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VIOLENCE AU SENEGAL LA TRISTE LOI DES SERIES

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VIOLENCE AU SENEGAL LA TRISTE LOI DES SERIES

S’il y a une loi qui n’a pas trop changé sous nos tropiques, c’est celle de l’impunité. Les affaires se suivent et se ressemblent. On fait semblant d’administrer la Justice, en rangeant discrètement les dossiers dans les tiroirs. Les cas font légion.   

La violence, l’intimidation et la peur, comme effets induits, sont érigées en valeurs ultimes de la gestion du pouvoir, depuis que Me Wade s’est installé au pouvoir. En effet, les agressions ayant entraîné blessures et morts d’hommes, destructions de biens commencent à faire légion dans ce pays, sans que les mesures de police et de justice ne soient appliquées de manière conséquente, à la mesure de la gravité des actes posés.

Cette violence est renforcée par l’impunité, qui trouve sa source d’abord dans l’amnistie et la grâce présidentielles des assassins de Me Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel assassiné en 1993, dans le vote de la Loi Ezzan. Une loi d’amnistie visant, notamment, des infractions «ayant des motivations politiques» commises depuis 1983, votée à l’Assemblée nationale. Cette loi stipule que sont amnistiées toutes les infractions criminelles commises en relation avec les élections générales et locales organisées entre le 1er janvier 1983 et le 31 décembre 2004 ou ayant des motivations politiques. Le texte prévoit également l’amnistie de toutes les infractions en relation avec le décès de Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel assassiné par balles en 1993 à Dakar.

Mort de Balla Gaye

La mort de l’étudiant Balla Gaye qui, suite à une grève d’étudiant réclamant de meilleures conditions de vie et de travail, est sans nul doute la première grosse affaire du genre, de l’alternance. L’étudiant Balla Guèye reçoit une balle dans le dos alors qu’il manifestait avec ses camarades, dans l’enceinte de la Cité universitaire. Cette mort tragique, de l'étudiant de première année de Droit, lors de la grève du 31 janvier 2001, est non encore élucidée. Neuf (9) après les faits, c’est toujours le grand mystère dans cette affaire. Et la justice n’a pas encore mis la main sur l’assassin. Et la famille de l’étudiant Balla Gaye, n’a plus que ses yeux pour pleurer.

Agression de Talla Sylla

Le paroxysme de cette violence a été atteint avec la tentative d’assassinat, à coups de marteaux, de l’homme politique Talla Sylla, Président de l’Alliance Jëf-Jël, dans la nuit du 5 au 6 octobre 2003, au restaurant «Le Régal». Une affaire élucidée par les enquêteurs de la Section de Recherches, mais il n y aura pas de poursuites judiciaires. Le dossier va dormir dans les tiroirs du 1er cabinet avant d’être classé sans suite. Et les coupables courent toujours. À l’occasion, le chef de Cabinet du président de la République, Pape Samba Mboup, soupçonné de faire partie du coup, sera trouvé à l’hôpital où était évacué nuitamment M. Sylla. Il expliquera qu’il s’y était rendu, parce qu’il avait été mordu par un chien, Rex, rendu célèbre par les déclarations du chef de cabinet du Président Wade.

L’incendie du siège de Psd/Jant-bi

En 2004, le siège du parti de Mamour Cissé, le Psd/Jant-bi a été incendié. Après moult tractations, l’affaire a été classée sans suite. Et son Secrétaire général rejoint la mouvance présidentielle alors qu’il accusait, tout au début, les libéraux d’être les auteurs de l’incendie criminel.

L’agression de Pape Cheikh Fall, correspondant de la Rfm

Correspondant  du Groupe Futurs Médias dans la région de Diourbel, Pape Cheikh Fall a été sauvagement agressé par les «taalibés» de Cheikh Béthio Thioune. Ce, suite à un reportage sur leur vénéré guide. Il a été roué de coups, avec des câbles en fer alors qu’il se trouvait avec des confrères dans une buvette. Le collaborateur du groupe Futurs Médias avait nommément accusé des «taalibés» de Béthio Thioune d’être les auteurs de la tentative d’assassinat dont il a été victime. D’ailleurs, le journaliste cite le nom d’un certain Pape Niang comme faisant partie de ses agresseurs, avec qui il dit partager le même quartier. Sans suite.

Agression de militants à Paris

Le 9 juin 2007, à Paris, la garde rapprochée de Me Wade a sauvagement agressé deux citoyens sénégalais qui distribuaient des tracts aux abords de la résidence de l’ambassadeur du Sénégal en France. Cet acte fait suite à de nombreux autres perpétrés sur des hommes politiques, des journalistes et des citoyens qui expriment une opinion négative sur le régime de Wade et de ses alliés.

L’agression, en 2007, en pleine campagne électorale, par les talibés de Cheikh Béthio Thioune, des journalistes violentés et dépouillés de leur matériel, est classée sans suite.

L’affaire Kambel et Thioune

Boubacar Campbell Dieng, journaliste de Radio Futurs Médias, et Kara Thioune de West Africa Democracy Radio ont été violemment battus par une douzaine de policiers au stade Léopold Sédar Senghor, dans la capitale sénégalaise. Dans cette affaire, le ministre de l’Intérieur, sans attendre la justice faire son travail, avait blanchi la police. Dans un communiqué rendu public, le ministre de l’Intérieur d’alors, Cheikh Tidiane Sy, soutient que «c’est le journaliste Boubacar Kambel Dieng qui, par son comportement, a provoqué l’affrontement avec les policiers, en assénant un coup de poing à l’un des gradés avant de se diriger vers les vestiaires tout en vociférant pour alerter ses confrères». Selon le ministre, c’est ce qui ressort de «l’enquête exhaustive menée par les services compétents». Cette affaire a connu une évolution. Le doyen des juges qui a hérité du dossier a instruit la Gendarmerie à poursuivre l’enquête. Les conclusions de celle-ci sont disponibles, mais la presse attend toujours des actes.

La casse des journaux  l’As et 24 heures

L’agression contre les locaux abritant les journaux «L’As» et «24 Heures Chrono» remonte à la date du 17 août dernier. Des individus à visage découvert ont fait irruption dans les sièges de ces organes de presse en saccageant leurs matériels et en malmenant un des employés trouvé sur place. Après l’agression, le ministre Farba Senghor a été désigné comme étant le commanditaire. Mais il court toujours sans être inquiété. Mieux, il vient d’être promu Coordonnateur des renouvellements au Pds. 

Le saccage des locaux de Walf

De manière insidieuse et rampante, la privatisation de la violence se met en œuvre avec l’émergence de milices privées dévouées corps et âmes à certains hommes politiques ou religieux, avec le recrutement d’anciens miliciens dans la Police, la Gendarmerie et l’Armée. Ces milices s’arrogent le «monopole de la violence légitime». L’agression sauvage perpétrée contre le groupe de presse Walfadjri, le vendredi 25 septembre 2009, a été brutale. Le Président-directeur général, Sidi Lamine Niasse, a été kidnappé par les sbires du marabout Kara qui ont, par la suite, envahi les locaux du groupe et donné libre cours à leur furie destructrice, terrorisant les femmes, rouant de coups et blessant les agents trouvés sur place et cassant le matériel informatique et de bureau trouvé sur place. Et le commanditaire, Mame Thierno Birahim, vague librement à ses occupations.

Massaly «le héros»

L’acte  d’impunité le plus récent est celui perpétré par le «vaillant» Mouhamet Lamine Massaly de la Jeunesse Wadiste. Après avoir revendiqué l’attentat de Thiès, voilà que Massaly se débine quelques heures après. Mais rien n’y fera. Il va être convoqué par la police. Seulement, il va recouvrir la liberté après quelques heures d’audition. Il sort de chez les limiers en jubilant. Même si, au départ, le pouvoir libéral montrait son désaccord face à cet acte de vandalisme. Les sénégalais suivent cette affaire, sans être assurés que la Justice sera administré. Le dossier est entre les mains du Procureur. 

Au total, difficile de dire que le régime de liberté dont se proclame le Sénégal résiste à l’épreuve des faits. Car les citoyens qui investissent les champs politique, médiatique ou intellectuel n’ont plus cette «tranquillité de l’esprit», condition sine qua non à toute liberté d'expression. La confiance cède le pas à la peur, la parole au silence, le respect aux invectives et aux insultes.



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