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SOMMES-NOUS DE BONS CROYANTS ? MUSIQUE ET ISLAM : Les décibels de la controverse

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SOMMES-NOUS DE BONS CROYANTS ? MUSIQUE ET ISLAM : Les décibels de la controverse
Divertissement ou distraction ? La musique, si pour certains réjouit l’âme, d’autres, dans la religion musulmane, considèrent qu’elle éloigne les fidèles de l’adoration de Dieu.

« Youssou Ndour, vous faites danser les gens tous les jours à votre night-club. A quand votre appel à la prière ? » A cette question lancée tout de go par un journaliste en pleine conférence de presse donnée à Dakar par le roi du « mbalax », le chanteur avait répondu en annonçant le projet de son album « Sant ». L’idée, avait-il précisé, lui a été donnée par un homme de médias doublé d’un prédicateur. L’album « Sant » ou « Egypt », sorti par la suite en 2004, était auréolé d’un « Grammy Awards » aux Etats-Unis. Chanter Dieu, le Prophète Mohamed (Psl) et nos cheikhs sénégalais, était-ce une manière pour le roi du « mbalax » d’« apaiser le diable » que charrie le son du « tama » (petit tam-tam d’aisselle) et des « sabars »?

Avant Youssou Ndour, Thione Seck, et d’autres musiciens sénégalais ont chanté et chantent encore les louanges du Prophète Mohamed (Psl) et de saints hommes de notre pays, considérés comme des références en Islam. Malgré tout, ils sont nombreux parmi les érudits qui s’opposent à la pratique de la musique ou à son écoute. Ils avancent que la religion musulmane l’interdit formellement. Toutefois, le débat, loin d’être tranché, suscite des avis mitigés. « On ne peut répondre ni par oui, ni par un non », affirme Oustaze Assane Seck, enseignant d’arabe dans une école publique dakaroise. Cet ancien animateur de Xayma Xam Xam, émission de culture générale sur l’Islam à la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts) souligne qu’il n’existe pas de textes clairs bannissant la musique. « Mais si la musique-parole empêche aux fidèles de faire leurs devoirs religieux, ou si elle mêle hommes et femmes dans un même endroit ou si ses paroles sont de caractère insultant, elle est alors illicite », déclare Assane Seck.

Remontant le temps jusqu’aux aux origines de la religion musulmane, Oustaze Assane Seck souligne que la musique égayait les gens pendant les jours de fêtes, encourageait les hommes lors des récoltes ou accompagnait les pèlerins en route vers la Mecque. De même, poursuit-il, durant les campagnes guerrières, la musique exaltait l’ardeur des combattants. OustazE Seck fait remarquer qu’à cette époque, on ne faisait pas de la musique un métier comme aujourd’hui.

Il se demande si on peut faire de la musique un fonds de commerce ? Surtout lorsqu’elle rend les fidèles musulmans oisifs, réunit dans un même endroit hommes et femmes ou favorise la consommation de l’alcool. D’autre part, OustazE Assane Seck, qui traite actuellement de la religion sur la radio privée 7FM, fustige l’utilisation de textes coraniques par des musiciens dans certaines de leurs chansons. « C’est interdit. C’est jouer avec les textes sacrés. C’est les dévoyer de leur caractère sacré... », fulmine-t-il. Un avis que partage Guissé Pène. Vice-président de l’Association sénégalaise des métiers de la musique (Ams), M. Pène estime que les chansons dédiées au Prophète Mohamed ou aux chefs religieux sénégalais doivent être des textes bien pensés et joués sur des tons soft et respectueux. Mais, souligne Guissé Pène, l’Islam accepte bien la musique. Le Prophète Mohamed, dit-il, a été accueilli à son retour d’exil par des chants et des instruments de musique. Et le vice-président de l’Ams de rappeler l’origine de la chanson « Tala al badru aleyna », déclamée pour accueillir le Prophète à Médine, lors de son exil ou Hégire. Excepté le contexte sein dans lequel elle doit se faire, les dérives à éviter dans les textes et les images, Guissé Pène estime que la musique fait vivre l’âme.

Pour mettre en exergue l’attitude responsable de nos artistes, le vice-président de l’Association des métiers de la musique, souligne la pause qu’ils observent durant la période du mois de ramadan. Même si Guissé Pène trouve que ce répit observé par les musiciens dans les night-clubs relève plutôt d’un contexte socioculturel que religieux. Un fait que Youssou Ndour a relevé il y a quelques jours au cours du point de presse de l’arrangeur Baba Hamdy Diawara. Rien ne leur interdit de jouer de la musique durant le jeûne musulman. D’ailleurs dans les pays arabes, remarque M. Pène, durant le mois du jeûne, les gens sortent le soir après la rupture pour aller écouter de la musique. Mais, de la musique soft, comme en mettent nos animateurs dakarois en cette période sur la bande FM et dans les télévisions. Au Sénégal, note Guissé Pène, la période du ramadan devient un moment de rupture pour les artistes qui en profitent pour entrer en studio et préparer la sortie d’un nouvel album et la faire coïncider avec la fête de Korité. D’autres chanteurs, eux, vont tout simplement en tournée à l’étranger...


O. DIOUF


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