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SITUATION DES HOPITAUX DU SENEGAL : Les maux qui gangrènent le bon fonctionnement des structures sanitaires

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SITUATION DES HOPITAUX DU SENEGAL : Les maux qui gangrènent le bon fonctionnement des structures sanitaires
 
Sept ans après la réforme hospitalière, les professionnels de la santé réclament un bilan d’étape pour se pencher sur les maux qui gangrènent le bon fonctionnement des structures sanitaires. Ces maux ont pour noms rupture de l’approvisionnement en médicaments, faiblesse du plateau technique, déficit en personnel qualifié, problèmes de gestion, plan Sésame etc. Sud Fm a fait le tour de la question à travers les hôpitaux du pays.

A Ziguinchor, la modernisation de l’hôpital cache mal les difficultés qui minent ce centre hospitalier qui a pourtant une vocation sous-régionale. Ainsi, les nombreux patients qui fréquentent l’hôpital régional de Ziguinchor sont sans doute préoccupés par leurs maladies, mais certains d’entre eux ou leurs accompagnants ne manquent pas parfois de décrier leurs conditions d’accueil. Et ce ne sont pas les récriminations qui manquent dans cette structure hospitalière qui, outre les populations de la région Sud, accueille des patients venus des régions comme Kolda et même des pays limitrophes comme la Gambie ou la Guinée-Bissau. Du manque de médecin spécialiste en diabète à certaines difficultés notées sur place comme l’absence de médecins spécialisés dans certains services de l’hôpital, en passant par les mouvements d’humeur souvent enregistrés, les maux dont souffre l’hôpital régional sont innombrables. Mais, à côté de cette panoplie de contraintes, l’hôpital connaît un relèvement de son plateau technique. Un scanner numérique, dernière génération, a été installé pour renforcer l’élan de modernisation d’une bonne partie du matériel de cet hôpital à vocation sous-régionale, qui doit aussi étoffer la capacité de son groupe électrogène. Mais s’il y a quelque chose qui dérange aujourd’hui la quiétude des malades hospitalisés, c’est sans doute le bruit des moteurs des avions, conséquence directe de la proximité de cette structure sanitaire avec la piste de l’aéroport. Comme pour dire que dans sa mission de soigner les malades et de soulager les populations, l’hôpital régional de Ziguinchor souffre lui-même de plusieurs maux qui, s’ils ne sont pas circonscrits au plus vite, pourraient également le rendre très malade.

L’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy) n’est pour sa part pas loin de l’agonie. Problème de trésorerie, rupture de produits essentiels pour des interventions chirurgicales, les difficultés sont réelles. La structure est endettée et son problème de trésorerie est essentiellement dû à la baisse des tarifs intervenue en fin 2006, ainsi qu’au plan Sésame en vigueur. Conséquence, tous ces problèmes affectent parfois le fonctionnement de l’hôpital. Les responsables de la structure hospitalière dédramatisent cependant. « Il y a effectivement des difficultés qui ne sont pas propres à l’Hôpital général de Grand-Yoff seulement. Mieux vaut dire difficulté d’approvisionnement pour certains produits essentiels à la chirurgie. C’est d’abord des produits d’anesthésie, dont certains sont des morphiniques qui répondent à des normes de contrôle qui ne dépendent pas seulement de l’hôpital. Nous avons un quota qui nous est alloué par la Pharmacie nationale d’approvisionnement, qui elle-même a des quotas qui lui sont alloués au niveau international. Et je pense que le regain d’activités qu’ont connu les hôpitaux publics en général, l’Hoggy en particulier, explique probablement qu’on ait dépassé déjà de loin ce qui était prévu pour l’année 2007. Mais nos anesthésistes sont en train d’user d’autres stratégies pour nous permettre d’opérer, sans être complètement dépendants de ces morphiniques. Difficultés techniques aussi en termes d’approvisionnement de certains produits comme les solutés, les fils etc. », explique Dr Serigne Maguèye Guèye, président de la Commission médicale de Hoggy. Par rapport aux ruptures constatées de certains produits, les responsables de Hoggy l’expliquent par le regain d’activités chirurgicales. La structure hospitalière consomme en moyenne 2000 à 3000 flacons de soluté par semaine. Cependant, si des efforts ne sont pas faits pour rééquilibrer les finances et éponger les dettes, de réelles menaces pèsent sur le fonctionnement de l’Hôpital général de Grand-Yoff.

L’hôpital régional El Hadji Ibrahima Niasse de Kaolack n’est pas mieux loti : manque de moyens matériels et financiers, déficit de personnels qualifiés, ruptures de médicaments etc. Les syndicalistes dénoncent la mauvaise gestion. On s’en souvient, il y a de cela trois mois, le personnel soignant de l’hôpital régional El Hadji Ibrahima Niasse de Kaolack bandait les muscles. A travers un sit-in, les travailleurs entendaient dénoncer le dénuement de la structure sanitaire. La pharmacie était souvent en rupture de médicaments, les médecins n’avaient plus d’alcool, les chirurgiens manquaient même de fils pour les sutures. Quelques semaines après, il y a un léger mieux, mais l’hôpital, qui reçoit des patients des pays limitrophes, est bien mal en point. Le plateau technique est à améliorer, le personnel qualifié fait défaut, malgré les efforts de l’Etat pour résorber le déficit. Il s’y ajoute un manque de moyens financiers, mais les hôpitaux au Sénégal souffrent d’un problème réel de gestion, c’est la conviction du porte-parole de l’intersyndicale de la santé, Dr Ousmane Guèye. « Il faudrait qu’au niveau des hôpitaux, surtout de l’administration, qu’on cherche qui doit faire gestion hospitalière et qui ne doit pas le faire. Parce que le plus souvent, les hôpitaux sont dirigés par des gens qui n’ont aucune connaissance professionnelle sur le plan sanitaire. C’est comme un journaliste qui fait gestion hospitalière une année, il sort, on lui confie un hôpital. C’est différent d’un médecin qui a son diplôme en médecine, qui également fait la gestion hospitalière, je pense que cette personne est mieux indiquée pour gérer un hôpital. Donc il faudrait qu’on sache qui doit gérer quoi dans les hôpitaux, c’est très important », a dit le praticien. Les personnels de la santé déclarent qu’après sept ans d’existence, l’Etat doit faire le bilan de la réforme hospitalière, avec comme objectifs de renforcer les acquis et de corriger les insuffisances, car on ne peut développer un pays dont les fils ne sont pas en bonne santé.



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