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Touba-Tranquille, un village sénégalais, veut s’affranchir de ’’l’emprise gambienne’’

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Touba-Tranquille, un village sénégalais, veut s’affranchir de ’’l’emprise gambienne’’

Touba-Tranquille, un village sénégalais situé à la frontière sénégalo-gambienne, dans l’arrondissement de Diouloulou (sud), a bénéficié récemment d’investissements publics dans la construction de routes, d’écoles et d’ouvrages sécuritaires, mais ses habitants en réclament encore pour se défaire de la "dépendance" envers la Gambie.
 
A la sortie de Diouloulou, vers la station balnéaire de Kaffountine, une piste en latérite mène vers Touba-Tranquille, le dernier village frontalier avec la Gambie. Sous un soleil de plomb, les populations sortent en grand nombre pour accueillir une délégation gouvernementale conduite par le ministre Abdoulaye Badji, chef du cabinet du président de la République.
 
Des tentes sont dressées sur le terrain de football du village, pour l’accueil des hôtes. Des femmes en uniforme, des jeunes portant des tee-shirts et des personnes âgées viennent assister aux "journées culturelles et économiques" de Touba-Tranquille, organisées à l’occasion de la Semaine nationale de la jeunesse.
 
Au cours de la cérémonie officielle, des femmes et des hommes rivalisent d’ardeur et d’ingéniosité pour démontrer leurs talents de danseurs, sous les sonorités traditionnelles et locales. Ici, l’assistance a droit aux chants et sketches de sensibilisation sur plusieurs sujets, les tares de la société par exemple.
 
Mais l’ambiance bon enfant cache les nombreuses doléances de Touba-Tranquille, qui a bénéficié des infrastructures construites durant ces dernières années par l’Etat du Sénégal pour "moderniser" les zones frontières. Une brigade de gendarmerie, un camp militaire et des infrastructures scolaires ont été récemment construits dans ce village.

"C’était insolite..."
 
Des classes de l’école élémentaire attirent l’attention du visiteur, par leur nouveauté. La réhabilitation de cet établissement scolaire fut une doléance de taille des habitants de Touba-Tranquille. "Nous remercions vivement le ministre de l’Education, qui a fait construire ces classes. Nous le remercions aussi d’être venu nous rendre visite", s’empresse de dire le directeur de l’école, Malang Sambou.
 
Cet instituteur garde de mauvais souvenirs du désert infrastructurel de Touba-Tranquille où, il y a quelques années, "les élèves se rendaient par vagues à une école gambienne située à un kilomètre de leur village".
 
"C’était insolite. Les parents préféraient amener les élèves en Gambie, à quelques mètres de chez eux. Les infrastructures scolaires de ce pays voisin étaient plus attrayantes que celles du village", rappelle Malang Sambou.
 
Sur le long de sa frontière avec le Sénégal, la Gambie a construit des écoles tellement bien entretenues que de nombreux écoliers de l’arrondissement de Diouloulou en rêvaient, selon M. Sambou. Le parrainage des élèves par des bonnes volontés gambiennes, la vulgarisation des cantines scolaires et d’autres avantages font le luxe des écoles gambiennes.
 
La renommée des établissements scolaires de ce pays est telle que la rénovation de l’école élémentaire de Touba-Tranquille n’a pas encore produit les effets escomptés, notamment le maintien, dans leur village, des vagues d’écoliers qui enjambent la frontière pour aller se faire scolariser à l’étranger. 
 
"Nous sommes confrontés à un déficit d’équipements. Il n’y a presque pas de tables bancs dans les classes. J’ai emprunté des bancs dans des écoles voisines, pour éviter que nos écoliers s’assoient à même le sol. Il n’y a pas de cantines scolaires. Il faudra encore des efforts pour nous sortir de cette emprise gambienne", plaide Malang Sambou.

"Eviter que les jeunes rejoignent le maquis"

Le secrétaire général de l’Union pour le développement intégré de Touba-Tranquille (UDIT), Lansana Diémé, a énuméré les doléances du village dans un discours prononcé devant la délégation gouvernementale, tout en louant les "bonds en avant" de la localité.
 
"Le village est désenclavé. Plusieurs pistes rurales ont été réalisées par l’Etat. Dans le domaine de la sécurité, nous pouvons dire, avec le jeu de mots, que Touba-Tranquille est vraiment tranquille. Les gens vaquent à leurs occupations sans être inquiétés, ce qui était impossible il y a quelques années…" se félicite le secrétaire général de l’UDIT. 
 
Il a évoqué des projets élaborés par les organisations villageoises et soumis aux autorités, dans le cadre d’un programme de développement du village. "Nous avons plusieurs projets sur les plans sanitaire, agricole et éducatif. Dans le domaine pastoral, nous avons créé des projets pour prendre en compte les 19 villages du Narang-Ouest", le nom donné aux villages de l’arrondissement de Diouloulou situés à la frontière avec la Gambie, assure M. Diémé.
 
L’UDIT s’est lancée dans les initiatives pastorales pour "éviter que les jeunes rejoignent le maquis", les rangs de la rébellion menée depuis plus de 30 ans par le Mouvement des forces démocratiques de Casamance, explique-t-il.
 
Selon le vice-président de l’UDIT, Mamadou Lamine Diédhiou, Touba-Traquille souffre du déficit d’infrastructures sanitaires. "Des femmes ont perdu leur vie au cours d’évacuations sanitaires vers Diouloulou. Mais l’Etat a promis de construire un poste de santé d’un coût de 30 millions de francs CFA", se réjouit M. Diédhiou, qui a tout de même une inquiétude : "Jusque-là, rien n’est encore fait, malgré les promesses fermes des autorités."

"Personne ne sait où se trouve exactement la frontière" 
 
Mamadou Lamine Diédhiou, également président de l’Association pour le développement du Narang (ADN), s’alarme des difficultés liées au réseau téléphonique local, qui est victime des interférences avec celui de la Gambie.
 
"Le réseau téléphonique gambien est tellement puissant qu’il brouille le nôtre. Nous réclamons l’installation d’un pilonne assez puissant pour faciliter les télécommunications", plaide-t-il.
 
M. Diémé s’empresse d’évoquer les difficultés liées à l’approvisionnement de Touba-Tranquille et des villages voisins en eau potable.
 
"Il n’existe pas un seul forage fonctionnel dans les 19 villages du Narang. C’est une grosse difficulté pour la zone. Les autorités nous parlent d’un projet de modernisation des zones frontalières. Nous sommes impatients d’en voir les réalisations, qui contribueront au développement de notre village", poursuit-il.
 
A Touba-Tranquille, le dalasi, la monnaie gambienne, ravit la vedette au franc CFA, selon ses habitants, qui réclament aussi une délimitation de la frontalière avec la Gambie. 
 
"Personne ne sait où se trouve exactement la frontière. Des Gambiens habitent le quartier de Tranquille, qui se trouve à l’intérieur de Touba. Et pourtant, ils se croient en territoire gambien. Il faut que les autorités nous disent où s’arrête la frontière", plaide Lansana Diémé.



8 Commentaires

  1. Auteur

    Peulh

    En Avril, 2017 (13:04 PM)
    Lol !!!!

    Rien que le nom de Touba dérange et rend furieux les idiots qui du coup perdent toute raison.

    Les chiens aboient le Mouride passe .... Ca kanam , ca kaw rekk...

    ILA TOUBA!!!

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  2. Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2017 (13:24 PM)
    on s'en fout rentrez a touba ,la-bas c'est la casamance

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    Auteur

    Tranquillois

    En Avril, 2017 (14:06 PM)
    Très bon texte qui nous renseigne un peu sur cette partie de la Casamance, le Naarang. Courage à l'UDIT et à ses responsables
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    Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2017 (14:55 PM)
    Ah ? Donc les écoles et l´infrastructure de Jammeh étaient si bonnes que nos compatriotes préféraient aller se faire scolariser là bas ? Ca détonne avec ce qu´on nous dit un peu , non ?
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    Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2017 (15:34 PM)
    Le manque d'infrastructures etait du à l'insécurité ( rebellion) , cette parte est un no-man's land. C'est un off de soulagement pour les populations.

    Macky a fait des efforts que ses predecesseurs 'ont pas fait. Wade envoyer des malettes aux chefs de guerre pour les crrompre par l'intermédiare de Fraba senghor. Macky lui construit des infrastructures... Pourtant ces opposants restés à Dakar disent qu'il n'a rien fait.
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    Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2017 (16:07 PM)
    VIVE MACKY
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    Auteur

    Idriss

    En Avril, 2017 (16:33 PM)
    Un bon récit, clair et simple. I like it .

    Thank you sir.
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    Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2017 (17:50 PM)
    Je vais demander au président et au khalife de faire changer le non de ce village tout de suite voyons! Vous voulez dire que l'autre Touba n'est pas tranquille! qu'il se mêle de tout
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