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Monday 01 September, 2025
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Transports en commun au Sénégal : 10 galères du quotidien qui testent les nerfs des usagers

Auteur: Moustapha TOUMBOU

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Dans les transports en commun de masse au Sénégal, le quotidien des passagers s’apparente souvent à un parcours d’obstacles. Ce n’est pas tant une question d’habitude que d’endurance. Des difficultés les plus banales aux dysfonctionnements les plus profonds, la réalité du terrain déjoue régulièrement les promesses d’un service public de transport inclusif et efficace. En voici dix facettes.
1. Le casse-tête de la monnaie
Monter à bord d’un tata, Dem Dikk ou car rapide avec un billet de n’importe qu’elle montant devient parfois un exercice de diplomatie. Très souvent à court de « Weccat », le receveur de Tata demande au client de patienter en prenant le soin d’inscrire sur le dos du ticket la somme à rendre ou en le signant. Le problème avec cette pratique est qu’il peut arriver que le client, pris dans le brouhaha du bus, oublie de récupérer son appoint à la descente ou -fait plus rare- que le receveur n’ait toujours pas de monnaie à donner. Une situation que les abonnés aux cars rapides connaissent bien avec certains « apprentis », ces fins connaisseurs de règles de bienséance. Il est peut-être temps pour ces moyens de transport d’élargir leurs modes de paiement en intégrant les E-wallets.
2. Les courses-poursuites des bus Tata et des cars rapides
Sur certaines lignes de bus Tata, les conducteurs semblent engagés dans une compétition dont le règlement reste inconnu du grand public. Leur objectif n’est pas de rafler les clients en chemin, mais de devancer leurs afin d’être le premier à arriver au terminus. Dans cette logique opaque, les arrêts deviennent optionnels, même lorsqu’un passager les réclame avec insistance ou quand un client souhaite monter à bord. Le chauffeur, concentré sur son duel, ignore les protestations. Il fonce, dépasse, prend des virages secs et sacrifie sans état d’âme la qualité du service à cette curieuse obsession de devancer l’autre. La route devient le théâtre d’une rivalité dont seuls les usagers font les frais, ballotés, frustrés, parfois contraints de descendre bien loin de leur destination réelle. Les raisons de ces courses restent pour l’heure inconnues mais, tout porte à croire que la ligne attribue une prime secrète au premier arrivé.
3. La surcharge
La logique de rentabilité prime parfois sur la décence aux heures de pointe. À bord, l’espace vital se dissout. Des corps se frôlent sans consentement. Malgré cela, le chauffeur n’hésite pas à s’arrêter à chaque arrêt pour prendre des clients bien aidé par le receveur qui demande aux usagers de se serrer davantage pour faciliter l'ccès aux nouveaux entrants. Dans cette ambiance, les mains se baladent. La promiscuité devient le terreau de comportements inappropriés, souvent tus par peur ou lassitude. Vols, pelotages sont des pratiques récurrentes.
4. L’invisibilité des personnes vulnérables
Les personnes âgées, handicapées, les femmes enceintes ou les mères avec enfants se voient rarement céder une place. L’individualisme prend le dessus. Certains plongent les yeux dans leur téléphone et d’autres, feignent le sommeil. Même les injonctions écrites à l’entrée de certains véhicules n’éveillent plus aucun sursaut moral. La solidarité, pourtant valeur partagée dans les discours, s’efface devant le confort personnel. Et ce sont les plus fragiles qui en paient le prix.
5. Les pannes techniques
Il suffit d’un bruit suspect sous le capot pour que le véhicule ralentisse et s’immobilise complètement. Les passagers sont alors priés de descendre, souvent sans explication. Parfois, le receveur demande de patienter, le temps de « réparer ça ».  Après quelques coups donnés au moteur, le bus reprend brièvement la route avant de s’arrêter à nouveau. Il arrive parfois que le receveur négocie avec un autre bus afin de récupérer des passagers et les autres fois, les clients sont obligés de se débrouiller pour trouver un autre moyen de transport afin de rallier leur destination.
6. Les pickpockets et les incivilités
La cohue dans les transports en commun devient le camouflage parfait pour les voleurs à la tire. Une main glisse dans un sac, un portefeuille disparaît, un téléphone se volatilise. Aucun cri, rarement de témoin. Tout le monde descend, indifférent. Les incivilités s’expriment de différentes manières et sont l’œuvre de tout le monde. Haussements de ton, refus de payer, insultes au receveur ou altercations entre passagers.
7. Des véhicules en état de décomposition avancée
Certains bus semblent avoir franchi leur date de péremption depuis longtemps. Les sièges grincent, les fenêtres ne s’ouvrent plus, les portières claquent difficilement. Il arrive de rencontrer certaines portières côté conducteur qui se ferment à l’aide de… loquet. Le plancher, parfois, laisse apparaître l’asphalte. Des câbles pendent du plafond. L’odeur d’essence se mêle à celle de la chaleur humaine. Cette usure manifeste ne choque plus. Elle est intégrée au décor quotidien, signe d’un laisser-aller généralisé dans la gestion du parc roulant.
8. L’exclusion des personnes handicapées
Ni rampes d’accès, ni places dédiées. Les transports en commun sénégalais semblent ignorer les personnes à mobilité réduite. Monter dans un bus ou un car rapide devient pour elles un défi quasi insurmontable. Et lorsqu’un fauteuil roulant apparaît, c’est souvent l’improvisation totale. A l’exception des bus de Dakar Dem Dikk qui possèdent un système d’inclinaison permettant de réduire l’écart avec le trottoir.
9. Des arrêts fantômes ou décidés au bon vouloir du chauffeur
Les arrêts de bus ne sont pas toujours respectés. Certains chauffeurs s’arrêtent où bon leur semble. Un coup de frein brutal et le bus s’immobilise au milieu de la chaussée sans se soucier des autres automobilistes. Cette situation est aussi provoquée par la rareté d’arrêt bus.
10. Une attente qui n’en finit jamais
À certains arrêts, les minutes deviennent des heures. Aucun horaire fixe. L’usager attend. Parfois en vain. Il finit par marcher jusqu’au carrefour suivant, dans l’espoir de croiser un bus plus régulier. Cette imprévisibilité des rotations alimente la frustration collective.
Auteur: Moustapha TOUMBOU

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