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Vagabondage et perversion : Les plages et bancs publics nouveaux lits de Dakar…

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Vagabondage et perversion : Les plages et bancs publics nouveaux lits de Dakar…

Jeans « taille basse », hauts décolletés, poitrine bombée, seins mi-découverts… Tels sont les caractéristiques de la mode au Sénégal. Les Sénégalaises se sont occidentalisées, et imitent l'habillement, la manière de vivre et les comportements les plus fous de nos voisins de l'autre coté de l'Atlantique. Ces comportements devenus habitudes, ne sont pas typiquement pour les « sénégalaises » ; car, les hommes non plus ne sont pas en reste. Le Sénégalais « in » est devenu victime de la mode occidentale, du romantisme et tenues « sexy » des filles et de l'érotisme des toubabs (blancs) comme diraient les vieux. Mais jusqu'où ira cette imitation ? Faire l'amour sur la plage ou sur un banc public, est devenu banal comme boire de l'eau. Est-ce dû à l'animalité des hommes ou à l'excès d'érotisme et de mimétisme ? Le « ndawrabine » et le « tiébou dieune » sont remplacés par « couché » et le « leumbeul ». Danse ou provocation …

Il est 19h à Ngor, la plage se vide. Il ne reste que quelques personnes au bord de l'eau. Des couples se forment. Ils se mettent à l'écart, les uns des autres. « Hé ! Madame », m'interpelle un homme, « vous voulez une tente ou un parasol, j'ai des matelas aussi, viens choisir, ton mec sera très content. Je vais vous montrer un coin très romantique ». C'est devenu une routine à la tombée de la nuit, au bord des plages. En effet, de nos jours, la plage constitue un lieu de détente et de décompression. Mais aussi, un lieu de liberté où personne ne se soucie de l'autre. Le vagabondage y règne comme dans une rue des ghettos des Usa. Chanvre indien et alcool sont en abondance. La perversité aussi est au rendez-vous. Les plages sénégalaises sont devenues comme les plages brésiliennes. Faire l'amour au bord de l'eau est le jeu favori des jeunes. En bikini, shorts très courts ou autres fringues très « in », ils se promènent main dans la main avec quelques embrassades en passant. Certains préfèrent être un peu discret, et prennent des tentes pour éviter certains regards assez baladeurs. Mais quand on passe devant ces dernières ou que l'on s'assoit à côté, on entend des bruits pas trop… catholiques. D'autres, sans pudeur, s'enlacent dans l'eau ou au bord, sans se soucier de leur entourage . Le mot sexe n'est plus l'apanage de personnes mariées, ni un tabou pour les jeunes. Les relations sexuelles sont devenues aussi banales que manger. « Les jeunes font l'amour à la plage parce qu'ils n'ont pas d'autres lieux », soutient D. Diop, maître nageur de son état, qui affirme qu'il est toujours témoin de choses inimaginables à la tombée de nuit, et jusque tard dans la soirée. Par contre, certains pensent que faire l'amour à la plage relève du romantisme pur et dur. La prolifération des séries « télénovélas » au pays de la Téranga , a transformé plus d'un jeune. En effet, ces séries télévisées montrent des histoires d'amour que tous les adolescents rêvent de vivre. L'érotisme n'est plus un sujet qu'on traite à voix basse. Chacun veut essayer ce que l'autre a fait. C'est le cas de A. Dione, « un ami m'a parlé d'une partie de jambes en l'air qu'il avait fait avec sa copine au bord de la mer, et d'après lui c'était très cool. Alors, moi aussi je voulais essayer et c'était super. Ce n'est pas parce que je n'ai pas une chambre, mais je voulais voir ce que ça fait de le faire à l'air libre. Et ma copine était d'accord ». Le constat est général. Presque tous les gens interrogés affirment le faire soit pour changer la routine des lits, soit parce que c'est romantique. Mais en réalité, la plupart des personnes qui s'y adonnent ont moins de 30 ans, donc irresponsables, et souvent dépendantes de leurs parents. Ce sont des jeunes qui n'ont pas leurs chambres à part. Certaines filles quant à elles soutiennent que les jeunes sont très romantiques, et quand deux personnes s'aiment tout est possible lorsqu'elles se retrouvent seules. « Ce n'est pas une question d'avoir, ou de ne pas avoir une chambre, mais quand l'envie est là, on le fait. Ici, personne ne se soucie de toi, car tout le monde fait la même chose. Et puis, c'est loin de chez moi, je ne risque pas de rencontrer quelqu'un qui me connait », affirme K. Ndiaye, une fille qui habite à Keur Mbaye Fall. Par contre, d'autres filles pensent que c'est « animal ».

…les boîtes de nuit transformées en sex-shops

Les hommes sont devenus des bêtes affamées de sexe, et s'adonnent à des pratiques qui relèvent de l'inconscient, selon elles toujours. « Ils sont dépourvus de leur raison maintenant, mais c'est le rôle des filles de les raisonner. Nous sommes plus responsables et plus intelligentes. Pour la dignité et la vergogne, ne serait-ce qu'un tout petit peu, on ne doit pas accepter de coucher avec les hommes à l'air libre, même si c'est notre mari », soutient A. Fall, étudiante dans un institut de la place. Les plages constituent certes des lieux où l'on est responsable de soi. Mais elles ne sont pas les seuls lieux de libertinage et de vagabondage. Les endroits où les couples peuvent se retrouver seuls sont aussi devenus des « lits d'amour » pour beaucoup de jeunes.
 
 
   
Quand on le fait mi-couché ou assis, c'est fou non… Les places publiques ne sont pas en reste

En cette période de canicule, la chaleur constitue un prétexte pour sortir. Aller danser, prendre l'air ou plutôt se retrouver seul avec son bien-aimé. Les places publiques sont des lieux de convergence des couples. Les jeunes s'y sentent   libres et cachés des regards indiscrets. C'est le lieu de s'embrasser et de s'enlacer ou en encore jouer une petite partie de jambes… Les adolescents, ayant de nos jours une sexualité précoce, sont en couple avant même d'atteindre la majorité. La maison familiale n'étant pas un lieu où l'on peut recevoir sa copine (ou son copain), les bancs publics restent la seule option pour vivre pleinement sa sexualité sans être dérangé. Cachés entre les feuillages des arbres, des jeunes s'adonnent aux jeux inimaginables. Comme à la plage, certains soutiennent le faire non pas parce qu'ils n'ont pas de chambre mais parce que l'envie les a surpris. Mais après échange, on constate que ce sont des personnes immatures, des adolescents en quelque sorte. « Les bancs n'étant pas confortables pour certaines choses, les jeunes inventent des astuces que la morale et l'éthique ne me permettent pas d'expliquer », ajoutera D. Ndiaye, veilleur de nuit à Dieuppeul. Cette perversion n'est pas seulement rencontrée chez les jeunes et adolescents. Les prostitués aussi utilisent les bancs publics en guise de lits. Ces dernières dissimulent la majeure partie la nature de leur travail. Donc, elles sont obligées de sévir loin de leur quartier. Et voulant amasser beaucoup d'argent en une seule nuit, l'endroit le plus près et le plus rapide serait mieux. Cet aspect est le plus souvent rencontré chez les prostituées clandestines et celle de la « basse classe ». « Avant que l'on enlève les arbres, il y a très peu de temps, ce jardin était transformé en chambre, chaque nuit. Les prostitués y recevaient leurs clients. D'ailleurs, ces derniers n'étaient personne d'autre que les maçons qui travaillent à côté. Il y a beaucoup de maisons en chantiers à Ngor, et les gens qui y travaillent n'habitent souvent pas ici », dira un riverain de l'hôtel Darkassé, sur la route l'aéroport, qui a préféré garder l'anonymat. Donc, utiliser les places publiques comme lits n'est pas un fait nouveau. Les adolescents, comme certaines grandes personnes le font, sans pour autant se soucier des « qu'en dira-t-on ». Le pays de la Téranga a perdu certaines valeurs avec l'avènement de la mondialisation, surtout sur un domaine purement culturel. Le comportement des jeunes est à l'image de l'occident. Mais aussi, avec la démission des parents, le vagabondage prend de plus en plus d'ampleur. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes. C'est devenu très rare de rencontrer des parents qui s'occupent de tous les besoins de sa progéniture. Le sur moi parental ne fait plus beaucoup d'effets, car l'éducation par les parents se fait de plus en plus rare. La rue et la télévision ont pris le dessus. La « colonisation » continue de sévir même si ce n'est plus sur le plan économique, mais elle s'exerce plutôt dans les comportements et habitudes. L'affluence vers les plages est devenue un peu rare avec la rentrée des classes. Mais les vacances ne semblent pas encore terminées car la chaleur sévit toujours et les cours n'ont pratiquement pas débuté. La floraison des boîtes de nuit vient s'ajouter aux moyens de distraction. Le « Dakar by night » est un phénomène réel. Les boîtes de nuit refusent du monde durant les week-ends, que ce soit en vacances ou en année scolaire. Les soirées sénégalaises sont plus prisées, par les étrangers et par les Sénégalais eux-mêmes. 
 
   
Soirées sénégalaises : danse à l'africaine, ou streaptease à la sénégalaise

Les soirées sénégalaises font de plus en plus partie du programme des boîtes de nuit. Elles constituent l'une des distractions où toutes les classes d'âge peuvent converger. Le rythme du tam-tam est au rendez-vous, et les filles se déhanchent comme les streapteaseuses. Les yeux pervers se nourrissent jusqu'à avoir la salive à la bouche. Les soirées sénégalaises sont devenues le loisir favori de plus d'un Sénégalais, et où les boîtes refusent du monde. Les danses dites sénégalaises sont très sensuelles ou plutôt …obscènes. C'est dans ce cadre que Ndèye Guèye et compagnie ont été déférées au parquet. L'affaire « guddi town, yeunguel down » a défrayé la chronique et a bouleversé la vie de tous les Sénégalais, selon qu'on est avec ou contre elle. Pour certains, c'était une entrave à la liberté d'expression, et ils considèrent que des choses plus graves se passent dans les institutions et dans les hautes hiérarchies du pays. En plus, les danses dites obscènes ne sont pas un fait nouveau. Et Ndèye Guèye et compagnie ne les ont pas créées. Ces derniers pensent que les autorités ont créé ce brouhaha pour faire oublier les problèmes les plus pressants des populations. Pour certains parents, il ne s'agit pas de juger le comportement de telle ou telle personne, mais ce qui est à l'origine de leur cri du cœur est le fait que ces déhanchements sont filmés et vendus en cassettes, donc accessible à tout le monde, y compris les enfants. Mais ces danses dites obscènes ont toujours existé au Sénégal. Peut-être que c'est devenu plus sensuelles et l'on a tendance à y ajouter du sel dans les boîtes de nuit, car ces dernières sont des lieux dépourvus d'autorité. Le « leumbeul nar » ou le « couché » ne sont rien d'autre que le « leumbeul laobé » d'antan un peu plus amélioré ou pimenté. Les occidentaux ont leur propre danse de streaptease, mais la streaptease à la sénégalaise est une transformation des danses d'autrefois.
La perversion a gagné beaucoup de terrain au pays de la Téranga , au pays des bonnes mœurs d'autrefois, et beaucoup pensent que c'est en majeure partie la faute des parents. De nos jours, les jeunes se prennent en charge avant même la maturité, et chez les filles avant le mariage. Donc, le vagabondage est non seulement dû au mimétisme des occidentaux, mais est, aussi, le fruit de la démission des parents, qui laissent leurs enfants à leur propre sort. Jusqu'où nous mèneront la pauvreté et la globalisation ? L'avenir nous édifiera.



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