villages et groupements de femmes de la contrée ont très fortement reconnu et déploré ce type de fléau, et ont tenu à le combattre mais, « il va falloir que les pouvoirs publics et autres ONG comme Tostan nous y aident en mettant en œuvre des mesures suffisamment coercitives à l’endroit des jeunes garçons, auteurs de ces grossesses indésirées empoisonnant la vie de nos filles », avisent les nombreuses notabilités coutumières et religieuses ayant fait le déplacement. « Si nous ne marions pas très tôt nos filles, elles rempliraient nos maisons d’enfants », argue Bintou Mady Danfakha, le chef de village de Saraya, qui prendra, au nom de ses pairs, le ferme engagement de ne plus marier à tout vent leurs filles, ou de façon précoce.
Le même son de cloche retentira du côté des religieux qui inviteront les femmes à bien veiller sur leurs filles, par moments attirées par certaines mondanités. El Hadj Bassory Cissé assimilera ce comportement des jeunes à une sorte de banditisme qu’il va falloir combattre à tout prix, à travers des programmes conséquents d’éducation et de sensibilisation, dans la mesure où les risques qu’encourent les jeunes filles qui enfantent tôt, sont mises en relief par la maîtresse sage femme officiant au centre de santé de Saraya.
Face à l’appel pressant des communautés qui ont décidé de résolument tourner le dos à toute forme de pratique néfaste à la santé de la mère et de l’enfant, Thierno Diallo, le coordonnateur régional de Tostan à Tambacounda dira que son organisation se battra toujours aux côtés des communautés pour la préservation des droits humains fondamentaux. M. Diallo d’ajouter que le programme en cours dans cette zone se poursuivra encore.
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