Crée en 1968 par le père fondateur, Khassim Sylla en provenance de Oudoucar, au cœur du Pakao dans l’Est de Sédhiou, Taïba est un quartier périphérique de la commune de Marsassoum sur sa façade Est, dans la zone ethnolinguistique du Yassing. Près de cinq cents âmes dont une centaine de talibés y vivent dans une parfaite entente sous la conduite du vénéré khalife général, El Hadji Moustapha Sylla, par ailleurs, aîné des dix-huit fils du regretté Khassim Sylla, rappelé à Dieu en 1994, après 64 ans de vie essentiellement consacrée à la cause du Coran et de la Sunna. La configuration de Taïba, quelque peu en retrait de sa commune, lui confère un statut de cité religieuse.
Le Coran y est lu tous les jours
L’enseignement coranique est dispensé au sein de la grande famille autour du Foyer ardent, dès la tombée de la nuit, pour les plus petits et à tout moment de la journée pour les anciens. Tel qu’indiqué dans les livres saints, le temps de travail et d’apprentissage est pour ces populations de Taïba, toutes proportions gardées, un moment important. Cette passion au travail serait même à l’origine de la création de ce quartier aujourd’hui cité en référence dans la région. Les nombreux talibés qui fréquentent le « madrassa » viennent de plusieurs coins du Sénégal mais aussi de la sous-région ouest africaine comme la Gambie et la Guinée-Bissau voisine ainsi que la Guinée Conakry et la Sierra Léone. Ces derniers rivalisent d’ardeur au service du grand maître âgé seulement de quarante-huit ans.
Une centaine de Talibés nourris sans l’aide de l’Etat
Ils sont au moins une centaine de Talibés nourris aux frais du marabout. Le marabout ne reçoit aucun appui des autorités pour la prise en charge de ces talibés qui sont nourris et logés. C’est le grand maître et avec l’aide de Dieu qui met la main à la poche. Tous les jours, il y a lecture du Coran dans la cité religieuse.
En plus, cette cité religieuse qui enregistre une importante affluence de fidèles, surtout en période de « Gamou » manque de forage. Les problèmes d’eau y sont récurrents, surtout en période de grands rendez-vous religieux où une seule citerne vient ravitailler les fidèles. Les autorités étatiques ont été saisies pour l’acquisition d’un forage dans la cité religieuse.
Des personnes de bonne volonté viennent au secours
Des personnes de bonne volonté aident le marabout dans la préparation de sa manifestation religieuse, c’est le cas, entre autres, de Samba Gakou. C’est un talibé qui apporte son soutien à la presque totalité des rassemblements religieux en Casamance. « S’il y a quelqu’un qui s’est honorablement distingué dans la bonne organisation des Gamous, c’est bien Samba Gakou. A chaque Gamou de Taïba, il met à notre disposition des centaines de chaises, des bâches, du matériel pour l’éclairage des lieux, des camions frigorifiques pour l’eau, bref il apporte son soutien sans retenue. Et mieux, il fait la même chose dans presque toutes les localités de la verte Casamance. Voilà quelqu’un qu’on doit décorer car il y a bien des gens si riches qui ne songent jamais à donner un sac de riz. Pis, les pouvoirs publics font du favoritisme au sein même des confréries musulmanes. C’est grave », s’est exclamé le guide religieux de Taïba.
Le franc parlé la marque déposée du Marabout
En effet, l’évocation du nom de El Hadji Moustapha Sylla renvoie à son franc parlé pour ceux qui l’ont toujours côtoyé. Il dit ce qu’il pense, sans détours. L’an dernier, à l’occasion de son Gamou annuel, il avait fait remarquer aux politiques qu’« ils n’apparaissent que pour solliciter le suffrage des populations. Mais quand on les sollicite à notre tour, ils nous font alors poiroter ». C’est le même langage de vérité qu’il a tenu aux Gouverneur de Kolda et Préfet de Sédhiou qui, dit-il, « n’ont aucune considération pour les chefs religieux Casamançais. Ils sont traités comme des parents pauvres comparés aux à leurs frères du nord ». C’est d’ailleurs ce franc parlé qui fonde son aura à travers la région naturelle de la Casamance. Les grandes conférences publiques qu’il anime sont très largement suivies. Le gaspillage lors des grandes cérémonies sociales ou religieuses, les relations conjugales souvent très heurtées, les manœuvres politiciennes, le vol, le banditisme, la calomnie, la paresse sont entre autres les thèmes brûlants qu’il dissèque à la grande satisfaction des auditoires. Pendant les périodes de « Gamous », le marabout est très sollicité. Il lui arrive d’animer au moins plus d’une centaine de conférences pendant les « Gamous » dans les différentes localités de la Casamance, parfois de la Guinée et de la Gambie.
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