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Statistiques agricoles : Robert Sagna démonte tout Douze ans de faux avec Wade

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Statistiques agricoles : Robert Sagna démonte tout Douze ans de faux avec Wade

Sept ans ministre de l’Agriculture sous le régime socialiste, Robert Sagna analyse ici la politique agricole des libéraux.Et c’est pour constater que l’Etat fournit des statistiques erronées qui prouvent que le Sénégal est encore loin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, surtout pour ce qui concerne le riz.Dans la première partie de cet entretien, Robert Sagna livre une analyse sans complaisance des choix qui plombent aujourd’hui la politique agricole du Sénégal.

 Wal Fadjri : Quelle analyse vous faites-vous sur la politique agricole du Sénégal ? 

Robert SAGNA : Je ne peux pas en dire que du bien. Ce que je constate, c’est que depuis l’Alternance, on ne peut pas dire que le paysan sénégalais ait évolué. On ne peut pas dire non plus que globalement la production nationale ait augmenté de manière significative. Puisque si nous prenons simplement les productions industrielles, je veux parler du coton notamment et de l’arachide, la situation n’est pas du tout favorable au paysan. Depuis l’Alternance, les chiffres qui nous sont annoncés, en ce qui concerne l’arachide, dépassent le million de tonnes chaque année. Mais lorsque vous regardez la collecte, vous vous rendez compte que nous sommes loin de la réalité. Surtout lorsque vous regardez la quantité de semences distribuées. 

Elle n’est en aucune mesure en corrélation avec les chiffres de production annoncés. Lorsque vous n’avez pas distribué plus de 100 mille tonnes de semences, il vous est impossible, aujourd’hui, dans les conditions techniques de fertilité des sols et de production au Sénégal, de faire 1 million de tonnes d’arachides. Par conséquent, les statistiques de production qu’on nous annonce sont loin de refléter la réalité. Il suffit aussi de regarder la collecte, effectuée par l’ex-Sonacos (actuelle Suneor) pour se rendre compte, connaissant également le taux de consommation, que les chiffres annoncés sont totalement erronés. Quant à la production cotonnière, elle ne dépasse jamais 40 mille tonnes depuis 2000. On a même régressé ces temps-ci alors que nous avions atteint, du temps des socialistes, 55 mille tonnes de production de coton. Donc, au niveau des productions d’exportation, le seul progrès que je constate, c’est dans les productions maraîchères. Il y a une augmentation des exportations en fruits et légumes. Il y a là un progrès relatif qui a été fait. Pour les productions céréalières, alimentaires comme le riz, le maïs, etc., là également je suis désolé de constater que les chiffres ne reflètent pas la réalité. 

Donc, vous voulez dire que le Sénégal n’a pas atteint l’autosuffisance en riz, ainsi que le soutiennent les libéraux ? 

Le président de la République dit que nous avons atteint l’autosuffisance alimentaire en riz. Moi, je suis très étonné. Comment nous pouvons atteindre l’autosuffisance en riz ?

 Et ces importations en riz qui augmentent tous les ans ?

 C’est une contradiction. Le Sénégal continue d’importer près de 800 mille tonnes de riz tous les ans. Autrement dit, le Sénégal consomme 2 500 tonnes de riz tous les jours. C’est quand bien même beaucoup. Les superficies globalement cultivées n’ont pas connu d’augmentation. Notre chance, c’est d’avoir déjà des barrages qui nous auraient assuré l’autosuffisance en riz. Je vous rappelle que la vallée du fleuve, avec les deux barrages qui y sont réalisés, nous ont permis d’avoir un potentiel de 240 mille hectares. Globalement, nous pouvons dans la vallée du fleuve avec ces barrages, cultiver 240 mille hectares. Si vous prenez seulement la moitié, avec les rendements que nous avons, vous pouvez régler le problème du riz au Sénégal. Mais aujourd’hui les superficies totales, avec maîtrise de l’eau, ont plutôt régressé par rapport à celles que le gouvernement socialiste avait laissées. Il n’y a pas aujourd’hui 30 mille hectares de maîtrise totale de l’eau au fleuve.

 Les superficies, qui avaient été aménagées, n’ont pas été bien entretenues. Je crois qu’il y a quand même là un progrès à faire, un effort supplémentaire à faire. Lorsque vous n’avez même pas 30 milliards d’investissements tous les ans pour le riz, vous ne pouvez pas prétendre régler le problème de l’autosuffisance alimentaire. Nous sommes donc vraiment loin de l’autosuffisance, surtout en riz. Le niveau des importations n’a pas diminué. Il y a là, je pense, un problème qu’il faut regarder de très près. Je reviens encore au fait que les statistiques de production agricoles ne sont pas bonnes. 

Elles ne sont pas fiables. Le progrès global aurait dû s’observer par le niveau de vie des gens. 60 % des Sénégalais sont des paysans, mais ils vivent de plus en plus pauvrement. On ne peut pas dire que le paysan sénégalais vit mieux aujourd’hui qu’il ne vivait hier. 

Donc encore une fois, je suis désolé de constater qu’on a encore à revoir ce que les politiques en la matière ont mal défini. Comment ? 

 

Il faut commencer d’abord par la terre. Les sols sénégalais ont perdu l’essentiel de leur fertilité. C’est parce que les sols sont usés. Lorsque vous n’utilisez pas suffisamment d’engrais, pour compenser ce que les plantes prennent comme richesse du sol, le sol s’appauvrit. Il faut donc revoir cette question fondamentalement. J’ai applaudi quand on a créé l’Institut national de pédologie. C’était une excellente chose. Cet institut devait s’occuper de la fertilité des sols.

 Or, le programme essentiel d’amendement qui devait permettre de régénérer les sols par un phosphatage a été abandonné. Du temps des socialistes, c’est chaque année trois milliards qui étaient consacrés rien que pour l’amélioration de la fertilité. Aujourd’hui, nous ne consommons même pas 40 mille tonnes d’engrais par an. Du temps de l’Oncad, on était à plus de 350 mille tonnes d’engrais. C’est aujourd’hui grave. Dans les cultures sèches, pluviales, l’arachide ne donne même pas 800 kilogrammes à l’hectare. Les rendements ont baissé. Le riz, en dehors de la vallée du fleuve, le riz pluvial, sauf en Casamance, ne dépassait pas les 200 tonnes à l’hectare. Ce sont des rendements extrêmement faibles. Il faut fondamentalement s’attaquer à la revalorisation des sols. C’est un facteur de production. Le second, c’est les semences. Elles interviennent pour près de 40 % dans les rendements. Si vous avez de mauvaises semences, vous ne pouvez pas avoir de bonnes productions. Ce n’est pas possible. Et enfin l’eau, il faut la maîtriser. 

Les pays qui ont réussi à régler leur problème alimentaire, ce sont ceux qui irriguent au moins le quart de l’ensemble de leurs superficies de cultures. Or, aujourd’hui nous cultivons à peu près 2,5 millions d’hectares, sur 12,5 millions de potentiels. Cela a régressé par rapport à notre temps (le régime socialiste : Ndlr) où nous étions à 2,8 millions. Les surfaces cultivées ont même diminué. Si les techniques permettaient d’avoir sur chaque surface cultivée un rendement plus important, on gagnerait. Mais si les rendements baissent parce que la fertilité baisse, si les surfaces cultivées baissent également, et si l’âge moyen de ceux qui sont affectés à la terre augmente - la moyenne de ceux qui cultivent aujourd’hui, c’est plus de 60 ans - la production également va baisser. Les jeunes ne repartent pas à la terre. Si vous n’utilisez pas de fertilisants, vous ne pouvez pas prétendre avoir un progrès, encore moins des rendements importants. C’est ce qui fait que la politique agricole de ce pays ne marche pas. ‘Lorsque vous n’avez même pas 30 milliards d’investissements tous les ans pour le riz, vous ne pouvez pas prétendre régler le problème de l’autosuffisance alimentaire. Nous sommes donc vraiment loin de l’autosuffisance, surtout en riz.’ 

On a noté, depuis quelque temps, un phénomène d’accaparement des terres. Quelle politique adoptée pour que les vrais paysans ne soient pas privés de leurs terres ?

 

 Je crois que là aussi il faut une politique claire. On ne peut pas progresser si on n’améliore pas les conditions de travail des paysans. Il faut moderniser. Nous avons commencé par la mécanisation. Le pouvoir est venu, il a voulu aller très vite, il a voulu motoriser. Mais vous ne pouvez pas remettre des tracteurs à des paysans qui ne savent pas lire ni écrire, qui n’ont même pas de quoi acheter de l’essence pour mettre dans ces tracteurs. Et sans (un) service après vente pour ces engins. Donc, vous mettez la charrue avant les bœufs. La motorisation ne peut pas précéder la mécanisation. Il faut donc franchir des étapes. 

Vous vous souvenez à l’époque avec la traction animale, ça c’est la mécanisation, et c’était adapté aux paysans. Au fur et à mesure, lorsqu’ils auront acquis des connaissances et des niveaux élevés, on peut aller vers une seconde phase de motorisation, mais cela prend du temps. Et en attendant, je parle notamment pour des zones où il y a suffisamment de terres, il faut permettre à des opérateurs économiques privés de venir avec des moyens économiques modernes pour augmenter la production. Il n’y a pas d’incompatibilité. Dans la vallée du fleuve, nous avons un potentiel de 240 mille hectares. 

Il est possible de laisser les paysans du fleuve continuer à cultiver dans leur périmètre traditionnel avec des moyens traditionnels, mais il faut affecter à des opérateurs privés, ayant des moyens importants, des terres pour qu’ils puissent, par une motorisation adaptée, augmenter rapidement la production. Mais il ne s’agit pas de prendre les terres des paysans pour les donner à des privés riches, pour que les paysans deviennent des ouvriers agricoles. Il y a suffisamment de terres pour que les paysans puissent continuer et s’améliorer au fur et à mesure sur leurs propres terres. Mais les terres vierges non exploitées peuvent être mises à la disposition d’opérateurs privés capables, ayant des moyens modernes. C’est une politique qui nécessite une réflexion et une prise de décision à un plus haut niveau. Ces paysans ont besoin d’abord de vivre avec leurs propres moyens. 

Il y a suffisamment de terres pour qu’ils puissent continuer à exercer leur métier d’agriculteur sur ces terres, en améliorant petit à petit les conditions de travail. Je pense que c’est ce qu’on avait commencé à faire. On a introduit la traction animale. Avec cela, on fait plus de surfaces qu’avec les moyens traditionnels. Et au fur et à mesure ses enfants et petits enfants vont grandir et acquérir eux aussi des moyens plus modernes pour développer l’agriculture. Parce que si l’agriculture ne nourrit pas son homme, personne ne continuera à la faire. Les hommes vont quitter pour aller chercher du travail en ville. Lorsqu’un paysan gagne en une année ce qu’un citadin gagne par mois, il n’y a aucune raison qu’un jeune aille en brousse pour trimer et gagner seulement 40 à 50 mille francs Cfa. Le problème est là. Il faut que l’agriculture arrive à nourrir son homme, sinon personne aujourd’hui ne retournera à la terre. Et nous assistons à ce phénomène. Je vous ai dit que la moyenne de ceux qui vont à l’agriculture aujourd’hui, c’est au moins 60 ans.Il n’y a pas beaucoup de jeunes qui retournent à la terre. 

Pourtant le gouvernement à initier le plan Reva pour encourager le retour vers l’agriculture ?

 

 Heureusement qu’il porte son nom. C’est un plan où on rêve. Mais la réalité est tout à fait autre chose. On peut continuer de rêver, mais qui rêvera verra bien le résultat. Cela n’a pas donné de résultat. Les jeunes fuient le monde rural, fuient la campagne pour aller vers les villes. Et il faut, de mon point de vue, un minimum de conditions de vie acceptable en milieu rural pour que les gens y restent. Il n’y a pas seulement l’aspect agriculture. Il faut que ces jeunes puissent y vivre décemment, qu’il y ait des écoles, des dispensaires, des distractions, bref il faut déconcentrer un peu Dakar pour permettre en milieu rural des conditions minimales de vie. Malheureusement ce n’est pas le cas. On a tout concentré sur Dakar. 

Les infrastructures aujourd’hui sont à Dakar. On dit que le pouvoir actuel et le régime de l’Alternance a beaucoup fait. En dehors des infrastructures urbaines concentrées à Dakar, rien n’est fait en milieu rural. Là aussi c’est un choix. Je ne dis pas que ce qui est fait à Dakar n’est pas bon. Je ne dis pas que ce n’est pas utile, mais tout est une question de priorité. On a mis trop d’argent à Dakar et pas assez là où il y a le maximum de monde. C’est ça le problème. De mon point de vue, il y a une nécessité de rationnaliser la politique, et d’opérer des choix de manière à ce que les priorités ressortent. Et enfin, il manque une planification. 

Qu’est-ce qu’on a envie de faire dans deux ans, trois ans, quatre ans, dans les différents secteurs ? 

Je ne prends pas seulement l’agriculture, cette fois-ci. Il n’y a aucune visibilité. Alors les projets sortent comme ça, comme des crottes de biques. Il n’y a aucune vision, aucune planification rigoureuse. Comme à l’époque où il y avait un ministère du Plan qui permettait de voir dans cinq, dix, quinze ans, ce qu’on va faire. Hier, (l’entretien s’est déroulé vendredi dernier, Ndlr) je regardais à la télévision et je vois un président de la République en plein Conseil des ministres qui fait venir la télé pour annoncer des projets. Il veut de l’aéroport Léopold Sédar Senghor faire une cité des affaires.

 Ça sort comme ça, brusquement. Il dit que c’est parmi les grands projets, le plus grand projet. Faire une cité des affaires. Alors, tous les Sénégalais se réveillent et s’aperçoivent que le régime veut créer une cité des affaires là où il y avait l’aéroport. Mais enfin, soyons sérieux. Ces choses-là se planifient. Et pour un grand libéral, qu’est le président Wade, on se lève pour dire que 35% des capitaux des sociétés des télécoms, l’Etat va les prendre. Pour vous dire que ces improvisations ne peuvent pas permettre de progresser. Et encore une autre cause de la forfaiture de ce régime, je ne suis pas assez sévère quand je dis ça, c’est qu’il n’y a pas un gouvernement stable. Nous avons eu combien de chefs de gouvernement, six premiers ministres, en 11 ans. En moyenne, un homme tous les six mois.

 Un ministre arrive dans un ministère et en moins d’un an qu’est-ce que vous voulez qu’il fasse ? 

 

Il a à peine pris connaissance des réalités de ce ministère qu’on le chasse. Rien que dans le Sport, je crois qu’on est au énième ministre. C’est un gouvernement qui tâtonne. L’insuccès provient de là. Encore une fois, je ne dis pas que les infrastructures ne sont pas utiles. Si, elles sont toujours utiles.

 Mais est-ce que ces infrastructures sont réalisées là où on devrait le faire ?

 

 De mon point de vue, on aurait dû rationnaliser. On a besoin de plus de routes, on a besoin de plus de productions, des routes carrossables dans les régions. C’est cela qui peut booster la production.

 Mais combien de Sénégalais ont une voiture, pour profiter des infrastructures dakaroises ?

 Je suis sûr que parmi les gens de Guédiawaye, il y en a qui ne savent même pas là où se trouve la Corniche. ‘On ne peut pas progresser si on n’améliore pas les conditions de travail des paysans. Il faut moderniser. Nous avons commencé par la mécanisation. Le pouvoir de l’alternance est venu, il a voulu aller très vite, il a voulu motoriser. Mais vous ne pouvez pas remettre des tracteurs à des paysans qui ne savent pas lire ni écrire, qui n’ont même pas de quoi acheter de l’essence pour mettre dans ces tracteurs.’ Pour en revenir à l’appauvrissement des sols, on a constaté que suite à la pression des bailleurs de fonds, le gouvernement a arrêté certaines subventions. 

Cela ne constitue-t-il pas un frein pour le développement de l’agriculture ?

 En fait, les institutions de Bretton Woods, plus les autres bailleurs, qu’ils soient unilatéraux ou multilatéraux, ne s’opposent pas en tant que tel aux subventions. Mais ce qu’elles disent est que l’argent qu’on vous donne pour des investissements ne le prenez pas pour subventionner. Et si vous voulez subventionner avec votre propre argent, faites-le. Dans beaucoup de pays en Afrique, les gens subventionnent leurs productions, mais dans leur propre budget. Ils ne nous empêchent pas de subventionner avec nos propres moyens, mais on ne peut pas prendre leur argent pour le faire, c’est ça la différence. Ecoutez, toutes les agricultures sont subventionnées. 

Mêmes les Américains, ils sont les premiers à subventionner. Les Français, les Allemands, ils subventionnent leurs productions. Et ils le font avec leur propre pognon. Mais vous n’allez pas emprunter de l’argent pour subventionner un pauvre paysan. L’Etat aurait dû, par une politique volontariste, dans son propre budget, prévoir de subventionner les importations de matériel agricole, d’engrais par exemple. Ils le font. Ils subventionnent l’engrais et le matériel agricole mais à des niveaux tellement faibles que le paysan ne peut même pas, avec les revenus qu’il a, en profiter. Quel regard portez-vous sur la Goana La Goana, c’est une politique que j’ai saluée en son temps. J’avais applaudi. J’ai dit, pour une fois, on a redonné à l’agriculture sa place. C'est-à-dire la priorité. Parce que c’est quand même 60 à 65 % de la population. C’est la priorité. Mais, j’ai été déçu de constater que dans la pratique, c’est un effet d’annonce. Et finalement, une annonce sans effet.

 Pourquoi ? Parce que, où est-ce qu’on en est dans cette Goana ? 

Lorsque vous n’investissez pas, que vous ne mettez pas dans l’agriculture les moyens qui vous permettent d’atteindre les objectifs de la Goana, vous n’en relevez pas. J’ai à un moment suivi les objectifs du Mali. Le Mali avait prévu pour trois ans, 267 milliards de francs Cfa pour atteindre son autosuffisance en riz. L’année dernière, au bout de la troisième année, le Mali a atteint 950 mille tonnes de riz. C’est extraordinaire. Il avait atteint pratiquement le niveau de ses besoins. Mais il y a mis le paquet.

 Quel est l’objectif du Sénégal ?

 Il dit qu’il veut produire son autosuffisance, c'est-à-dire réunir à peu près la même quantité que le Mali, 950 mille tonnes de riz. Mais aujourd’hui, le Sénégal ne produit même pas 100 mille tonnes de riz. Son objectif de la Goana, c’était l’autosuffisance. Mais parce qu’on n’y a pas mis les moyens. Nous n’investissons pas 30 milliards tous les ans pour la production du riz. Donc cette Goana, il faut la laisser. 

C’est un vœu pieux, encore une fois. C’est un effet d’annonce. Moi j’avais applaudi, parce qu’on est revenu à l’essentiel. C'est-à-dire l’agriculture qui occupe le maximum de la population et également aux objectifs nobles de recherche de l’autosuffisance alimentaire. Mais dans la pratique, on n’a pas mis les moyens, pour fertiliser les sols, pour les engrais, pour avoir des semences de qualité, pour former comme il faut le paysan. Or, la formation c’est important. Par conséquent, cette Goana est vouée à l’échec. Quand on fera le bilan, on s’apercevra que c’est un échec. ‘La Goana c’est une politique que j’ai saluée en son temps. J’avais applaudi. (…) Mais, j’ai été déçu de constater que dans la pratique, c’est un effet d’annonce. Et finalement, une annonce sans effet.’ 

Que faire pour corriger ce problème ? 

Il faut appliquer ce qu’on a dit. Mais il y a trois facteurs essentiels. La terre, le travail et le capital. Ce sont avec ces trois facteurs qu’on peut développer une agriculture. La terre est là, on n’y met pas le capital, il n’y a pas suffisamment de travail. Donc, on ne peut pas atteindre les objectifs qu’on s’est fixés. Il faut s’en donner les moyens, c’est tout. Mais quand on fait du verbe, qu’on passe tout le temps à conjuguer, et que dans la pratique on ne voit rien arriver, on ne peut pas réussir. Vous savez, l’emploi des jeunes dont on parle, il n’y a pas beaucoup de possibilités, si ce n’est la terre. Il faut encourager les jeunes à retourner à la terre, mais en y mettant les moyens pour qu’ils trouvent dans l’activité rurale de quoi vivre.

 Si le travail doit demeurer toujours pénible, si on ne sécurise pas (parce que les pluies, il y a des années où c’est bon, des années où ce n’est pas bon), si le résultat de la production vous avez du mal à l’écouler, vous n’encouragez pas les jeunes. Ils se disent + je préfère aller vendre les cartes de la Sonatel dans les rues de Dakar, parce que au bout du mois j’aurai peut-être 40 ou 50 mille francs. Mais si je vais là-bas dans mon patelin de village, je ne sais pas combien je vais gagner. C’est dur, c’est pénible et je n’ai pas les infrastructures de loisir qu’il faut+. Les jeunes sont là en ville, ou bien ils cherchent à aller en Europe. Ils font de la mer leur cimetière. Ce phénomène est apparu. Des gens qui prennent des pirogues pour essayer d’aller en Espagne. 

C’est quand même le bout du désespoir. Pour risquer sa vie comme ils le font, il faut vraiment qu’il n’y ait plus d’espoir pour le faire. Il faut que l’Etat donne à ces jeunes l’espoir. Si les jeunes désespèrent, c’est la catastrophe. Une jeunesse sans espoir, c’est la panique. Nous en sommes là. Ce phénomène d’errance et de tentative d’émigration vers les pays européens en risquant sa vie, on est arrivé au bout du désespoir. *(A Suivre)



18 Commentaires

  1. Auteur

    Moi

    En Octobre, 2011 (01:02 AM)
    NOOO KATT NO NEKH.. 34 MN NON STOP... KI DI MIEU.... VIEN JUST DE TERMINER.... NEKH   <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">  
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  2. Auteur

    Pepes

    En Octobre, 2011 (01:11 AM)
    ROBERT...LE SENEGAL A UNE MEMOIRE.DES DOCUMENTS D'ENQUETE SUR LA GESTION CATASTROPHIQUE DE ROBERT.ON SE SOUVIENT,ENTRE AUTRES,DE L'EXCELLENT TRAVAIL DU JOURNALISTE OUSSEYNOU GUEYE...
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    Auteur

    Keykendo

    En Octobre, 2011 (01:12 AM)
    ARTICLE UN PEU TROP LONG KAMEM
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    Auteur

    Bolton

    En Octobre, 2011 (01:59 AM)
    C'EST LE MINISTRE DES REBELLES. :sn:  :sn:  :sn: 
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    Auteur

    Mauvais Journaliste

    En Octobre, 2011 (02:10 AM)
    LE JOURNALISTE A LA DIFFICULTE DE STRUCTURER L`ENTREVUE. DOMMAGE CE QUE ROBERT DIT EST TRES INTERESSANT MAIS LE JOURNALISTE QUI A RESTITUE L`ENTREVUE EST NUL.
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    Auteur

    Fith Mith

    En Octobre, 2011 (02:11 AM)
    Rires! Quand les Neuronnes de nos Senewebiens n´arrivent pas a se connecter tres longtemps sur une lecture....Certains disent que c´est TROP LONG L´INTERVIEW... RIRES! D´autres font du no comment sur le sujet et exhibent le conferencier.....D´autres font completement hor sujet en parlant de Rebelle..rireskkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkk

    Vraiment Marrant le niveau intellectuel de ces senewebien
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    Auteur

    W454

    En Octobre, 2011 (02:26 AM)
    Monsieur Sagna nous démontre ici sa maitrise du dossier de l'agriculture tout en ridiculisant le gouvernement et en exposant le manque de vision du president Wade.
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    Auteur

    Ely

    En Octobre, 2011 (03:41 AM)
    A propos des investissements nombreux mais absents totalement d'intérêt pour les besoins urgents et d'avenir pour le pays, il est domage de manquer de lucidité pour ces Sénégalais qui comparent avec injustice et parfois malhonnêteté une époque de VACHE MAIGRE du BPS-BDS-UPS-PS PS de grande lutte anti coloniale ou de sortie après 400ans d'esclavagisme, de domination et 50 ans de blasphères des capacités de l'Homme noire et de vol continu des trésors africains ( le Tam-Tams ET valises bourés d'OR ET d'ARGENT) à une Epoque PDS ( à compter des Années 1990/2000) assimilable à une époque GLORIEUSE où l'Afrique commence à s'éveiller pour mieux controler ses propres biens et réclamer les domages du Pillage esclavagiste: à partir de 2000 en particulier WADE ET LE PDS ont eu en une seule Année le double ou triple des possibilités positives en tout genre que celles obtenues en 40ans de cette Epoque juste après les Indépendances.



    Le problème de WADE ET SON PDS est (comme le souligne en TOUTE VERITE Mr ROBERT SAGNA ) QUE TOUT EST FAIT A L'AVEUGLETTE ET PAR DES INCAPABLES,; AUCUNE PROGRAMMATION DES PROJETS, AUCUNE ETUDE SERIEUSE DE FAISABILITE, DE DURE DE VIE DES PROJETS D'INFRASTRUCTURES, DE MAINTENANCE, ... même pour les VOIES ET GARAGES DE DE DESERTE notamment Chemin de FER- ROUTES/AUTOROUTE - MER - FLUVIAL - AIR.

    Exemples flagrants : les Routes et Autoroute cabossées avec des trous ici et là avant même leur réception et avec de très faible fréquentation faute d'absence au préalable d'études statistique, de taus de fréquentation, de points de dévers dagereux, ... la ''Merveille de la Resistance Africaine '' qui risque de se casser la gueule dans moins de 10 ans faute d'étude auparavant du programme de Gestion et de la Maintenance, ....



    FINALEMENT WADE ET SON SOPI-SATIA ONT CERTES FAIT BEAUCOUP DE REALISATION SOUS UNE EPOQUE PLUS GLORIEUSE, MAI HELAS AUCUNE DE CES REALISATIONS N'EST FIABLE, NI RENTABLE ; MEME SUR LE DOMAINE DE LA FORMATION, ON REMARQUE QU'AVEC LA MULTITUDE DES COLLEGES, LYCEES, CENTRES D'ENSEIGNEMTS SUP, LES GENS ISSUS DE CES CYCLES SONT TROP NULS FAUTE D'ENSEIGNANTS COMPETENTS !!!! C'EST LA REALITE INFALCIFIABLE HELAS !!!
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    Auteur

    Peuls,

    En Octobre, 2011 (06:22 AM)
    Le drame des minables wade & bandes & certains-es c'est qu'ils n'arrivent pas à comprendre que les dignes & nobles Sénégalais-es ne sont pas comme leurs semblables, inaptes à la réflexion-à l'analyse, qui se contentent sottement de l'apparence ou des slogans ou des gros mots. D'où le recours permanent de ces indignes à des funestes mensonges-exhibtions vulgaires-bavardages creux-agressifs-obscénes, convaincus-es d'avance que leurs semblables ne seront jamais aptes à décrypter les contenus mensongers de leurs indignes crachats. reva-goana-machin, tout cela abrite des SOTTISES qui détruisent le Sénégal! Car avec ces trucs il ne s'agit que de moyens funestes de saccager les deniers publics-brader les terres-piller les ressources. NOUS avons vu-entendu-lu certains-es toute HONTE bue, s'agiter obscénement pour le tunnel de la mort-le monument de la HONTE-le théâtre des malheurs-l'autoroute des misères.l'aéroport des drames. Certains-es.... PEULS.
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    Auteur

    Louzito

    En Octobre, 2011 (09:20 AM)
    La région de Ziguinchor pouvait devenir le grenier du Sénégal s'il n'y avait pas la guerre.
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    Auteur

    Opinion

    En Octobre, 2011 (10:39 AM)
    Mais il ne manque pas de culot ce monsieur là . Ce que Me Wade a fait dans la filière de l'arachide en 11ans vous n'avez même pas fait le quart en 40 ans de règne et vous osez parler.
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    Auteur

    Khelmourafet

    En Octobre, 2011 (10:48 AM)
    Les paysans regrettent le fait que Me Wade soit président un peu tard sinon l'agriculture sénégalaise aurait dépassé ce stade depuis . Donc monsieur Robert tu ne sais pas ce qui tu dis si tu parles ainsi.
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    Auteur

    Sekou

    En Octobre, 2011 (11:39 AM)
    si le government publie des statistics erronnes, c'est grave. Je propose un debat televise entre les deux ministres de l'agriculture et un panel d'experts et de producteurs pour nous eclaircir

    merci
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    Auteur

    Ngagne__

    En Octobre, 2011 (13:08 PM)
    M. Robert SAGNA sait très bien de quoi il parle.

    Le Pdt de la république parle d'autosuffisance en riz alors que les opérateurs économiques débarquent 800.000 tonnes de riz par an.

    On nous parle d'une production d'un million de tonnes d'arachide. C'est possible, mais avant 2000, le Sénégal l'avait fait.

    Le problème avec le million de tonnes d'arachide de WADE, c'est que cette quantité d'arachide n'est pas visible.

    Du faux, rien que du faux. Les chiffres officiels provenant des ministères principalement celui des Finances, sont faux.

     :sn: 
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    Auteur

    Patali

    En Octobre, 2011 (15:12 PM)
    la restitution est mal faite.Robert est plus concis.
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    Auteur

    Ely

    En Octobre, 2011 (16:22 PM)
    On voit bien l'ignorence et le manque de discernement de certains sénégalais pour critiquer positivement l'un ou l'autre des REGIMES tel celui du PS qui avait à gérer une époque beucoup plus difficile sur divers plans socio-économique d'une part ET d'autre part celui du PDS qui, 40ans a trouvé une époque où l'Afrique noire s'est libéré de complexes ET de barrières divers(e)s ANTI EVOLUTION.



    UN EXEMPLE CRUCIAL : sur ce sujet de l'Agriculture, production de l'Arachide est l'une des principales richesses du Sénégal ET ceux qui critiquent le PS sur ce cas précis oublient la GRANDE MASSE DES VOLEURS LIBANAIS que LA FRANCE AVAIT INSTALLE SUR LE TERRITOIRE POUR S'APPROPRIER DE CETTE RICHESSE DEPUIS DES SIECLES JUSQU'AUX ANNEES 2000 PRESQUE. IL A FALLU 30 a 40 ANS POUR REMETTRE DE L'ORDRE DANS CE SECTEUR PRIMORDIAL : allez voir au Sine-Saloum, au Sénégal oriental, au Baol et en particulier en Casamance les Hangars, Bâtiments restés à l'abandons par ces Libanais qui ont fini par FUIR LACHEMENT sous la protection française.



    Même les pays africains des lacs aux multiples richesses (GABON, CAMEROUN, NIGERIA, GUINEE BISAU) n'ont pris l'evol que vers la fin des années 1990/2000; ils étaient durant ces 40 ans après les indépendances BEAUCOUP MOINS DEVELOPPES QUE LE SENEGAL QUI N'A PAS DE PETROLE MAIS BEAUCOUP PLUS D'IDEE : c'est dommage qu'une nouvelle génération COMPARE CE QUI N'EST PAS COMPARABLE.
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    Auteur

    Abo

    En Octobre, 2011 (17:29 PM)
    Analyse intéressante
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    Auteur

    Nantais

    En Octobre, 2011 (14:25 PM)
    Il suffit de s'intéresser au secteur agricole sénégalais pour comprendre facilement les propos de Robert Sagna. Je fais mes études sur les questions agricoles au sénégal et je sais que l'argument de Robert tient sa pertinence méme si, en tant qu'ancien Ministre de l'Agriculture sous régime socialiste, ils auraient pu faire mieux que de libéraliser le secteur agricole en transférant les coûts et charges aux pauvres paysans qui n'ont pas été formés au préalable. Donc les difficultés de l'agriculture sénégalaise ne datent pas d'aujourd'hui, elle a cessé d'étre une priorité des gouvernements depuis la fin des années 1980, qui coïncide avec le retrait de l'État et la fin des subventions agricoles. C'est vrai que depuis l'alternance, l'agriculture est plongée dans une crise sans précédent. Les paysans sont laissés pour compte, les terres de culture sont complétement épuisées, il n'existe aucune politique de commercialisation qui puisse réguler le marché intérieur et permettre aux producteurs locaux d'écouler leur production. les facteurs de production sont obsolètes et l'accès au financement de campagnes agricoles est devenu problématique, les importations de produits agricoles, le riz en particulier, ont doublées voire triplées. Il suffit d'aller au niveau de nos frontières pour le constater, c'est énorme la quantité de riz qui transite à la frontière avec le Mali. Avec ça, il est impossible de parler d'autosuffisance alimentaire. Les importations tuent notre agriculture et étouffent nos graves paysans. Tous les pays aujourd'hui prospèrent ont d'abord résolu le problème de l'agriculture, sans cela, aucun développement n'est possible et cela passe sans doute des subventions agricoles et des investissements dans le secteurs. Faut pas se leurrer, personne ne nous aidera à financer notre agriculture et à subventionner nos paysans. Les jeunes auront le courage de retourner vers l'agriculture s'ils sont sûrs de pouvoir vivre de ce métier.
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