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TOUBA SUR LA ROUTE DE BOUTLIMITT : À la découverte du sauveur du ferry de Rosso

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TOUBA SUR LA ROUTE DE BOUTLIMITT : À la découverte du sauveur du ferry de Rosso
Un héritage mystique, des dons surnaturels… Alioune Ousmane Dia passe pour être l’homme le plus célèbre de Rosso-Sénégal et de Rosso- Mauritanie. Agé de 53 ans, « le sauveur du bac » a pêché plus de 300 personnes depuis plus de 30 ans et sauvé de la noyade deux centaines de vies. Pourtant le cœur meurtri, il dit avoir été délaissé par le Sénégal au profit de la Mauritanie qui ne lui paie que 80.000 francs. Sur la route de Boutlimitt où doivent se rencontrer les héritiers de Serigne Touba et ceux de Cheikh Sidya … un homme pas comme les autres.

De Touba à Rosso-Sénégal, il faut traverser Darou Moukhty, Sagatta, Kébémer, Louga, Saint-Louis. Plus de 400 kilomètres de route. Un chemin pas trop difficile mais très long. C’est Touba qui rend visite à Boutlimitt, ou mieux, c’est la famille de Serigne Touba qui effectue un périple chez celle de Cheikh Sidya. Deux hommes qui se sont côtoyés pendant cinq bonnes années dans le désert mauritanien, qui se sont aimés, supportés et qui ont su pérenniser, par le biais de leurs familles respectives, l’excellence de leurs relations. Il faudra plus de 5 heures de route pour abandonner l’air frais de la capitale du Nord et humer celui chaud et sec de « Gannar ». Le soleil est au dessus de nos têtes. Nous sommes à Rosso-Sénégal. Il suffira d’avancer deux centaines de mètres dans le fleuve pour être en territoire étranger. De Rosso-Sénégal à Rosso-Mauritanie, il faut, inéluctablement, prendre un des deux engins mis à la disposition des voyageurs, si l’on ne veut pas courir le risque de chavirer à bord de ses pirogues qui vous proposent la traversée du fleuve à raison de 200 ouguiyas. Ouguiya … c’est la monnaie mauritanienne. Ce risque, c’est le représentant du Khalif général des Mourides à Saint-Louis qui le prendra. Ahmed Fall voulait s’affairer autour des formalités pour nous faciliter l’entrée en terre étrangère. La délégation de Touba, composée essentiellement de Baol-Baol, préfèrent prendre l’engin. Ici, on l’appelle « bac ». Ces deux ferrys sont offerts au Sénégal et à la Mauritanie par l’Allemagne. Seulement, ils sont entièrement gérés par Nouakchott. Entièrement ! Le conducteur, les matelots, les policiers sont au service du trésor mauritanien même si la traversée est totalement gratuite pour tout le monde et en tout temps. 45 minutes pour passer d’un pays à un autre …. La chose qui frappe le plus, c’est la couleur verte de la tenue des policiers et les kaftans qui, au gré du vent, flottent comme un drapeau. Ici, le wolof est une langue bien utilisée mais c’est l’accent arabe qui le caractérise. Le Hassaniya est seulement la deuxième langue la plus parlée dans cette localité. Le wolof le maltraite même à domicile. Privilège fait aux Mbacké-Mbacké : Cheikh Bass Abdou Khadre, Serigne Cheikh Abdou Gaïndé Fatma, Cheikh Bara Lahad, Serigne Cheikh Bara Maty Lèye et Cie sont restés dans leur véhicule pendant la traversée. Une chose formellement interdite généralement. Le temps de faire le contrôle policier d’usage, nous apparait un homme pas comme les autres. Nous le surnommerons « le sauveur de Rosso ». Et pour cause !

Ousmane Dia où la vie d’un homme qui s’est résumé au fleuve

Il est Sénégalais ou plutôt Mauritanien. Lui-même ne sait pas. Il est né au Sénégal. Ses parents sont aussi Sénégalais mais c’est la Mauritanie qui lui a tout donné même s’il n’a rien. L’homme est chétif, élancé … 1m94 environ. Ses yeux sont enfoncés. De son visage rachitique ne se dégage aucune lueur de bonheur. Il ne sourit pour rien au monde. Sa lèvre supérieure est enflée. Il porte un boubou simple, sale en quelques endroits. Il est père de 4 garçons et de deux filles. « C’est ma seule richesse et je dois ces enfants à la Mauritanie. Au Sénégal, je ne luis dois rien car il n’a rien fait pour moi ». Ousmane Dia est, à tout point de vue, un homme différent des autres. Notre venue à Rosso semble être une aubaine pour lui. Il a envi de déverser sa bile. Il a trop accumulé et il est en colère contre son Sénégal natal qui l’a abandonné. Dans cette partie de la Mauritanie, Ousmane est pourtant adulé. Un demi-dieu, pourrait-on dire. En l’espace de 10 minutes d’échanges, c’est une grande foule qui se retrouve autour de lui, acquiesçant de la tête ce qu’il raconte, lançant parfois des mots pour le soutenir « Wallahi c’est vrai. Ici c’est le sauveur ! » . La voix tremble. C’est l’émotion. « J’ai pêché plus de 300 personnes depuis plus de 3O ans. J’ai sauvé la vie à plus de 200 personnes alors que je n’ai même pas de gilet de sauvetage. Je me rappelle en 1984 un douanier et ses trois femmes, dans leur véhicule, s’étaient retrouvés dans le fleuve. Par la grâce de Dieu, je les ai sauvés tous alors qu’ils ne savaient pas nager. Leur véhicule avait glissé. Parfois, en entrant dans le fleuve, je sais que je risque ma vie. Je le sais mais j’entre cas-même. Je ne fais que ça car ce travail ne me laisse nullement le temps de faire autre chose. Le seul Sénégalais qui repose à Nimzatt, c’est moi qui l’aie repêché, malheureusement, mort. Il m’arrive aussi de repêcher des chameaux, des véhicules. Ma vie, je l’ai sacrifiée pour les autres ».

La honte de clamer sa sénégalité

« J’ai honte de dire que je suis un Sénégalais car le Sénégal ne fait rien pour moi. Un jour alors que le rallye Paris-Dakar se faisait, Sindièly Wade, la fille de votre ex-chef d’Etat m’avait promis un gilet de sauvetage. Hélas, j’attends encore. Heureusement, la Mauritanie m’a adopté même si mon cœur continue de battre pour le Sénégal. La société du bac me donne chaque mois 80 000 francs pour le service que je rends. Quoi faire avec cette somme, modique à bien des égards ? C’est mieux que rien dans tous les cas ». Parfois, Ousmane Dia jette un regard furtif de l’autre côté de la rive sans réelle conviction. L’interview qu’il nous accorde est entrecoupée par un silence pesant qui renvoie plus à un dégoût qu’à une réflexion. L’homme ne cherche pas ses mots. Ils sont à portée de ses lèvres mais refusent de sortir.

Pêcher des hommes dans le fleuve … un héritage

« Une personne qui ne sait pas faire ses ablutions dans le fleuve ne sait pas encore nager. La nage est plus une science qu’un sport ». Une chose est claire, Ousmane Dia ne pouvait pas faire autre chose que résumer sa vie à pêcher des hommes dans le fleuve. Il l’avoue à moitié quand il dit : « c’est un legs familial. C’est mon père qui le faisait. Il m’a transmis sa science avant de quitter ce bas-monde. J’ai un fils de 22 ans et je l’initie déjà car ce job, il faudra toujours quelqu’un pour le faire. Je ne serai pas éternellement dans ce monde et je n’ai pas le droit de laisser cette place vacante ». Interpellé sur les dispositions qu’il prend avant de plonger, Ousmane Dia dit n’en prendre aucune de particulière, sinon faire ses incantations. « S’il s’agit d’un animal ou d’un véhicule, je prends une corde pour assurer la prise parce que, généralement, là c’est plus difficile ». Subitement, l’homme, soulagé pour avoir dit une partie ce qu’il portait sur le cœur, s’éloigne d’un pas lent, éprouvé qu’il est par la lourdeur du fleuve, le fleuve Sénégal insensible aux malheurs de ce monsieur qui l’a le plus abordé ces 30 dernières années. Nous quittons Rosso Sénégal pour Tiguint à 150 kilomètres où Mouhamed Soufi, patron de « Al Jazeera-Mauritanie » attend la délégation.

Boutlimitt, la cité de Cheikh Sidya

Des repas fort copieux à Tiguint, une danse offerte par des hommes enturbannés sous le contrôle précieux de belles dames qui tapent des mains. Le rythme est fort, rivalisent-ils d’ardeur, ces hommes ? Dans l’enceinte de la maison, c’est la musique qui jaillit. Les sonorités sont variées. Il y a de la flûte, du violon local etc… Tout est fait à l’honneur de Cheikh Bass Abdou Khadre. Une demi-heure après, c’est Nouakchott qui ouvre ses frontières à Touba. Une partie de la délégation passe la nuit dans la capitale. L’autre continue sur Boutilimit, à 150 kilomètres. Il est 2 heures. Le vent est frais comme si nous n’étions pas en Mauritanie.

Boutlimitt, la ville de Mokhtar Ould Dada

La cité de Cheikh Sidya est fondée en 1825 par Cheikh Sidya El Kébir, le grand père de l’autre. L’homme était un berger. Boutlimitt est la ville qui a vu naitre le premier président de la République Islamique de Mauritanie Moctar Ould Dada. C’est aussi le fief de l’ancien ministre des finances Abdallah Ould Souleymane. L’homme, dans l’interview qu’il nous accorde, reviendra sur les relations on ne peut plus solides entre les deux pays et entre les deux hommes.


 



8 Commentaires

  1. Auteur

    Correcteur

    En Mars, 2013 (12:00 PM)
    « Je le sais mais j’entre cas-même ». Quand même, cher journaliste!!!
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  2. Auteur

    Uui

    En Mars, 2013 (12:20 PM)
    Mballo Dia, toute mon enfance.

    Un petit fils de Paa Omar Pene,



    Rosso, mon amour!
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    Auteur

    Soll

    En Mars, 2013 (14:52 PM)
    Les mauritaniens des vrais idiots jetais labas mais je suis trop decus des mauraitanies ils sont sales et se comportent comme des anes .....les policiers malhonnetes et affames et les douaniers trop corrompus bref un pays a eviter
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    Auteur

    Memesoss

    En Mars, 2013 (17:31 PM)
    Tout ce que tu viens de dire se trouve aussi au Senegal
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    Auteur

    Keynes

    En Mars, 2013 (17:48 PM)
    ceux qui critiquent macky pou rsa premiere année de gestion sont des idiots on ne peut pas sortir un pays en un an que les gens ont creusé pendant 12 ans ces pilleurs de la nation je ne regrette pas d'avoir voté pour lui et je le soutient de tout coeur

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    Auteur

    Coool

    En Mars, 2013 (18:30 PM)
    Tu ecris bien!
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    Auteur

    On A Compris

    En Mars, 2013 (22:12 PM)
    les mourides veulent faire alliance avec les nars pour contrer macky? c'est le proposite de ce torchon? on sait bien que vous partagez avec les maures une haine respective pour les poulars, mais c'est peine perdu. car les maures oppriment tout le monde. les pulars ont ete jusqu'ici a l'avangarde du combat, mais la donne a change, aujourd'hui les haratines sont en premiere ligne, chose que votre cervelle obstruee, insteresse et pervertie de mourides ne comprendra jamais.
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    Auteur

    Wala

    En Mars, 2013 (16:28 PM)
    Lou takh mou am ngou con ?

    Bo amoul lo wakh do ko kepp .
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