A la place des récriminations sans cesse tributaires d’une fin de journée de dur labeur, à la recherche en vain de l’eau, les femmes de Touba se livrent désormais quotidiennement à des ‘sabar’. La magie de la technique a subitement contribué à abréger leurs calvaires, ce qu’elles ont du mal à cacher. Les fermes instructions du khalife général des mourides relatives aux récurrentes pénuries d’eau à Touba à l’endroit du ministre de l’Hydraulique, lors de sa dernière visite dans la capitale du mouridisme, ont eu le mérite de changer, en si peu de temps, le mode de vie des populations.
La joie et le bonheur sont les sentiments les mieux partagés au niveau des quartiers de Pencum Baye Wade, Touba Ndiarém, Gouyou Séw, Usine Khorom où les femmes s’adonnent, ces derniers temps, à des séances de tannebeer pour saluer le retour à la normale de l’approvisionnement en eau courante. Cette situation était inimaginable il y a moins de quinze jours au niveau de ces localités. ’Avant la venue du ministre de l’Hydraulique à Touba, on avait du mal à sortir dans le quartier : les habitants étaient dépassés par la pénurie d’eau à telle enseigne qu’ils avaient relégué au second plan tout le reste de leurs activités’, confie Massamba Keita, conducteur du forage numéro 5.
Une ménagère prompte à laisser éclater son soulagement, soutient ‘qu’au niveau des charrettes ou des marchés, la chanson est la même : le retour de l’eau ne laisse personne indifférent. Promenez dans les rues du quartier et vous allez vous en rendre compte’, nous convie-t-elle. Amy Sarr d’ajouter qu’’il y a moins de quinze jours, c’était impensable d’aller se ravitailler au niveau du marché central. C’est au niveau des vendeurs à la sauvette qu’on se rabattait pour certains achats car, c’est à des heures tardives que nous retournions dans nos ménages après les avoir quittés tôt le matin à la recherche vaine du liquide précieux’.
Le retour de l’eau potable à suffisance fait le malheur de ce charretier qui se rappelle les moments de vaches grasses quand il gagnait à la fin de la journée plus de dix mille francs, représentant le produit de sa vente d’eau dans les quartiers périphériques. Mourtalla Ndao se désole de l’oisiveté qui commence à le gagner. Mais, à côté de ce cadre de vie peint en rose, se cachent des dysfonctionnements pouvant déranger le sommeil des populations de Touba. En effet, au niveau du forage Ndiouga Kébé, un déphasage a été noté dans les tuyaux. Cette anomalie cause d’énormes dégâts aux populations des quartiers de Touba Ndiaréme et une partie de Pencum Baye Wade qui ne reçoivent de l’eau qu’à des heures tardives, moment où les bornes-fontaines des autres quartiers sont aux arrêts.
Non seulement, l’icône défectueuse reliant la sortie qui dessert le forage F Kébé et celle de F5, ne présente pas les mêmes diamètres (315 contre 125), mais elle s’est ensuite affaissée après que la bordure surplombant le forage F Kébé est tombée là-dessus. Une défectuosité qui semble être dans la ligne de mire des techniciens de l’hydraulique. A en croire Massamba Keita, une équipe dépêchée depuis Louga est déjà sur place et réglera le problème dans les prochains jours. L’autre couac qui pourrait influer négativement sur le ravitaillement correct de la cité religieuse en eau pendant le Magal reste les lenteurs notées au niveau de la perforation du nouveau forage de Guédé.
Car même si, à ce niveau, les ouvriers ont dépassé la chambre de pompage et sont à plus de deux cents mètres en profondeur, au rythme où se poursuivent les travaux, il serait quasiment impossible de mettre en marche ce forage d’ici le Magal parce qu’il faudrait plus de trois cents mètres de profondeur pour que le forage puisse être fonctionnel. Autant de questions sur lesquelles le ministre de l’Hydraulique devra apporter des réponses adéquates ce jeudi, au cours de la réunion nationale d’évaluation qui réunit tous les acteurs impliqués dans le Magal et le comité d’organisation conduit par Serigne Cheikh Bassirou Mbacké Abdoul Khadre, dans les locaux du ministère de l’Intérieur.
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