Veille de Tabaski : Partir à tout prix !

Jusque tard dans la soirée d’hier, les gares routières interurbaines de Dakar continuaient à afficher le plein. Tabaski oblige ! Ainsi, la capitale se vide de sa population dont une bonne partie passe la fête à l’intérieur du pays, en famille. Mais à quel prix.

Sacs d’oignon, de pomme de terre, de riz, de vermicelle, de pain sans oublier les béliers ; bref tous les condiments pour assurer le plat régalien du jour de la fête occupent les porte-bagages des véhicules en destination des régions intérieures du pays. Et c’est à croire que le car ‘ndiaga ndiaye’ de 42 places stationné au rond-point Khar-Yalla va rendre son dernier souffle à la moindre inclinaison sur les bas-fonds des routes peu sûres sur l’axe Farafenni – Sénoba en territoire gambien, tellement il est surchargé. Les passagers à bord encourent pourtant un sérieux risque, mais arrivée à Ziguinchor en vaut la chandelle.

Fatoumata Badji doit passer la fête en campagne, dans son village natal à Karthiak dans le département de Bignona. ‘Il est hors de question pour moi de passer la Tabaski à Dakar. Chez nous, c’est une tradition de passer la Tabaski en famille’, explique la jeune femme qui s’est acheté un ticket à 12 000 F Cfa en lieu et place de 5 500 F Cfa selon le tarif normal. Mais, elle n’est pas la seule prête à sacrifier à la tradition. Ils sont nombreux ailleurs à la gare routière ‘Pompiers’ comme partout, trouvés sur place, qui profitant de l’ombrage des quelques rares arbres, qui roupillant difficilement sur leurs bagages, à cause des vrombissements des moteurs et autres klaxons assourdissants de véhicules, procèdent aux derniers réglages d’avant départ. Certains sont même prêts à tripler le prix pour être à bord. ‘J’ai loué un véhicule de sept places à 40 000F Cfa pour me rendre chez moi à Guinguinéo, dans le département de Fatick en famille’, confie Mandao Boye, marabout féticheur domicilié à la Sicap Liberté III, accompagné de son épouse et ses trois enfants. De même, Khalifa Barro qui voyage à Diourbel a été contraint de proposer une offre supérieure à la demande pour tirer son épingle du jeu. ‘J’ai proposé aux apprentis-chauffeurs 6 000 F Cfa au lieu de 3 500 F Cfa pour obtenir le billet’, raconte-t-il, l’air soulagé.

Pendant ce temps, les moins démunis broient du noir dans l’attente d’un véhicule pouvant les transporter jusqu’à destination voulue. ‘Cela fait deux jours, je passe la nuit ici, alors que j’ai déjà acheté mon billet pour Camaracounda, un village situé à quelques kilomètres de Bignona. J’aurai dû repartir chez moi, mais de crainte de rater un véhicule, je suis tenu de rester et d’attendre’, se désole Oumar Cissé croisé à la gare qui jouxte le rond-point Khar Yalla.

Tarifs des cars ‘Ndiaga Ndiaye’ : Rufisque à 1 000 francs de la Patte d’Oie

En cette veille de Tabaski, pour se rendre à destination souhaitée, le passager doit casquer fort. Rien que pour se rendre dans la ville de Rufisque en quittant la Patte d’Oie, il faut débourser 1 000 F Cfa au lieu de 250 F Cfa, le prix habituel. Les transporteurs qui refusent de faire dans le détail, expliquent cette hausse subite par la montée des prix du litre du gasoil à 625 F Cfa et du super à 658 F Cfa. Si de leurs côtés, on se frotte bien les mains, ce n’est pas le cas chez Almani Mané, croisé à la Patte d’Oie et qui désire se rendre à Kolda en bus. ‘C’est anormal qu’on profite du nombre très élevé de la demande pour augmenter les prix. Pour me rendre à Kolda, je suis obligé de payer 16 000 F Cfa sans marchander’, dénonce-t-il, ajoutant qu’on leur lance souvent ce bout de phrase insolent : ’C’est à prendre ou à laisser’. En temps normal, ce prix était fixé à 6 000 F Cfa, selon le billettiste Abdoulaye Baldé qui renseigne que cette hausse est générale. A la gare routière ‘Pompier’, le prix du billet Dakar – Ziguinchor, plafonné avant les fêtes à 5 500 F Cfa, varie actuellement entre 10 000 F Cfa et 12 000 F Cfa pour les cars, alors que Kolda est à 16 000 F Cfa de Dakar, différent du tarif normal estimé à 6 000 F Cfa.