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VIOLENCE UNIVERSITAIRE : Les filles de la Cité Claudel dégoutées

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VIOLENCE UNIVERSITAIRE : Les filles de la Cité Claudel dégoutées

Depuis le vendredi 17 février, les jours passent, mais n’atténuent en rien la colère noire ressentie par Aline Sitoé Diatta. Même si elle a été loin du théâtre des opérations où ses frères ont été « sévèrement réprimés », la gent féminine estudiantine en veut terriblement au ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, et a banni toute une corporation : les forces de l’ordre. En outre, Aline Sitoé Diatta prône la radicalisation de la grève jusqu’à la satisfaction totale de la plate-forme revendicative des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Pour, dit-elle, éviter d’être le dindon de la farce

Depuis le début de la grève déclenchée par les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Aline Sitoé Diatta a très mal et en veut terriblement aux forces de l’ordre. Mardi 28 février, il est 14 heures 56 minutes. La grande affluence habituelle que connaît la Cité Aline Sitoé Diatta n’est pas perceptible à première vue à travers ses grilles étroitement surveillées.

Assis devant une table située à gauche du portail, un vigile filtre les entrées et les sorties. Après les salutations d’usage, le gardien du dortoir des filles demande à votre serviteur de révéler son identité avant de le conduire à la direction de la cité où trois dames papotent paisiblement. Sur un ton sévère doublé d’une méfiance inébranlable, la patronne des lieux tient d’abord à s’enquérir de l’objet du reportage.

À l’origine de la méfiance manifestée à l’endroit de la presse, un supposé article d’un organe de la place accusé d’avoir raconté des mensonges sur la vie des étudiantes. Pendant ce temps, l’ange gardien du jour prêt à éconduire le visiteur s’impatiente au fil des minutes avant que ce dernier n’obtienne finalement le sésame.

Puis, on tombe nez à nez sur un groupe d’étudiantes voilées qui s’extraient du lot des filles plongées dans les bras de Morphée en cette heure de sieste. Interrogées sur la grève qui secoue l’Ucad depuis plus de trois semaines, elles désignent du doigt une de leurs amies qui confie, « nous avons décidé d’aller vers la presse pour faire une déclaration sur ce qui s’est passé le vendredi 17 février 2006 ». Et d’ajouter, « de grâce, n’insistez pas, car, vous serez tenus informés de notre position dans les heures à venir ».

À quelques mètres de là, Awa Guèye, sortie du Cybercafé situé dans l’enceinte de la cité, s’empresse de se prêter à l’exercice des questions réponses. Sitôt interpellée sur le mouvement d’humeur, elle lâche, « il n’est pas question de reprendre les cours tant que les autorités ne satisfont pas la plate-forme revendicative. Car, nous sommes arrivés à un point de non-retour ». Même si l’étudiante en première année de Droit estime que les étudiants devaient s’abstenir de marcher sans autorisation, il n’en demeure pas moins qu’elle condamne avec la dernière énergie la répression policière du vendredi 17 février. Sanglée dans une robe multicolore, sa copine d’à côté, Fatou Thiam, inscrite en Droit est au bord de la crise des nerfs quand elle évoque le terme policier. « Depuis la rage dont les policiers ont fait preuve vendredi passé, je suis devenue allergique aux hommes de tenue. Ils ont dépassé les limites d’une répression autorisée. Franchement, j’ai envie de vomir rien qu’à entendre parler de forces de l’ordre ».

Un sentiment largement partagé par Aïssatou Ali cumulativement, inscrite à l’ex-Ensut et en Fac Droit. Habillée en pantalon Jean de couleur verte surmonté d’un body, notre interlocutrice déteste tout ce qui touche aux forces de l’ordre. « En violentant les étudiants et particulièrement les étudiantes, les hommes de loi qui ont mis à nu la substance de leur caractère inhumain ne font pas honneur à leur corporation ».

Pour elle, « même si la grève a trop duré et doit connaître son épilogue dans les plus brefs délais, il faudrait impérativement que les autorités trouvent une solution définitive aux maux qui assaillent l’Université. Car, il est impensable de reprendre le chemin des amphithéâtres sans satisfaction des revendications ».

Aline Sitoé jette le béret à la poubelle

Décidément, Aline Sitoé Diatta a opté pour une rupture du cordon ombilical qui la liait au ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom et ses subordonnés. Le divorce est consommé depuis vendredi dernier, date des douloureux affrontements survenus au Campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Moulée dans un pantalon blanc, Khady Diédhiou, sac en main, voit dans le mouvement d’humeur estudiantin une lutte noble, car, il vise à améliorer les conditions de vie et d’études des étudiants. Selon elle, « si les cours reprennent sans la satisfaction complète de la plate-forme revendicative, l’image de l’étudiant va en pâtir, car, l’opinion publique considérera ce dernier comme un dindon de la farce ». Aussi, dit-elle, « tous les étudiants doivent lutter jusqu’à leur dernier souffle. C’est une affaire de vie ou de mort ».

Évoquant les violents affrontements entre étudiants et forces de l’ordre, Kh. D se veut catégorique : « nos policiers ne valent pas mieux que les militaires d’Abou Ghraib auteurs des sévices infligés à des civils Irakiens. Ma perception vis-à-vis des policiers a radicalement changé depuis le 17 février dernier ». Étudiante en Lettres Modernes, Fanta Cissokho, belle comme une nymphe, refuse de trop épiloguer sur les forces de l’ordre, car, estime-telle, « elles reflètent la nature de leur ministre de tutelle, Me Ousmane Ngom, un dirigeant qui a la violence dans le sang ».

Malheureusement, conclut-elle, c’est la crédibilité de toute une corporation et l’image de tout un pays qui en ressortent affectées ». Pensionnaire de la Faculté des Sciences économiques, Bineta Sady, étudiante en deuxième année, juge la grève logique et considère la répression policière inadmissible et à la limite inhumaine, car, fait-elle remarquer, « rien ne justifie que les éléments de Me Ngom aillent jusque dans les chambres pour y débusquer d’innocents étudiants dont le seul tort a été de s’extraire du théâtre des opérations ».

Pour autant, Ndèye Ndiaye, 1e année au département d’Anglais ne s’en émeut pas, car, confie-t-elle, quand on connaît le caractère violent du ministre de l’Intérieur, on cautionne aisément que des éléments qui agissent sous son ordre puissent poser des actes barbares ». Selon elle, « la seule arme dont les étudiants disposent pour riposter face à l’humiliation subie, c’est de ne jamais renouer avec les enseignements tant que les doléances ne sont pas réglées. Sinon, ce serait du gâchis ».

Sous le couvert de l’anonymat, une étudiante trouvée sous un des arbres du Campus pédagogique entrain de réviser, a décidé de mettre une croix sur tout ce qui a trait aux hommes de loi. « C’est le 19 février, c’est-à-dire, deux jours après la violence inouïe qui s’est abattue sur le campus social de l’Ucad que j’ai rompu ma relation amoureuse avec mon copain policier. Car, après réflexion, j’ai estimé qu’il serait suicidaire de ma part de songer à fonder une vie conjugale avec un partenaire capable d’une rage extrême ».

 



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