Vantant la révolution opérée par le Sénégal pour avoir introduit des filles dans les rangs de l’Armée, le président de la République avait promis qu’elles seraient toutes réengagées pour servir dans l’administration de la «grande muette». Aujourd’hui, 80% de la première promotion sont dans la rue et crient au secours.
Quand la grande muette crie au secours, c’est parce qu’elle est dans une situation intenable. C’est le cas pour ces femmes dont l’arrivée dans les rangs de l’Armée a été accueillie en grande pompe. D’après des sources proches de ces militaires de la première promotion féminine de l’Armée sénégalaise, c’est le désarroi et le désespoir chez plus d’une centaine d’entre elles. Au début de l’année 2008, l’Armée sénégalaise avait recruté son premier contingent féminin. Elles ont été 300 filles sénégalaises à faire partie de ce contingent inédit dans les annales des Armées du Sénégal. Et dans cette ambiance inédite, Me Wade avait soutenu que toutes ces filles seront retenues pour gérer l’administration de l’Armée. Donnant ainsi beaucoup d’espoir à ces filles qui ont choisi de troquer leurs minijupes et autres tenues féminines contre des tenues treillis. Mais elles ont, pour la majorité, vu leur espoir partir en fumée. Nos sources confient qu’en fin avril dernier, elles ont été presque toutes libérées, à l’exception de quelques-unes. Face à cette situation, ces filles, qui avaient déjà commencé à avoir une vie militaire, ne savent plus quoi faire et demandent au Président de respecter son engagement. Surtout dans ce contexte marqué par le vote d’une loi sur la parité.
Saisi hier sur la question, le colonel Ousmane Sarr, de la Direction de l'Information et des Relations publiques des Armées (Dirpa), nous a fait savoir que l’Armée fonctionne ainsi. C’est-à-dire que le nombre de personnes qui subissent le service militaire n’est jamais égal au nombre de personnes qui sont réengagées après les deux ans de formation. M. Sarr signale que chaque année, l’Armée forme 300 jeunes filles, par vague de 100. Et ce sera ainsi jusqu’en 2015, pour pouvoir atteindre le quota de filles que l’Armée veut dans ses rangs. Il précise effectivement que seul 20% des filles ont été réengagées. Non sans préciser que le pourcentage des réengagées chez les filles est plus important que celui des hommes. Interpellé sur la sortie d’Amath Dansokho sur «les généraux de l’Armée recrutés par la Génération du concret pour installer Karim Wade au pouvoir», le colonel Sarr a répondu qu’il n’est pas dans la tradition de l’Armée de commenter ce genre de propos.
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