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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR : Rien ne va et rien ne bouge

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR : Rien ne va et rien ne bouge

Hier, les étudiants ont mis à mal la vigilance des policiers, cantonnés au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour arrêter les enseignements dans plusieurs lycées de la capitale. Accueillis en héros par les élèves, les grévistes, qui exigent les départs du directeur du Coud, Iba Guèye, du ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom et de son collègue de l’Éducation, Moustapha Sourang, menacent de « nationaliser » le mouvement, si leurs doléances ne sont pas satisfaites. Le feu continue de couver au sein du campus où étudiants et policiers s’enlisent dans des heurts, qui font craindre le pire. Reportage.

Les troupes du ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, massées au sein du Campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), doivent avoir mal dans leur peau. Prises de court dans la torpeur matinale de la journée d’hier, lundi 20 février, elles ont été surprises par les étudiants, qui ont réussi avec une facilité déconcertante à investir plusieurs lycées de la capitale. Objectif : arrêter le déroulement normal des enseignements dans les lycées des Parcelles Assainies, Delafosse et Blaise Diagne. Fait rare et qui mérite d’être signalé : les élèves qui ont reçu la visite des étudiants entrés en rébellion depuis bientôt un mois n’ont opposé aucune résistance pour repousser leurs hôtes du jour. Mieux, partout où ces derniers sont passés, les élèves les ont accueillis à bras ouverts et en héros, avant de leur promettre de suer sang et eau, pour le triomphe du mouvement d’humeur. Interrogés sur leur volonté « inébranlable » d’adhérer à la grève estudiantine, les élèves, comme s’ils s’étaient passé le mot, rétorquent, pêle-mêle :« Si nos grands-frères sont matés par des policiers, demain, nous subirons les mêmes foudres des forces de l’ordre, dont la tasse de thé consiste à toujours violenter les citoyens qui ne pensent pas comme eux. Il faut vite guérir le mal avant qu’il ne soit incurable, car, les policiers dépassent les limites autorisées par les règles ». Dopé par le déroulement satisfaisant des évènements, Mame Birame Wathie, secrétaire général de l’Amicale de la faculté des Lettres, fait monter les enchères. Pour lui, tant que les hommes du ministre de l’Intérieur, peints sous le vocable d’envahisseurs continuent d’occuper l’espace universitaire, les grévistes vont étendre leurs tentacules. Une entreprise, qui a déjà commencé depuis hier, avec notamment les étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, qui, eux aussi, ont regagné le maquis pour montrer leur indignation face à la violence qui a secoué le campus social de l’Ucad, vendredi dernier. « Dès demain (Ndlr : aujourd’hui mardi 21 février), le mouvement d’humeur sera élargi aux autres régions du pays, si, les autorités n’accèdent pas favorablement à nos doléances », confie le secrétaire général. Et la plate-forme, jadis pédagogique, qui peine déjà à trouver des solutions ne cesse de grossir au fil des jours, car, les amis de Mame Birame Wathie, y ont greffé les départs sans condition, du ministre de l’Education, Moustapha Sourang, de son collègue de l’Intérieur, Ousmane Ngom et du directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Iba Guèye. Ils exigent aussi le retrait immédiat des forces de l’ordre, qui ont installé, depuis vendredi dernier, leur quartier, au rectorat et au campus social.

Accès douloureux à l’Ucad

Même si bien des étudiants ont choisi de retourner auprès de leurs familles, histoire d’éviter le pire, il n’en demeure pas moins que d’autres étudiants n’ont pas une alternative, autre que de rester sur les lieux, quid à braver la répression. Une forêt de gendarmes, policiers et d’éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi), armés jusqu’aux dents, s’attèlent à un travail de titan : contrôler minutieusement toutes les entrées et les sorties des étudiants et autres visiteurs. Il est 12 heures 17 minutes. Un taxi de couleur jaune noire investit le portail du campus social où un gendarme est en faction, la mine hyper serrée. Sur un ton ferme, dépourvu d’humour, il intime au chauffeur l’ordre de déposer son permis de conduire à l’entrée. Alors que l’homme au volant tarde à exhiber sa pièce, le gendarme apostrophe les deux passagers à bord du véhicule : « Etes-vous étudiants ? » Avant même que ces derniers ne trouvent les mots justes pour répondre à la question qui leur est adressée, le visage renfrogné, les dents brunes et cassées, il enchaîne « Faites vite de montrer vos pièces ». Dompté par l’intransigeance de l’élément en faction, le chauffeur, habité par une peur au ventre, courbe l’échine et supplie ses clients de descendre avant d’arriver à destination. Pour lui, la situation qui prévaut dans les lieux est des plus tendues. À quelques mètres du portail, le visiteur est frappé par l’importante disposition des forces de l’ordre éparpillées à travers l’espace universitaire. Assis devant une table, posée sous un arbre, quatre éléments paraissent plongés dans de sombres pensées et donnent l’air d’être aux abonnés absents. Erreur ! Même s’ils ont les paupières lourdes, il n’en demeure pas moins que les policiers font preuve d’une vigilance aiguë, la rage continue.

L’heure est toujours grave

Trois jours après les évènements douloureux, survenus dans le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), la tension reste toujours vive. Et entre les forces de l’ordre et les étudiants, ce n’est guère le parfait amour. Bien au contraire, les deux parties ne cessent de se regarder en chiens de faïence à telle enseigne qu’elles frôlent parfois le pire. L’escalade verbale est perpétuellement au rendez-vous, car, chaque camp joue aux provocateurs pour déstabiliser son ennemi. Il est 12 heures 29 minutes, le soleil darde ses rayons sur l’espace universitaire, mais aussi, sur les nerfs des différents protagonistes. Abdou Wahab Dièye, étudiant en première année de la faculté de Droit, quitte son pavillon H pour se rendre chez son camarade, logé au pavillon A. Sur son chemin, il croise un groupe d’éléments du Gmi en face de la buvette, située à l’est du restaurant Argentin. Un élément l’apostrophe en ces termes : « Mais, où allez-vous avec vos bagages, l’Université n’a pas encore fermé ses portes. Tu n’es pas un homme courageux, car tu fuis les accrochages. Tu es un des grands imbéciles de la place ». Touché dans sa chair, Wahab Dièye refuse de flancher devant son provocateur et se rebiffe : « Je ne boxe pas dans la même catégorie que toi, qui n’as même pas le brevet de fin d’études moyennes (Bfem). Cheikh Anta Diop (Ndlr : parrain de l’Ucad) doit avoir très mal dans sa tombe en sachant que son espace est souillé depuis vendredi, par des vaux-rien ». Et Abdou.W.Dièye, d’ajouter : « Le véritable front se trouve en Casamance, vous vous trompez de cibles ». Suffisant pour que les poulains de Me Ngom se mettent dans tous leurs états et se concertent pour administrer une correction exemplaire à l’étudiant qui a osé les défier. Pendant ce temps, Abdou Wahab Dièye poursuit son chemin, mais ignorait sans doute que ses détracteurs l’attendaient de pied ferme. À son retour, ces derniers l’interceptent et lui demandent de répéter les propos qu’il avait tenus. Mais, l’étudiant ne courbe pas l’échine. Sous le regard de ses camarades, il répète les mêmes propos. Les forces de l’ordre encerclent leur proie, se jettent sur elle, lui mettent les menottes avant de l’embarquer dans leur panier à salades. Pour lui faire goûter aux « délices des sévices », un policier pose son pied sur la poitrine de l’étudiant et promet l’enfer. Les limiers décident de le conduire au Commissariat du Point E, mais renoncent à leur projet et se décident à le libérer, après une brève concertation. Les esprits des étudiants ayant assisté à la scène se chauffent, leurs nerfs deviennent plus tendus, et ils crient vengeance. 14 heures 05 minutes, quelques policiers investissent le restaurant de « Mère Ndar ». Sur place, un groupe d’étudiants planchent sur les franchises universitaires, qui font l’objet de beaucoup de controverse. Dans la foulée, un des policiers, décidé à provoquer les étudiants, s’invite à la discussion. « Franchement, les étudiants aiment trop parler pour ne rien dire, mais cela se comprend, car vous auriez beaucoup appris », lance-t-il comme pique aux étudiants. Et ces derniers de saisir la balle au rebond. « Nous avons le mérite de faire travailler nos méninges, car le Tout Puissant nous a dotés d’un cerveau, capable de cogiter. Nous avons pitié de vous, qui n’êtes pas en mesure d’obtenir le Bfem », réplique un étudiant. Et son camarade de renchérir : « Si je devais naître pour être doté d’une cervelle de colibri comme le vôtre, je jure que j’aurais décidé d’écourter mes jours ».

 



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