Depuis sa nomination aux côtés de Me Wade, Serigne Mbacké Ndiaye se distingue dans des actions de rapprochement. Il l’a encore réussi en faisant partie des facilitateurs de la rencontre entre Wade et les éditeurs de presse. Il en livre les tenants, évoque les urgences politiques de l’heure et dénie toute légitimité à ceux qui ont parlé au nom des Tidianes dans le débat sur le Monument de la renaissance africaine.
M. le ministre, une audience entre le Président et les éditeurs de presse s’est déroulée, avant-hier. Quel rôle avez-vous joué dans cette rencontre dont l’issue est jugée très heureuse ?
Le rôle que j’y ai joué est très modeste. C’est juste un rôle de facilitateur. Je pense que tous ceux qui travaillent aux côtés du chef de l’Etat œuvrent chaque jour pour que le Président puisse rencontrer les Sénégalais, de toutes les couches sociales, discuter avec eux et trouver des solutions aux problèmes. C’est aussi l’occasion pour moi de me liguer contre ceux qui disent que l’entourage du Président est composé de faucons. Il faut que l’on arrête ce discours. Je ne sais pas ce qui se passait dans l’entourage du Président avant que je n’arrive, mais je sais que ceux qui étaient là avant étaient des colombes. Maintenant, un corps attaqué se défend. Le chef de l’Etat a un directeur de Cabinet qui se nomme Habib Sy, une Secrétaire générale qu’on appelle Aminata Tall. Tout le monde connaît les qualités de ces personnalités et personne ne peut dire qu’ils sont des faucons. Il y en a d’autres. C’est pourquoi, j’en appelle au dépassement et que les gens arrêtent de dire qu’autour du Président, il n’y a que des faucons qui ne lui disent pas la vérité. C’est ce qu’on disait du Président Senghor : «Il est bien, mais c’est son entourage qui n’est pas bon.» Il en est de même pour le Président Diouf. A ce moment, Ousmane Tanor Dieng était traité de tous les noms d’oiseaux, Jean Collin avait subi le même sort et, aujourd’hui, c’est ce qu’on dit du président de la République.
Cette parenthèse fermée, je reviens à cette rencontre. Je considère que tous ceux et toutes celles qui sont dans ce pays ne peuvent qu’être que des amis à moi, quelle que soit leur appartenance politique. Si on a la chance d’avoir de bons rapports avec tout le monde, on doit aider l’homme qui nous a mis ici, d’autant plus qu’en discutant avec les uns et les autres, on se rend compte qu’ils n’ont aucun problème avec le Président. Ce denier, qui a créé les journaux «Demain, l’Afrique», «Taakusaan», ne peut pas être contre la presse composée de journalistes dont certains se sont toujours battus à ses côtés pour qu’il y ait une véritable démocratie dans ce pays. Donc, entre ces deux camps, il ne peut y avoir que des incompréhensions, mais pas d’adversité.
Vous présentez le Président comme un homme ouvert aux autres et aux critiques. Qu’est-ce qui explique donc ces brouilles avec la plupart des Sénégalais ?
Son honnêteté et son courage. Le Président Wade est un homme qui dit ce qu’il pense. Je ne veux pas revenir sur certains évènements que nous avons dépassés, mais la vérité est qu’il dit ce qu’il pense et sa culture à dire la vérité peut déranger. Il y a aussi que certains ont intérêt à ce que le Président soit quelque part incompris. Je ne veux pas remuer la plaie, mais il y a de ses déclarations qui sont biaisées à dessein. J’ai été victime de cette situation. J’ai dit que nous perdons le pouvoir, certains d’entre nous pourraient se retrouver en prison du fait que certains dans l’opposition sont méchants et revanchards au point de pouvoir envoyer de pauvres innocents en prison. Vous voyez tout le commentaire qui en était fait ! C’est vous dire que le Président est parfois victime de son franc-parler et comme nous sommes un pays de «masla», cela peut être la source de ses incompréhensions avec d’autres. Il s’y ajoute que certains alimentent cette incompréhension. Si vous ne pouvez pas attaquer votre adversaire sur le terrain des réalisations compte tenu de ses résultats, l’on cherche à le faire sur un autre terrain.
L’opposition à laquelle vous faites allusion a annoncé sa volonté de saisir le Conseil Constitutionnel aux fins d’un constat de l’incapacité du Président à gouverner le pays. Hier, Me Sèye a sonné la riposte en leur promettant l’enfer. Vous êtes chargé des affaires politiques de Wade et modérateur, comptez-vous entreprendre une démarche pour apaiser cette tension ?
Pas sur cette affaire spécifiquement. Mais en toute franchise, je trouve que ce sont des enfantillages. Nous sommes en démocratie et je sais que tous ceux qui évoquent la santé du Président sont mal placés pour le faire, car le Président est plus sain d’esprit et de corps qu’eux. Lors de la campagne présidentielle, le Président a fait deux fois le tour du Sénégal, alors que certains ne pouvaient plus tenir. Voilà un homme qui se tient autour d’une table pendant plus d’une journée sans bouger alors que les autres trouvent toujours le moyen de sortir et de revenir. Donc, ce débat n’est rien d’autre que de la politique politicienne. Récemment, Aliou Sow a lancé l’idée d’une Présidentielle à un tour, mais, l’opposition a rué dans les brancards. Cette réaction montre encore une fois qu’elle est consciente que le Président est majoritaire, sinon, l’opposition aurait accepté d’aller à une élection à un seul tour. Je pense qu’il faut élever le débat et attendre la prochaine élection à l’issue de laquelle les Sénégalais vont porter leur choix sur l’homme en qui ils ont confiance, dans la plus grande transparence comme cela était le cas lors des Locales. C’est cette même transparence qui sera de mise à la prochaine élection, car le Président a dit qu’il est disposé à mettre en œuvre toutes les propositions de modifications relatives au Code électoral. On ne peut pas être plus démocrate que cet homme.
L’actualité de ces derniers jours est marquée par le débat autour du Monument de la renaissance africaine. Une brouille a opposé le Président à l’Eglise et voilà que la famille Tidiane s’invite au débat à travers une position tranchée. Cette situation ne gène-t-elle pas ?
Je ne sais pas ce que vous appelez la famille Tidiane. Est-ce que ceux qui ont parlé l’ont fait au nom de la famille Tidiane ? Je me pose la question. De toutes les façons, quand quelqu’un descend dans l’arène politique, je le traite comme un politicien. Quelqu’un qui a participé aux Assises nationales de l’opposition, il est effectivement un homme politique. Donc, il ne peut pas dire le contraire de ce qu’il a dit. Dans la famille Tidiane, il y a un Khalife général qui est un père à moi, ses fils sont mes amis, il s’appelle Serigne Mansour Sy, et il n’a pas défendu cette position. Il y a un porte-parole, Serigne Abdoul Aziz Sy «Junior», il n’a pas porté la parole de la famille Tidiane dans ce débat. Donc, si un autre se permet de le dire, c’est comme n’importe quel autre citoyen qui défend son point de vue. Cela n’engage que lui, ça n’engage pas la famille Tidiane.
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