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TRAVAUX DOMESTIQUES : Les jeunes filles toujours de corvée ?

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TRAVAUX DOMESTIQUES : Les jeunes filles toujours de corvée ?

Certaines mères de famille forment leurs filles dans les travaux ménagers. Mais malgré tout on rencontre des demoiselles qui ne maîtrisent pas bien ces tâches féminines. Par contre, d’autres mamans se chargent de tout faire faire à leurs filles. A coté aussi, il existe des jeunes qui ne veulent pas fournir le moindre effort pour aider leurs mères.

Devant un kiosque de journaux, est assise une mademoiselle à la taille moyenne, au teint clair, la chevelure qui flotte sous le vent. Abibatou Sy, en tenue sénégalaise et l’air souriant, déclare : « chez nous, mes deux sœurs et moi nous nous chargeons des travaux ménagers. Pendant l’année scolaire, elles font la cuisine, le linge, le balayage de la maison, etc., malgré le fait qu’elles doivent s’occuper de leurs études. Je me charge du ménage durant les vacances et je donne à mes sœurs le temps de se relaxer. Notre mère nous a bien initiées au travail et j’avoue que nous n’avons même pas de domestique », poursuit-t-elle. Si certaines filles savent faire tous les travaux ménagers, tel n’est pas le cas pour d’autres. Dans une maison de la Gueule Tapée, une fille au teint clair et aux longs cheveux noirs s’affaire devant une bassine. Saratou Diallo a à coté d’elle deux seaux remplis d’eau et un tas d’habits sales. Elle est en train de faire la lessive. « A part le linge, il n’y a que la vaisselle que je puisse faire, je lave uniquement mes habits. J’étudie et c’est ma maman qui s’occupe du ménage », déclare-t-elle. Juste à coté de cette demeure, une dame balaie la devanture de sa maison. « Je balaie parce que ma fille est malade. Sinon je leur ai appris à faire le ménage et quand elles ne vont pas à l’école ou pendant les vacances, elles m’aident dans les travaux », se justifie la dame. « Une fille doit apprendre à faire les travaux ménagers », déclare la dame Marème Diop qui est en train de se curer les dents. Une fille, dit-elle, est appelée à gérer un foyer, ne pas la préparer à ces tâches, c’est l’exposer à des problèmes, estime-t-elle. « Mes enfants vont toutes à l’école, mais je ne fais pratiquement rien, je vais au marché et à mon retour, c’est elles qui cuisinent. Et il n’y a pas un seul plat dont elles ignorent la préparation car je les ai bien formées », poursuit Marème Diop avec fierté.

« Ne pas faire travailler sa fille, c’est la sacrifier »

« Je ne fais pas partie de ces mamans qui sacrifient leurs enfants. Parce que ne pas faire travailler sa fille, c’est la sacrifier », selon elle. « Il y a des filles qui ne font pas le ménage. Chez moi, il y a une fille qui se contente seulement de manger et aller traîner. Même ses slips, c’est sa mère qui les lave. Je ne suis pas d’accord avec cela parce que je pense que c’est un manque d’hygiène, alors que la propreté, c’est la moindre des choses chez une bonne fille », poursuit-elle.

Mme Aminata Lam est en compagnie de l’une de ses filles. Interpellée, elle laisse paraître un petit sourire avant de se confier : « initier sa fille aux travaux ménagers, c’est l’aider à bâtir son avenir. Parce qu’un jour, elle aura un mari et pourra gérer son ménage toute seule. Mes filles, je les fais travailler sans hésiter, que ce soit la cuisine, le linge, le repassage des habits, le nettoyage de la maison et tout, elles le font », affirme-t-elle.

Astou Diédhiou, au teint noir ébène, coiffée de tresses américaines, vêtue d’un pagne de tissu wax rouge noir avec un tee-shirt débardeur blanc, est entourée par de tous petits enfants qui ne sont pas tous sa progéniture. Elle porte dans ses bras un bébé qui tête, un petit garçon chétif est assis à ses pieds. Astou déclare : « mes enfants n’ignorent aucun travail de femme. On ne sait pas où est-ce qu’elles vont finir demain. Et si elles consacrent tout leur temps aux études, il sera trop tard pour leur apprendre les travaux ménagers », dit-elle. Même si certaines mamans avouent que leurs enfants travaillent à la maison, de la bouche de certaines filles, on entend le contraire. Néné Diallo, claire de teint et de petite taille, des mèches qui tombent sur son dos, nous annonce qu’elle se consacre dès fois aux tâches ménagères. Deux étudiantes interrogées démentent l’idée selon laquelle les pensionnaires de l’université ne savent rien faire avec leurs mains, hormis tenir un stylo. Debout, en face du guichet de paiement des bourses, ces deux filles vêtues de jupe et de pantalon Jean avec des body bleu et rouge attendent avec impatience le payeur. Pensives et fatiguées par la longue attente, l’une la main collée sur la joue, l’autre les mains croisées sur la poitrine, elles se prononcent : « nous savons gérer les travaux ménagers, le week-end on cuisine et on fait le linge chez nous ».

« Bien avant d’être étudiantes, nous avons vécu en famille et nos parents nous ont bien formées », ajoutent-elles.

« Ma bonne fera tout pour moi »

L’étudiante Aïda Faye va bientôt avoir 28 ans, elle confie avec fierté qu’elle n’est pas habituée aux travaux domestiques. « Depuis que j’étais petite, on ne m’a pas appris à faire ces genres de travaux. Il y a toujours la bonne qui s’occupait de cela ». A la maison, elle ne faisait qu’étudier et ses week-ends étaient consacrés aux promenades et visites de courtoisies aux parents et amies. « A présent, je ne fais rien aussi chez moi car nous avons une domestique et elle est à notre service », poursuit-elle. Et une fois à l’université, ses vieilles habitudes ont continué parce qu’elle ne pouvait même pas laver ses propres habits alors que ses copines savaient tout faire. « C’est en ce moment que je me suis rendu compte que ma maman m’a induite en erreur. Parce que je veux maintenant travailler comme mes amies, mais c’est trop tard car il y a le temps qui fait défaut », regrette-elle. « Et je sais aussi que quand j’aurai un mari, s’il n’est pas compréhensif, on aura toujours des problèmes parce que c’est ma bonne qui va tout faire aussi pour moi », ajoute-t-elle.

A l’avenue Cheikh Anta Diop, nous avons croisé une élève de la classe de Terminale du Collège Saint Dominique. A son avis, une fille doit montrer à sa belle famille qu’elle sait s’occuper de son ménage en sachant faire la cuisine, laver les habits de sa belle-mère pour lui faire plaisir. « Raison pour laquelle je travaille chez moi parce qu’il n’y a pas seulement les études », ajoute-t-elle. « Je viens de l’école comme ça, mais arrivée à la maison, c’est moi qui dois assurer la cuisine. Si jamais je n’apprends pas à travailler et que demain je n’ai pas les moyens d’engager une bonne, ce sera un malheur pour moi », déclare la fille.


 



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