Modou Diouf Der, pêcheur à Fass Boye dans le département de Tivaouane, a été le premier des accusés à comparaître à la cours d’assise de la première session 2010 pour meurtre commis sur son épouse, Mame Diarra Fall. Bourreau de son épouse qui venait de lui donner un enfant, Modou Diouf conçut mal le refus de celle-ci d’entretenir des rapports sexuels. Il le poignarda. Son évocation d’états seconds ne le tireront pas d’affaire puisqu’il a été condamné à 15 ans ferme.
Les faits qui ont conduit Modou Diouf à la barre remontent au 4 novembre 2006. L’accusé était en détention depuis le 8 novembre 2006 à la maison d’arrêt et de correction de Thiès.
Les gendarmes, alertés, s’étaient rendu au village voisin d’Andal où s’était réfugié le meurtrier une fois son forfait commis. Ils ont procédé à l’arrestation du meurtrier. A l’origine de cette affaire, les pandores de la brigade de Mboro ont indiqué que le mis en cause était venu chez ses beaux-parents en vue d’entretenir des rapports intimes avec sa douce moitié. Cette dernière avait mis au monde son premier bébé depuis un peu plus d’un mois. En effet, Mame Diarra, eu égard à sa santé un peu fragile, avait demandé à son jeune époux de lui accorder un repos juste le temps de se soigner et de s’occuper de son nouveau-né. Modou Diouf Der vit rouge et demanda à son beau-père de lui restituer les 50.000 francs Cfa, montant de sa dot. Il ira même jusqu’à menacer celui-ci de mort, ainsi qu’à son épouse à qui il promit l’enfer.
De peur qu’il ne mette à exécution sa menace, le maître des lieux, Ellis Mathioune Fall, réunit ladite somme qu’il remit à Modou Diouf Der. Contre toute attente, ce dernier reviendra deux jours plus tard alors que la maison s’était vidée de ses occupants partis à un mariage. Il n’y avait dans la concession que Mame Diarra et sa jeune sœur. Ce n’est que quelques minutes plus tard que la petite sœur de cette dernière entendit des cris stridents poussés par sa grande sœur. Quant à Modou Diouf Der, il ne fit que prendre la poudre d’escampette pour aller se réfugier au village d’Andal. Les gendarmes constatèrent à leur tour que la jeune femme était passée de vie à trépas. Ensuite, le spectacle était on ne peut plus désolant avec un désordre indescriptible dans la chambre de la défunte qui baignait dans une mare de sang. Mame Diarra qui agonisait, fut transportée au niveau du poste de santé de Diogo, puis à Mboro. Et c’est au cours de son évacuation au centre hospitalier de Thiès qu’elle rendit l’âme. Le Dr Abdoulaye Bâ fait état d’une plaie sus-capillaire droite d’environ 2 cm de large avec effraction des muscles vertèbres atteignant la région prétoriale, un hématome rétro péritonéale au regard des vaisseaux et atteinte de la veine cave. L’intention de donner la mort semble réelle pour ce pêcheur de 26 ans qu’on dépeint comme étant un garçon taciturne, de nature clame et casanier.
Son père, entendu devant la barre, laisse entendre qu’il est souvent en proie à des crises qui lui font perdre momentanément connaissance.
Entendu par les enquêteurs, le mis en cause a déclaré que sa défunte épouse portait par devers elle, lors de cette fameuse nuit, un couteau qu’elle gardé sous le matelas. Il dit que c’est cette dernière qui l’a piqué au bas-ventre. « C’est ainsi que j’ai riposté en lui portant deux coups au niveau de la fosse iliaque et au dos », avait-il soutenu. Face au magistrat instructeur, il donne une autre version des faits en déclarant que c’est Mame Diarra qui utilisait dans la cuisine un couteau avant de le blesser.
Seulement, l’accusé change souvent de disque et s’empêtre dans des dénégations à n’en plus finir. Selon lui, il était en proie à des crises. « Je ne me souviens de rien. Je n’ai jamais fait de telles déclarations » dira-t-il. En effet, Modou Diouf Der déclare n’avoir jamais reçu les 50.000 francs des mains de son beau-père, encore moins détenu un couteau.
Dans sa plaidoirie, le parquet affirme que le mis en cause avait bel et bien l’intention de donner la mort. Pour l’avocat général Ndiaga Yade, le fait d’avoir mis en avant ces crises ne le dédouane nullement. Donc, pas d’incidence sur sa responsabilité morale. Selon lui, l’accusé est bien l’auteur des faits qui lui sont reprochés. Pour la répression, il a requis 20 ans de travaux forcés. La cour l’a finalement condamné à 15 ans ferme.
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