(Envoyé spécial) - Le Magal 2008 est assez spécial, selon Sokhna Dieng, ancienne directrice de la Rts et aujourd’hui sénateur de la République. Et elle sait de quoi elle parle puisqu’elle est l’épouse de Serigne Modou Kara Noreyni. Elle rappelle ainsi que ce Magal se situe à deux mois du rappel à Dieu de Serigne Saliou. C’est le premier Magal de l’ère des petits-fils de Serigne Touba, dont le premier est Cheikh Mouhamadou Lamine Bara Mbacké. Un tournant décisif se dessine alors pour le mouridisme. Seulement, précise Sokhna Dieng, ‘c’est toujours le changement dans la continuité. Mais c’est un tournant important et exceptionnel qui va se passer à partir de 2008. Car avec l’ère des petits-fils, il y a toujours un guide, c’est l’aîné. Et le droit d’aînesse est respecté. Mais ce sont tous des petits-fils, donc plus de fils. Ce sera presque une direction collégiale pour s’occuper du mouridisme et des affaires des mourides maintenant’, précise Sokhna Dieng.
Par ailleurs, dans l’histoire du mouridisme, le colonisateur a été celui qui a fait le plus de mal à Cheikh Ahmadou Bamba. Il l’a persécuté, opprimé, avant de l’envoyer en déportations extérieure et intérieure et en exil pendant 33 ans de souffrance. Aujourd’hui, ce sont des centaines d’Européens qui sont devenus mourides et tentent de comprendre les enseignements de Bamba à travers ses descendants. Mohamed Kara est l’un d’eux. Avec ses amis, ils ont quitté la France pour se rendre auprès de leur guide spirituel Serigne Modou Kara Noreyni. Selon ces Français, ils n’ont pas choisi de suivre leur guide ex-nihilo. ‘Nous avons répondu à un appel intérieur au-delà de l’entendement, de la raison. Et nous pensons suivre le bon chemin, c'est-à-dire agir concrètement avec notre être intérieur. Kara nous a aidés à avoir confiance en notre être intérieur à travers son exemple. Ce qui nous a le plus marqué chez Kara, c’est sa force, la totalité avec laquelle il montre Bamba sans limite’, déclare Mohamed Kara. Les jeunes français ont tous été convertis à l’islam par le ‘général’ Kara. Pour ce Français, l’ascension du marabout des jeunes ne fait aucun doute. ‘Ce n’est qu’une annonce. Rien n’a encore commencé pour notre guide. Il sème des graines pour demain. Tout commence avec la jeunesse avec qui il faut donner de nouvelles valeurs’, lance Mohamed Kara. Les Français soutiennent qu’un bon mouride cherche un talibé et non un marabout : ‘On peut être un bon marabout et finir sa vie dans les ténèbres.’
La présence d’Européens autour du Cheikh s’explique, selon Sokhna Dieng, par ’le choc en retour’. ‘Quand vous envoyez une balle, le choc en retour c’est quand la balle rebondit et revient. Le choc, ce sont les 33 ans de souffrances d’Ahmadou Bamba en exil, loin de sa famille. Ce sont alors tous ces efforts, tous ces sacrifices qui ont été consentis par Bamba, qui ont été récompensés’ explique l’épouse de Serigne Modou Kara Noreyni. Et de rappeler qu’Ahmadou Bamba avait prédit dans ses écrits que ‘ceux-là qui l’ont emmené vers d’autres continents, verront leurs fils et leurs petits-fils s’agenouiller devant lui et sa famille’. Ses propos seront confirmés par Serigne Modou Kara lui-même qui faisait face aux journalistes. ‘C’est Dieu qui fera qu’un jour, les Blancs et Noirs viendront vers moi et mes descendants’, avait prédit Serigne Touba, selon son petits-fils.
Ceux qui ont toujours appelé Kara le marabout des jeunes ont-ils raison ? En tout cas, ceux qui ont suivi le Magal dans les familles maraboutiques savent que cela se confirme chaque jour davantage. Des milliers de jeunes ont envahi le domicile du Cheikh pour célébrer avec lui ces moments de prières et de recueillement. La présence massive des jeunes autour du Cheikh s’explique, selon Sokhna Dieng, par la volonté de Dieu. ’C’est certainement par son âge, son engagement que les jeunes voient Cheikh Ahmadou Bamba en lui. Cela peut être une des raisons de cet engagement massif des jeunes qui viennent d’autres continents pour se mettre à ses côtés’, clarifie-t-elle.
Réussissant le pari de la mobilisation : Serigne Modou Kara regroupe des milliers de jeunes
Le marabout des jeunes, Serigne Modou Kara Noreyni, a encore séduit les nombreux fidèles qui ont fait le déplacement au Daaray Khadimoul Rassoul, à Touba. Il était 11 h hier chez Ahmadou Kara, quand le cheikh est descendu pour s’adresser au public. Des milliers de jeunes ont alors commencé à entonner une chanson, reprise en chœur par l’assistance. Puis, le Cheikh assis dans son fauteuil, a fait quelques recommandations aux jeunes, avant de démarrer avec les mélodies divines. C’est ainsi que tout un répertoire a été revisité allant de Khoudratoune à Alifoune wachidoune, qui chante le parcours de Cheikh Mouhamadou Bamba. Ensuite, Serigne Modou Kara est revenu sur le thème choisi pour ce Magal qui porte sur le Bonheur et le malheur. Selon lui, le parcours de Bamba, surtout ses 33 ans de souffrance de déportations et d’exil, est une récompense de Dieu. ‘Nous devons rendre grâce à Dieu en ce jour de Magal.
Nous rentrons dans une nouvelle ère pour le mouridisme. Nous comptons de plus en plus moderniser notre confrérie au cours des années à venir’, dira-t-il. Serigne Touba a été le sauveur de l’humanité, et le marabout des jeunes s’est également dit sauveur des jeunes. Serigne Modou Kara Noreyni a aussi fait part de l’organisation prochaine de la journée de la mélodie, qui sera, selon lui, une révolution musicale. ’Il s’agit de véhiculer les messages de Serigne Touba à travers la musique, ses relations avec les saints, les élus de Dieu. Voilà autant de choses qui nous feront connaître à travers le monde, afin que l’Occident puisse connaître les enseignements de Serigne Touba’, lance-t-il à une foule de jeunes en délire dont certains, tombés en transe, seront évacués par la sécurité.
Un dernier chant tiré du tout nouveau Chiffaamin Koulida, une mélodie curative, a mis fin à la première partie du Magal de Serigne Modou Kara Noreyni.
Kara parle des autres petits-fils de serigne Touba : ‘Il n’y a que les missions qui nous sont confiées, qui nous différencient’
‘La famille de Serigne Touba est un long chapelet uni par le seul nom de Serigne Touba’. C’est en ces termes que le marabout des jeunes entame ses propos sur ses relations avec les autres marabouts mourides. ‘Nous avons un défi à relever : réussir là où nos parents ont réussi’, dira-t-il, avant d’ajouter : ‘Nous sommes un et indivisibles. Il n’y a que les missions qui nous sont confiées qui nous différencient. Et nous avons intérêt à réussir pour avoir raison sur nos détracteurs’ confie Serigne Modou Kara pour parler de ses rapports avec les autres petits-fils de Serigne Touba. Parlant singulièrement du nouveau khalife général des mouride, Modou Kara dira qu’ils ont longtemps été amis : ‘Bien avant qu’il ne soit khalife, nous discutions de tout. Aujourd’hui qu’il est à la tête de la famille, je ne pourrai que l’appuyer’. D’autant que, a-t-il laissé entendre, l’avènement de Serigne Bara augure d’une période faste.
Faisant une interprétation des chiffres, Serigne Modou Kara a annoncé que le nom du nouveau khalife général des mourides renvoie au chiffre 6 : ‘Le nom Mohamadou Lamine Bara donne le chiffre 492, qui renvoie en valeur numéraire au chiffre 15, or 1+5 égal 6’. Voilà ce qui l’amène à prédire que ‘le règne de Serigne Bara sera bénéfique’. Rappelant en outre que lors de la création du Pvd, son parti, le défunt khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, avait formulé six séries de prières pour lui, Serigne Modou Kara a fait un rapprochement mystique autour de la symbolique du chiffre six, en référence à la position de Serigne Bara, premier des petits-fils à devenir khalife à la sixième position.
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