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SERIGNE MOUSTAPHA BASSIROU MBACKE : Une vie remplie d'œuvres utiles

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SERIGNE MOUSTAPHA BASSIROU MBACKE : Une vie remplie d'œuvres utiles

A l'occasion du Magal de Mame Diarra qui s'est tenu jeudi dernier, le Messager revient sur la vie et l'œuvre de Serigne Moustapha Bassirou Mbacké. Ce digne petit-fils de Serigne Touba, a marché sur les traces de son père pour faire de Porokhane cette cité moderne qu'elle est aujourd'hui. Il a aussi grandement contribué à populariser le Magal de cette localité située à quelques encablures de Nioro. Retour sur le parcours d'un homme de Dieu par le biais d'un texte publié par quelques uns de ses fils et plus proches collaborateurs.

Un digne héritier de Serigne Bassirou

Né le 21 Janvier 1928 à Darou Salam Kael (Département de MBACKE), l'illustre fils de Serigne Bassirou a quitté ce bas monde le 30 Août 2007 comme son maître de père, guide et repère, Serigne Bassirou MBACKE, il y a 43 ans, mois pour mois. Ces années pendant lesquelles il a dirigé l'héritage de son père, correspondent à une vie bien remplie d'un visionnaire qu'on résumerait difficilement à travers un article de presse.

Après sa première initiation au coran par son homonyme Cheikh Mouhamadou Moustapha qui tint à lui lire les premières lettres de sa tablette, il a poursuivi les traces de son père auprès de Serigne Ndame Abdou Rahmane Lô, puis est confié à Serigne Ibra Bineta Sylla et à son oncle maternel Serigne Mawloud Diakhaté. Suite à sa maîtrise parfaite du coran, il est allé se former auprès de Serigne Abibou MBACKE, un des plus grands érudits et maîtres en sciences religieuses du pays. Après sa formation islamique de base, son éducation spirituelle va être assurée par son père Serigne Bassirou, à l'image de ce dernier qui l'avait aussi reçu de Cheikh Ahmadou Bamba. Parallèlement, et pour mieux jouer son rôle de guide religieux moderne, il s'est formé lui même à la langue de Molière jusqu'à pouvoir exploiter tout courrier et dossier administratif. Une soumission inconditionnelle au Ndiguel, un sens aigu de l'organisation et un haut degré de l'intérêt général, constituaient des traits de caractères caractéristiques de cet illustre personnage. Serigne Moustapha Bassirou MBACKE, avait une compréhension exemplaire de la religion, de la notion de talibé soumis et du Ndiguel, dont il n'acceptait aucune concession du principe de suivre lui-même les ordres de la haute hiérarchie et de voir appliquer de la part de ceux qui le suivent ceux donnés ou transmis par lui, notamment les préceptes divins suivant la doctrine de travail et de la prière léguée par Khadim Rassoul. Cela donnait un guide rigoureux et exigeant avec lui-même et avec ses talibés, par rapport à la qualité du travail et de la vie d'un talibé. Aussi, vouait-il un respect religieux à la hiérarchie établie et qui constitue l'une des richesses les plus enviables de la doctrine de Serigne Touba. Cela s'est toujours traduit par son investissement sans égal auprès de tout Khalife de Serigne Touba, dont à l'annonce de chaque Ndiguel, il se transformait en Dieuwrigne à la tête de la famille de Serigne Bassirou, avec ses incomparables frères et ses talibés tous soumis au même Ndigueul.

Le fils de Sokhna Bineta a un sens élevé de l'organisation et de l'intérêt général. Les preuves les plus éclatantes restent :

- la rétrocession, avec l'accord de ses frères et sœurs, de ce qui est aujourd'hui Keur Serigne Touba à Touba, (le site actuel appartenait à Serigne Bassirou). D'ailleurs il construisit le premier bâtiment inaugurant cette résidence ;

- ses immenses réalisations à Porokhane, où il a construit des suites à toute la famille de Serigne Touba pendant que sa propre demeure n'avait rien qui la distinguait des plus ordinaires, sans compter les services et travaux consacrés à Mame Diarra qu'il a tous cédés gracieusement par le biais de la Fondation à toute la Communauté mouride et à la Umma islamique. C'est assurément un legs immense et historique d'une grande utilité publique avec la formation des jeunes musulmanes.

Serigne Moustapha Bassirou vouait une fidélité et un amour sans égal à son père et guide spirituel Serigne Bassirou, à qui il a consacré un livre en ouolof sur sa vie et son œuvre, un hommage à celui qui a écrit la plus grande bibliographie de Cheikh Ahmadou Bamba (Minanoul Bakhil Khadim).

Cet amour et cette fidélité seront magnifiés par un geste rare, qui est de donner son nom à trois de ses fils.

En 1966, après la disparition de son père et guide spirituel, comme celui ci le lui avait demandé, il a fait son pacte d'allégeance auprès du Khalife Général des mourides de l'époque, Serigne Fallou MBACKE.

En 1968, avec l'avènement de Serigne Abdoul Ahad, Serigne Moustapha Bassirou, deux ans après la disparition de son père, a eu l'occasion de se révéler par son engagement pour la Mouridiya.

Une complicité exemplaire avec Serigne Abdoul Ahad Mbacké

Serigne Moustapha Bassirou a été avec discrétion un fidèle bras droit de Serigne Abdoul Ahad Mbacké. La plus grande manifestation est que durant tout le magistère du troisième khalife général des mourides, il a toujours dirigé l'organisation de la plus grande fête de la confrérie, le Magal de Touba. Un mois durant, il se consacrait exclusivement à cette tâche et avisait ses proches et propres talibés, qu'il n'était plus disponible pour eux jusqu'après l'évènement.

Il a plus d'une fois sollicité ses propres récoltes pour faire face aux nombreuses charges ponctuelles.

Serigne Moustapha Bassirou a toujours voulu être le premier serviteur des fils de Serigne Touba Khadimou Rassoul.

Ce rôle de confident et de lieutenant a toujours continué avec Serigne Touba, Cheikh Abdou Khadir avec qui il entretenait une relation étroite et qui lui consacrait chaque année des visites à Porokhane et Type. Il en est de même avec Serigne Touba, Cheikh Saliou MBACKE. Dans le même ordre d'idées, on peut citer l'exemple de la Résidence Serigne Touba de Colobane à Dakar, dont la réfection lui a été confiée.

Quant à Serigne Mourtalla Khadimou Rassoul, ses relations avec lui dépassaient celles d'un père et son fils, d'un chef religieux et son talibé, grâce à une entente parfaite. Pour preuve, dans chacune de ses nombreuses demeures à travers le pays, se trouve l'appartement de Serigne Mourtalla, où ce dernier séjournait à l'occasion de ses fréquents déplacements.

A la disparition de Sergine Mourtalla, ces appartements sont tous renommés appartements Keur Serigne Touba, pour abriter ses hôtes faisant partie de la famille de Serigne Touba Khadimou Rassoul.

D'immenses realisations religieuses
Serigne Moustapha Bassirou, a construit ou réfectionné, des dizaines de maisons à travers les deux tiers des régions que compte le Sénégal, érigé des dizaines de mosquées dont les plus grandes sont celles de Kaolack, de Porokhane et de Type. Serigne Moustapha Bassirou, sur instruction de son père, avait choisi Diourbel comme principale adresse. Il y passait les grandes fêtes de l'Islam et y dirigeait tous les jours du mois béni de ramadan, juste après la prière de Takussane, comme le faisait Serigne Bassirou, le récital du Fulk, un recueil de poèmes écrit par Cheikh Ahmadou Bamba, qui se trouve être un des moments forts de ce mois vécu dans une extraordinaire spiritualité.

Comme réalisations aussi, il a créé des écoles dont les principales sont celle de Beer, un village enclavé à côté de Bayakh, où il regroupe les jeunes talibés de 6 à 9 ans pour leur initiation; une école franco arabe qu'il a créée depuis les années 1980 à Porokhane et le dernier centre de formation dédié aux jeunes filles, qui reste sans doute, l'une des plus grandes réalisations de ce début de siècle au Sénégal, tant par l'idée, que par l'accomplissement.

Le petit-fils de son illustre grand père, s'est investi à envoyer plusieurs étudiants et élèves, poursuivre leurs études au Maroc, en Egypte, en Arabie Saoudite, au Soudan et en France.

Quant à ses relations avec les autres familles religieuses, elles étaient marquées par une qualité exceptionnelle. En effet pour en donner une illustration, après le décès du Khalife général des Tidianes, El Hadji Abdou Aziz SY, il organisa une cérémonie religieuse dans sa propre résidence au quartier de Tivaouane mouride. Assurément Serigne Moustapha Bassirou était un homme multidimensionnel, qui faisait la fierté de la Mouridiya et du Sénégal.
Un role économique et politique important
Pour participer à la réalisation des initiatives du Khalife Général des mourides et faire face aux besoins des nombreux nécessiteux qui dépendaient de lui, Serigne Moustapha Bassirou a exercé toutes les activités économiques, allant des cultures hivernales et maraîchères, à l'embouche bovine, en passant par l'exploitation forestière et le reboisement.

Pour les cultures hivernales, Serigne Moustapha Bassirou était l'un des plus grands producteurs d'arachide et de mil du Sénégal. En effet, il exploitait chaque année une étendue de 445 hectares dans les départements de Kaffrine, de Mbacke, de Nioro….

Sans se limiter uniquement aux cultures traditionnelles de mil et d'arachide, il tenait à diversifier ses spéculations. Aujourd'hui, sa production de maïs est l'une des plus importantes du pays. Dans ce cadre, il a été décoré en 2002 par le président Abdoulaye Wade. En partenariat avec l'ISRA et la direction de l'agriculture, il exploite en 2007 120 hectares de sésame à Darou Miname Saloum (Département de Kaffrine), 120 hectares de semences de mil et 120 hectares de semences d'arachide à Type. La culture de niébé n'est pas aussi en reste dans le département de Louga. Sa très grande expérience des cultures hivernales, sa rigueur et son patriotisme, lui ont valu la confiance du Ministère de l'Agriculture , au point qu'il s'est vu confier à plusieurs reprises la redoutable mission de tester de nouvelles variétés de mil et d'arachides pour la reconstitution de semences de base pour tout le pays. En 2006, sur les 22 tonnes d'arachides de semences de multiplication pré-base que le gouvernement a voulu faire exploiter dans le pays pour reconstituer le capital semencier, 20 tonnes lui ont été confiées ; il en est de même pour le mil. Démarrée dès la fin des années 70, la culture maraîchère est un domaine dans lequel Serigne Moustapha Bassirou excellait. A Ross Béthio dans la région de Saint-Louis, il est le riziculteur le plus régulier dans la vallée.

Il exploite chaque année 200 hectares de riz et 40 hectares de maraîchage allant du gombo, à l'oignon, en passant par le Diaxatou et l'arachide de bouche.

A Pout, il produit des haricots verts, des tomates, du gombo, des choux, etc. sur une superficie de près de 100 hectares, avec les techniques les plus modernes comme le goutte à goutte. La presque totalité des produits récoltés dans cette localité est destinée à l'exportation par le biais de Miname Export, société franche d'exportation, ayant obtenu la certification EuroGap de l'Union européenne depuis 2006/2007.

A Pout, comme à Bambilor, à Keur Momar Sarr, et à Ross Béthio, son installation n'a pas été facile car, dans chacune de ces localités, il était d'abord accueilli comme un concurrent par certains des habitants qui craignaient qu'il vienne récupérer leurs terres.

Il déclarait tout haut qu'il n'était l'ennemi de personne, mais au contraire, était l'ami de toute personne ayant pour devise le travail. Dans chacune de ces localités, il a fini par devenir le modèle à suivre et le porte-parole des agriculteurs et paysans auprès du gouvernement pour tous leurs problèmes de semences, d'eau, d'engrais, de commercialisation, jusqu'à devenir aussi l'homonyme de nombreux enfants de ces habitants naguère hostiles.

Aujourd'hui, au moment où on parle de fermes agricoles modernes, son exemple mériterait d'être médité. Tous les profits tirés de ses nombreuses exploitations agricoles ont toujours servi à aider les nécessiteux et à financer des projets pour le développement de l'Islam.

Un grand soldat de l'Islam

Les nombreuses Mosquées construites par lui, de même que le Daara Mame Diarra, Centre d'Education Islamique pour filles, qui compte aujourd'hui 500 élèves avec une gratuité totale pour toutes, créé par lui à travers la Fondation Mame Diarra, en sont une illustration. Cet engagement pour le développement économique du Sénégal est doublé chez Serigne Moustapha Bassirou d'un sens élevé de l'Etat et la citoyenneté. En effet, il vouait aux symboles de l'Etat et à ceux qui le représentent un très grand respect et cette attitude pour lui était dictée par la nécessité de rendre les institutions plus dignes et plus fortes aux yeux des populations.

Il tenait également à ce que les communautés rurales qui étaient ses fiefs et qui étaient dirigées par ses enfants ou ses talibés, soient irréprochables sur tous les plans et plus particulièrement sur le plan du recouvrement de la taxe rurale. C'est ainsi que Type et Mboul, sont parmi les rares CR au Sénégal à atteindre 100% de taux de recouvrement chaque année depuis 1997.

Ce dévouement pour sa religion et le développement de son pays, son sens élevé de l'intérêt public, lui ont valu l'estime et la considération de tous les présidents que le Sénégal a connu.

Il entretenait d'excellentes relations avec Senghor qui le consultait sur beaucoup de questions importantes.

Quant au Président Abdou DIOUF, il l'a connu depuis qu'il travaillait au cabinet de Mamadou Dia et a noué avec lui une relation très longue.

Rappelons qu'en 1962, Serigne Moustapha Bassirou, sur instruction de son père, a tenté une médiation entre Senghor et le président du Conseil de l'époque, Mamadou Dia, pour éviter au pays les douloureux évènements de 1962. Malheureusement, ses nombreux efforts n'ont pas eu le succès escompté. Les détails de son rôle dans l'Histoire du Sénégal et ses actions dans la régulation sociale et politique, ne manqueront pas de susciter des réflexions ou ouvrages dans l'avenir.

L'actuel président a tout de suite vu en lui un partenaire majeur, avec lequel il pouvait travailler pour le développement de l'agriculture, de l'éducation et d'autres différents secteurs. Son prix sur le maïs et son action sur la reconstitution du capital semencier mentionnés plus haut, constituent un parfait exemple.

Son grand projet de Daara Mame Diarra, (Centre d'Education Islamique pour filles), a été grandement apprécié par le Président, au point qu'il se rendit en janvier 2007 à Porokhane pour lui témoigner sa reconnaissance.

Serigne Moustapha Bassirou a vécu en pratiquant ces paroles du Prophète :

«Prie comme si tu devais mourir demain et travaille comme si tu devais vivre éternellement».

Fondation Mame Diarra créée par Serigne Moustapha Bassirou MBACKE

Porokhane est le village où repose Sokhna Diarra BOUSSO, la mère du Vénéré Cheikh Ahmadou Bamba MBACKE, fondateur du mouridisme.

Sur le Ndigueul de Serigne Touba, son père Serigne Bassirou MBACKE avait la charge de s'occuper de Porokhane et du Mausolée de Sokhna Diarra.

Ainsi, il avait construit une maison à Porokhane et initié le Magal de Porokhane. En prenant la relève, Serigne Moustapha Bassirou en continuant l'organisation du Magal de Porokhane, a eu l'idée de créer une Fondation Mame Diarra Bousso ,pour perpétuer la vulgarisation de l'œuvre de Mame Diarra.(……)



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