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Téléphones portables : chute libre d’un fulgurant succès commercial

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Téléphones portables : chute libre d’un fulgurant succès commercial

Dakar, 3 avr (APS) - 9h, avenue Emile Badiane. Malgré l’heure matinale, ce lieu de négoce situé au cœur du Plateau, le quartier des affaires de la capitale sénégalaise, grouille déjà de monde. Le long de la voie défile un incessant ballet de personnes et de véhicules, surtout les bus de ‘’Dakar dem dikk’’ dont les timbres sonores dominent par intermittence les interpellations entre acheteurs et vendeurs. Des habits sont exposés dans les magasins et cantines à l’attention des passants, mais il y a surtout des téléphones portables.

Ils sont là, exposés dans des vitrines blanchâtres de formes géométriques diverses. Disposées en horizontale ou en verticale, les vitrines, de formes rectangulaires pour la plupart, parfois cylindriques ou en forme de polygones, sont en même temps munies d’un tourniquet qui les fait pivoter lentement. Rien que pour le plaisir des yeux du client.

Bien conservés comme des bijoux familiaux dans leur écrin, les téléphones portables s’offrent ainsi aux yeux d’acheteurs potentiels, à travers toutes les marques et qualités imaginables.

Longtemps perçu comme la marque d’une appartenance à une élite, le téléphone portable est devenu maintenant si accessible que sa vente connaît un certain ralentissement. Entre 2000 et 2004, c’était les beaux jours du commerce du téléphone portable, selon de nombreux commerçants. A cette époque, expliquent-ils, on n’en trouvait pas en dessous de 40.000 francs CFA.

’’Avant, pour trouver un téléphone de 40.000 francs, c’était difficile’’, explique Ibrahima Bâ, trouvé sur la route Peytavin. Selon lui, aujourd’hui on peut s’en procurer à 18.000 francs CFA. Surtout que les marchands ambulants ont investi le créneau, compromettant quelque part l’image et la crédibilité des vendeurs ayant pignon sur rue.

’’Notre marché à baissé actuellement. C’est à cause des marchands ambulants qui sont entrés dans ce commerce. Ils vendent des téléphones qui ne sont pas forcément bons. Dès que le client arrive chez, lui il constate que ce n’est pas bon et il n’a même plus la possibilité de faire des réclamations. Finalement, les clients n’ont même plus confiance en ceux qui ont des magasins’’, relève Saliou Thiaw, de la rue Emile Badiane.

’’Tu achètes, ajoute-t-il, un téléphone par exemple à 1000F et tu veux le vendre à 1500F. Le marchand ambulant qui n’a pas à payer de taxes ni à s’acquitter d’une location, cèdera le même téléphone à 1200F. Cela nous gêne beaucoup. Certains clients qui n’ont pas beaucoup de moyens préfèrent donc acheter chez ces marchands ambulants qui vendent moins cher. De ce fait, nous rencontrons d’énormes difficultés’’.

Le résultat c’est qu’après avoir ‘’étouffé’’ les télécentres et rendu la vie dure aux photographes professionnels, le marché du téléphone portable ne fait plus les mêmes bonnes affaires comme c’était le cas il y a quelques années.

Ainsi va le marché rythmé par la loi de l’offre et de la demande qui l’ajuste. Chez Saliou par exemple, le portable le plus cher coûte 125.000 FCFA. Ce prix est dicté par ses multiples fonctions de l’appareil : caméra photo, radio carte mémoire, blue tooth, MP3, Internet, enregistreur. En comparaison, le téléphone le moins coûteux vaut 18.000 francs CFA. ‘’Ça, c’est pour les +goorgoorlu+ quoi’’, rigole Saliou Thiaw.

’’Il y a des téléphones que nous ne pouvons pas vendre parce qu’ils coûtent très chers. Et puis certaines personnes ne peuvent pas non plus acheter ces téléphones. Elles les désirent mais leurs moyens ne le leur permettent pas’’, ajoute le commerçant qui fait allusion aux cellulaires multifonctionnelles.

Pour enrayer la morosité du marché de la téléphonie mobile, Saliou et ses collègues essaient de recourir à différentes stratégies. Ainsi Cheikh Diop révèle qu’il se borne à ne vendre que les marques en vogue, là où Ibrahima Bâ se spécialise dans le négoce des téléphones les plus accessibles. Qui fait des deux a pris la bonne option ? Le marché, seul juge, en décidera finalement.

Cheikh Mbaye, autre commerçant trouvé sur l’avenue Peytavin, reconnaît que le marché du portable est actuellement moins juteux. Selon lui, la faute est à la concurrence même si c’est positif quelque part. ‘’C’est bien parce que la concurrence c’est quelque chose de bien pour le marché. Même si avant, c’était mieux pour nous. Actuellement, nos recettes ont baissé. On vendait plus de téléphones. Le portable ne vaut plus rien maintenant’’, confie le marchand.

En vérité, la situation de morosité est le fait de certains nantis notamment qui ramènent souvent de leurs voyages à l’étranger des téléphones portables pour les céder à des prix très accessibles. ‘’Ce sont, indique M. Mbaye, des gens qui ont beaucoup de moyens qui peuvent voyager et apporter des téléphones pour les vendre beaucoup moins cher que nous’’.

’’C’est ça le problème. Nous, nous n’avons pas les moyens de voyager. Nous achetons sur place. Maintenant, tout le monde s’est engagé dans le marché du portable. Et si on ne baisse pas les prix, on risque de ne rien vendre’’, se plaint Cheikh Mbaye qui indexe entre autres les téléphones cellulaires importés de Mauritanie.

La percée du téléphone portable en Afrique en général, au Sénégal en particulier, et surtout son accessibilité sont à mettre sur le compte de l’émergence de nouvelles puissances comme la Chine, soutiennent des observateurs.

Selon un article publié en décembre dernier par l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, la Chine a produit 500 millions d’exemplaires de téléphones portables en 2007, soit 40 pour cent de l’offre mondiale.

’’Cette performance technologique, industrielle et commerciale profite deux fois à l’Afrique. Une première fois quand Pékin achète les matières premières nécessaires à la fabrication des puces électroniques, et notamment le niobium, le silicium ou le tantale qui entrent dans leur composition et qu’extraient de leur sol la République démocratique du Congo, l’Afrique du Sud ou l’Éthiopie. Une deuxième fois lorsque la Chine vend à bon compte des portables à la portée des pouvoirs d’achat africains’’, écrit le magazine édité à Paris.

FNA/BK/CTN


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