Université Cheikh Anta Diop de Dakar : Plaidoyer pour la mutation du département d’Odontologie en Faculté

La journée scientifique du département d’Odontologie, organisée samedi dernier, à l’Ucad, a permis à des universitaires de plaider son érection en Faculté. Ce qui permettrait de régler les problèmes structurels de l’institution. 
Le département d’Odontologie de la Faculté de Médecine de l’Université de Dakar a célébré, samedi dernier, sa journée scientifique. A l’occasion, le chef de département, le Pr. Abdoul Wahab Kane, comme plusieurs intervenants, a émis le vœu de voir cette section érigée en Faculté. « Ce que  nous voulons, c’est délocaliser provisoirement la partie qui ne peut pas être gérée dans une Faculté, c'est-à-dire transférer l’enseignement clinique dans un établissement de santé publique », a expliqué le Pr. Kane. « Or, depuis 1993, notre institut a été conservé comme département au niveau de la Faculté. Cela pose des problèmes structurels parce que l’odontologie, dans tous les pays du  monde, est organisée en Faculté », a-t-il dit. Avec cette situation, a poursuivi Abdoul Wahab Kane, le département est plongé dans « une profonde crise structurelle, parce que nous gérons les enseignements théoriques, pratiques et cliniques. Alors que dans une Faculté, les enseignements cliniques sont organisés dans des centres hospitaliers universitaires ou des établissements publics de santé. C’est là toute notre difficulté. Nous sommes dans une phase de transition de 3 ans pour sortir de cette situation ».

Imagerie bucco-dentaire
Poursuivant, M. Kane a avancé : « Nous sommes appuyés actuellement par le recteur et le doyen de la Faculté de Médecine pour ouvrir le premier centre universitaire à Abass Ndao. Nous plaçons beaucoup d’espoir sur les promesses du maire de Dakar qui  a prévu de céder des locaux ». Il a souligné aussi que d’autres partenaires se sont manifestés, comme la directrice de l’Agence nationale pour la recherche scientifique appliquée, Aïssatou Gladima Siby. 
« Elle a promis de nous appuyer à l’ouverture d’un centre d’imagerie bucco-dentaire, puisque notre métier porte aussi bien sur l’enseignement que la recherche », a indiqué le chef de département d’Odontologie. Comme M. Kane, Ndioro Ndiaye, ancienne directrice du département d’Odontologie  et marraine de cette journée, a souhaité que cette section soit érigée en Faculté. « J’interpelle le ministre de l’Enseignement supérieur pour qu’une Faculté d’Odonto-stomatologie soit créée, en même temps que la mise en place de structures nouvelles dans les universités de Ziguinchor, Saint-Louis, Thiès, Bambey et ailleurs », a-t-elle suggéré. 
Le Sénégal, a rappelé Mme Ndiaye, était « le premier pays » en Afrique noire à avoir cette institution créée en 1967. « Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’amélioration dans le changement de son statut, alors que Abidjan, qui a eu ses agrégés après Dakar, a sa Faculté. Il faut que les autorités sénégalaises soient plus sensibilisées et appréhendent mieux le problème de création d’une Faculté d’Odontologie », a plaidé le Pr. Ndioro Ndiaye. 
Elle a aussi déploré le fait que de jeunes bacheliers ne puissent pas accéder à l’institution faute de place, alors que le Sénégal a besoin de chirurgiens dentistes. « Il faut que nous soyons plus stratégiques, que nous trouvions des solutions pour offrir aux jeunes la possibilité d’intégrer le département d’Odontologie avec plus de cohérence et de coordination », a lancé la marraine. Si le Sénégal continue sur ce rythme de réception des candidats, « il n’atteindra jamais les normes et les ratios de l’Oms », a-t-elle averti.  

Les banques devraient s’impliquer dans le financement des études, selon Ndioro Ndiaye
Ndioro Ndiaye a lancé un appel aux banques pour qu’elles s’impliquent dans le financement des études d’odontologie. 
Mme Ndiaye a expliqué cet appel par le fait que les études dentaires coûtent « plus cher » que celles en médecine et en pharmacie. Ainsi, a-telle ajouté, « nous devons faire preuve d’innovations en s’inspirant d’autres pays où les banques accompagnent les jeunes étudiants après la 3ème année, pour qu’ils terminent les études, parce que là, il n’y a plus de possibilité d’exclusion. Sur ce, l’étudiant, qui contracte une dette à la banque, est obligé de se battre ». Ndioro Ndiaye a aussi déploré les grèves dans les universités. « Depuis plusieurs années, les futurs chirurgiens dentistes font 3 à 4 mois d’enseignement à cause des grèves. Ces perturbations vont se ressentir dans les prochaines années », a-t-elle regretté. 
Malgré ces perturbations, le chef de département d’Odontologie, le Pr. Abdoul Kane, a indiqué qu’ils ont fini l’année universitaire 2011-2012 avec la tenue des examens. « Cerise sur le gâteau, nous avons pu organiser, malgré tout, cette journée du département instaurée depuis 2004 », s’est-il félicité.                             

Le recteur de l’Ucad dévoile les axes du Contrat de performance
Le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Pr. Saliou Ndiaye, a dévoilé les grands axes du Contrat de performance (Cdp) de l’Ucad au cours de cette journée scientifique du département d’Odontologie.
A l’en croire, 2,272 milliards de FCfa seront mis à la disposition de la communauté universitaire pour les chantiers de l’Ucad, mais surtout pour lui permettre d’atteindre les 4 objectifs établis. « Le montant est déjà disponible », a fait savoir le Pr. Ndiaye, rappelant que ces objectifs sont « l’amélioration de la qualité de l’enseignement, des relations avec le monde du travail, de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, mais aussi l’amélioration de la gouvernance universitaire ». 
A cela s’ajoutent « les 93 projets  à exécuter ». Il a informé que 1,2 milliard de FCfa sont dégagés pour d’autres investissements, dont l’achat du matériel des Travaux pratiques (Tp), la création d’un centre de documentation, d’information et d’orientation.  Le Centre de calcul sera transformé en celui de ressources technologiques. Saliou Ndiaye a également souhaité qu’à partir de la 2ème année, chaque étudiant ait son ordinateur, entonnant le slogan « un étudiant, un ordinateur ». Cela, a-t-il dit, a été ficelé et chaque étudiant, selon la spécificité de ses études, aura son programme dans son ordinateur. Le recteur a informé que les amphithéâtres de l’Université de Dakar seront équipés de terminaux mobiles ou fixes. Il a aussi promis que des contrats de performance seront signés avec chaque Faculté. « La Faculté qui n’atteindra pas les objectifs fixés risque de perdre les subventions octroyées », a déclaré M. Ndiaye.