Serigne Modou Kara Mbacké promet des révélations sur l’assassinat de Me Babacar Sèye

XIBAR.NET (Dakar, 05 Mai 2010) - L’un des marabouts les plus atypiques du Sénégal, Serigne Modou Kara Mbacké, sera face à ses disciples le dimanche prochain. À l’occasion, il a annoncé des « révélations ». Parmi celles-ci, celle relative au meurtre du juge Me Babacar Sèye, en 1993. Mais, pour bien des observateurs, le non moins marabout politicien n’a évoqué le sujet frappé d’une loi d’amnistie, que pour obtenir d’autres faveurs du président Wade, qui, opposant, était cité comme l’un des commanditaires du crime. Il est le deuxième marabout à faire référence, en une semaine, à ce meurtre, après Ahmeth Khalifa Niasse.

L’assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel Me Babacar Sèye est une affaire qui ne cesse de rebondir. En dépit de la loi d’amnistie qui le couvre, comme les autres crimes politiques commis entre 1984 et l’an 2004, il est devenu comme qui dirait une industrie. On se souvient que dernièrement un des meurtriers du juge, Clédor Sène, gracié par le président Wade avec ses deux autres complices, l’avait agité, parlant du ministre de l’Énergie. Quelques jours après, il était à la recherche d’une luxueux maison à acheter. Samuel Sarr avec lequel il a été arrêté, tout comme le président Wade et bien d’autres responsables libéraux, est toujours dans le Gouvernement, en dépit d’être décrié par les Sénégalais dans sa gestion de l’électricité.

L’affaire Me Sèye, la poule aux œufs d’or ?

En tout cas, le fondateur du « Mouvement mondial pour l’unicité de Dieu » et du Parti de la vérité pour le
développement, Serigne Modou Kara Mbacké, entend à son tour aborder le sujet le 9 mai prochain, à l’occasion de sa rencontre avec ses disciples, qui aura lieu au stade Demba Diop : le nom d’un autre politicien, qui fut assassiné sous le régime de Senghor. Serigne Modou Kara a déclaré s’être décidé à inscrire ce sujet, à côté des onze autres qu’il va débattre, suite à son entretien avec Pape Ibrahima Diakhaté ; l’autre assassin de Me Babacar Sèye. Mais, pour bien des avis, le marabout-politicien risque « d’escamoter », voire d’éviter la question. Car, en l’évoquant il ne tenterait de faire qu’un appel du pied au président Wade, qu’il sait très gêné par la question.

Autrement, Serigne Modou Kara serait « à nouveau dans le besoin ». Et, comme « à chaque fois, il fait pression sur le président Wade », selon l’entourage de ce dernier. Pour preuve, rappelle-t-on, en dépit d’avoir prédit la victoire du candidat sortant à l’élection présidentielle de l’an 2000, contre l’opposant Wade, Modou Kara n’a pas hésité à être un de ses souteneurs à l’élection présidentielle de 2007. Il ira jusqu’à donner le prénom de Abdoulaye Wade à un de ses fils. Dernièrement, il a séjourné dans un hôtel parisien de luxe aux frais du président Wade, qui finance, très souvent, ses repos dans une des suites du Méridien-Président de Dakar. Mieux, Serigne Modou Kara s’assume comme le bras armé du chef de l’État : il s’en était pris, violemment et verbalement, au patron du groupe Wal Fadri, du temps où le torchon brûlait entre Sidy Lamine Niasse et le président Wade, dont il avait assisté à l’inauguration de la statue. Il est aujourd’hui du côté du président Wade contre Youssou Ndour, dont il met même en doute les qualités artistiques, après l’avoir mis en garde.

Depuis, c’est comme qui dirait le froid qui s’est installé entre les deux « alliés ». Car, même si son épouse Sokha Dieng est devenue sénatrice, grâce au président Wade, Serigne Modou Kara Mbacké a annoncé la rupture de leurs relations, au profit de l’opposant et ancien président de l’Assemblée nationale, Macky Sall, leader de l’Alliance pour la République (Apr). Ce qui fait dire aux proches du président Wade que Serigne Modou Kara est un allié « qui en plus d’être coûteux, est l’un des plus bruyants. Pour un responsable de l’ancien régime socialiste, qui dit l’avoir pratiqué, le marabout ne peut pas être ailleurs que du côté de ceux qui gouvernent. Derrière ses sorties incendiaires, se cachent, toujours, des « messages codés ».

Quoi qu’il en soit, si le marabout-politicien ne fait pas des « révélations » sur l’assassinat de Me Sèye, il donnera raison à ses détracteurs.