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Viols, prostitution, travail forcé : les jeunes migrants face à l'horreur des bidonvilles

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Dans la jungle de Calais en août 2014.

Trois sociologues ont interrogé plusieurs dizaines de jeunes filles et garçons, âgés de 11 à 17 ans et vivant dans les campements du nord de la France.

Ils sont des centaines à vivre, isolés, dans les bidonvilles du nord de la France. 61 de ces jeunes migrants, isolés et souvent victimes des réseaux de passeurs, ont été interrogés début 2016 par une équipe de trois sociologues à la demande de l’Unicef France. «Ni sains, ni saufs», c’est le titre de cette enquête, à laquelle Alexandre Le Clève a participé. Il en livre les principaux enseignements.

Quel a été votre terrain d’investigation ?

L’Unicef a commandé une étude sur la situation des mineurs non accompagnés dans les bidonvilles du nord de la France. On s’est intéressé, à partir de 61 entretiens menés de janvier à avril, à leurs parcours migratoires, leurs conditions de vie en France, les risques auxquels ils sont confrontés. Ces jeunes sont de nationalités différentes. Les Afghans sont les plus représentés, mais il y a aussi des Syriens, Egyptiens, Vietnamiens, et des gens de la corne de l’Afrique - Soudan, Erythrée, Ethiopie -, notamment des filles pour ces deux derniers pays. Ils sont âgés de 11 à 17 ans et la durée moyenne de leur séjour en France est de cinq mois.

Quel est votre premier constat ?

On se rend compte d’abord que ces mineurs isolés ne sont pas forcément dans une logique de simple passage en France. Certains veulent bien sûr rejoindre de la famille en Grande-Bretagne, mais d’autres sont dans des parcours aléatoires, au gré des événements. Il faut donc déconstruire ce mythe du passage, qui sert d’ailleurs aux autorités pour dire que ces migrants ne veulent pas rester en France.

A quelles violences ces jeunes sont-ils confrontés ?

Le Conseil d’Etat avait déjà demandé aux autorités, en novembre 2015, de procéder à un recensement des mineurs isolés du Pas-de-Calais et à leur placement dans les structures adaptées. La situation n’a pas changé. Ces jeunes, filles comme garçons, sont confrontés à des violences entre communautés, mais aussi venant de la police et de milices dans le secteur de Calais. Le phénomène des violences sexuelles est assez important. Les personnes originaires de la Corne de l’Afrique empruntent une route migratoire très difficile. Elles peuvent être enlevées et violées par leurs ravisseurs. Les cas de sévices sexuels imposés contre des passages existent également. Plus sordide encore, on a entendu parler le prix d’une passe fixé à cinq euros pour des jeunes filles, qui font parfois des aller-retous vers Paris.

Quelles sont les autres situations dont ils sont victimes ?

Il y a aussi les cas de corvées imposées, ou de vols réalisés pour le compte de réseaux mafieux. Dans certains bidonvilles, le droit d’entrée est fixé à 500 euros, et les passeurs mettent la pression pour que les migrants payent le plus vite possible avant de tenter la traversée. Les situations de traite et d’exploitation existent aussi, notamment pour les Vietnamiens qui souhaitent rejoindre la Grande-Bretagne. Certains garçons vont travailler dans les fermes de cannabis clandestines ; les filles dans les salons d’onglerie, qui servent de couverture à des réseaux de prostitution.

Quelle est la réponse des pouvoirs publics ?

Ces jeunes n’ont pas été «accrochés» par les services sociaux. Cela s’explique par une multitude de facteurs : la promiscuité forte dans les bidonvilles, le contrôle exercé par les adultes, la parole qui n’est pas libre. Les passeurs cherchent à garder la mainmise sur les mineurs car ils représentent un business. Ils propagent des rumeurs pour dissuader les jeunes de rejoindre les structures d’accueil. Certains, par exemple, croient qu’on sert du porc à la cantine d’un centre de Saint-Omer. Ils ne se voient pas d’avenir en France. En outre, comme il y a une grosse présence policière dans le secteur de Calais, les institutions françaises ne sont vues que par ce prisme, ce qui a un effet de dissuasion. L’Etat a mis en place de nouvelles politiques dans la jungle de Calais, mais sur les autres sites, la situation reste engluée, avec une gestion quasi exclusivement assurée par des bénévoles. L’Unicef recommande donc de mettre en place des centres d’accueil de jour sur les campements même, pour permettre aux mineurs de se poser et pour faciliter la création d’un lien de confiance avec eux. Ces bidonvilles existent, c’est un fait. Il faut y reprendre la main et y travailler directement.

Sylvain Mouillard



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Juin, 2016 (14:22 PM)
    Avec des MAIS, DES SI ET DES YAKA .....

    personne n'a imposé leur départ de leur pays d'origine à ces mineurs



    que l'Unicef prenne le relais au lieu de dénoncer ces crimes odieux



    les passeurs sont les premiers à être des criminels, et souvent ils sont originaires du même pays que ceux qu'ils dépouillent et violent.



    On accuse la France, mais les premiers responsables sont les gouvernants des pays d'où proviennent les réfugiés, mineurs ou adultes.
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