Vélingara : Les lycéens paralysent le système pour une semaine

En décrétant une semaine de grève pour exiger la libération de leurs camarades détenus dans l’histoire des 35 jeunes insurgés du Fouladou, les lycéens de Vélingara ont voulu envoyer un signal fort à l’Etat. Les grévistes annoncent que la tournure de leur mouvement dépendra du verdict dans cette affaire qui a fini de semer le malaise dans leur commune.

Le prolongement du séjour carcéral de 35 jeunes insurgés du Fouladou, dont cinq élèves, n’est pas du goût des lycéens de Vélingara. Ces derniers ont investi les rues, ce mercredi, pour exiger la libération de leurs camarades détenus. Après avoir délogé les élèves des écoles primaires et des collèges, les lycéens ont tenu une assemblée générale au cours de laquelle, une bagarre a éclaté entre partisans ou non partisans du mouvement de grève.

Finalement le président du Fosco a été écarté par un groupe d’élèves, chapeauté par le vice-président du Fosco du lycée Shérif Samsidine Aïdara de Vélingara, Bakary Diakité. Face à une foule en délire, le nouveau patron du Fosco a lancé le mot d’ordre de sept jours de grève renouvelables, c'est-à-dire jusqu’au mardi prochain, 27 avril. Pour Bakary Diakité ‘l’Etat est responsable de l’instabilité qui règne dans les écoles du département de Vélingara. Pour y mettre un terme, les hautes autorités doivent jouer la carte de l’apaisement’. Et, poursuit notre interlocuteur, ‘nous prenons le rang en silence et le mal en patience. Cependant, la suite de notre mouvement dépendra du verdict du juge’.

L’incarcération et les poursuites lancées contre certains jeunes de Vélingara a déteint sur le climat social qui prévaut actuellement dans cette partie du Fouladou. Que cela soit au marché, dans les rues, dans les places publiques, autour du thé, les gens restent accrochés au sort qui sera réservé à ces 35 prévenus. En sus du calme constaté dans la ville de Vélingara, suite au rôle joué par le comité de médiation composé des imams, du curé de la paroisse et de la société civile, les femmes des différents groupements s’organisent de leurs côtés. C’est ainsi qu’elles ont décidé de cotiser individuellement dix mille francs pour se rendre à Dakar ‘rencontrer le chef de l’Etat afin de lui demander pardon’. C’est une manière pour elles de plaider pour un retour du calme et de la sérénité dans le département de Vélingara qui n’a que trop souffert de cette crise.

Certains compatriotes font remarquer que de nombreuses familles se sont disloquées avec cette histoire. Les bras valides se sont fondus dans la nature. Aujourd’hui, personne ne connaît leur destination ; même si l’on parle des coins et recoins de la vaste forêt du Fouladou ou de la Gambie voisine. C’est ce qui fait craindre le pire. Et, soutient cet observateur, ‘si l’Etat s’y prend maladroitement, nous assisterons à l’ouverture d’un second brasier du sud’. D’autant plus que de nombreuses frustrations sont emmagasinées depuis des années par ces populations laissées pour compte. Elles survivent entre le maquis casamançais et l’inquiétude par rapport au sort de ces jeunes fugitifs, il n’y a qu’un pas à franchir du fait du déplacement progressif du théâtre des opérations du front nord vers la nouvelle région de Sédhiou, frontalière au Fouladou.