Se sentant snobés par les 12 Penc de Dakar : Les lébous de Rufisque sonnent la révolte

Non contents de la place qu’ils occupent au sein de la communauté dans la grande région de l’ex-Cap-Vert et auprès des autorités du pays, les Lébou de la ville de Mame Coumba Lamb, Rufisque, veulent dorénavant faire cavalier seul et comptent, à travers cette nouvelle approche, se faire respecter.

(Correspondance) - Le Collectif des notables Lébou du département de Rufisque a élevé la voix au cours d’une conférence de presse à Dangou, au sud de la commune de Rufisque, pour dénoncer sa mise à l’écart dans la gestion des affaires de la grande région de l’ex-Cap-vert. Pour la communauté Lébou de Rufisque, Teunguedj est le terroir-mère de l’ex-Cap-Vert. Les premiers habitants de la région de Dakar se sont installés à Rufisque, dans le quartier de Dangou. L’histoire du Lébou a donc démarré à Rufisque, souligne-t-on. ‘Nous ne pouvons pas comprendre que Rufisque ne soit pas respectée à l’image du respect dont jouissent les autres Lébou ; que Rufisque n’ait pas une part honorable dans la distribution des tâches ; que Rufisque soit ignorée dans la prise des grandes décisions de la région’, lance le coordonnateur du Collectif des Lébou de Rufisque, Thierno Lecomte Seck, devant les représentants de 80 villages dont une quarantaine proviennent hors du département.

Les Lébou de Rufisque, qui se sont préparés des mois durant, comptent organiser du 1er au 2 novembre prochain un congrès de la collectivité, pour réunifier la famille Lébou du département et mieux prendre en charge les difficultés qui l’assaillent. Les Lébou de Rufisque s’étonnent qu’à chaque fois qu’une décision est prise au sein de l’assemblée des Penc, que cette décision ne soit validée que par les 12 Penc de Dakar. ‘Bien que nous soyons représentés dans les assemblées Lébou, les décisions qui y découlent, ne concernent que les 12 Penc de Dakar. Et Rufisque dans tout cela ?’, s’interroge Thierno Lecomte Seck.

Le mécontentement était grand quand le porte-parole du Collectif des Lébou a souligné les frustrations qui rongent les Rufisquois. Ces derniers, s’indigne-t-on, perdent à la limite leur dignité face aux autres. ‘Il est temps de s’organiser et que Rufisque retrouve sa place d’antan. Nous ne voulons pas attendre qu’il y ait des problèmes pour nous organiser. Toutes les compétences, toutes les expériences sont sollicitées, personne n’est écarté. Nous tendons la main à tous, aussi bien ceux du département que de la diaspora. Pourvu qu’ils viennent sauver l’honneur et assurer la survie de notre communauté’, clame Lecomte.

Revenant sur les rapports entre la communauté Lébou et le colon, les Lébou de Rufisque soutiennent que leurs ancêtres, qui avaient bien compris le jeu du colon, s’étaient organisés pour créer en 1790 la République Lébou qui a existé avant celle de la France, en 1792. ‘A l’époque, nous n’avons jamais été en reste dans la prise des décisions’, remarque-t-on. Aujourd’hui que les choses ont changé, les Lébou exigent des jeunes de Rufisque le retour aux sources, aux valeurs. Pour ce faire, la collectivité Lébou du département de Rufisque reste constante dans sa démarche : ’Nous n’avons besoin d’aucun politicien pour réussir notre mission. Et nous allons définir nos rapports avec les autorités du pays, après le congrès de novembre’, annonce-t-elle. La seule question qui reste alors en suspens est jusqu’où iront les Lébou de Rufisque. Vont-ils introniser un grand Serigne qui aura les mêmes attributions que celui de Dakar ?