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YAMA DIEDHIOU, PROFESSEUR D’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE, CHORÉGRAPHE DES MAJORETTES DE KENNEDY « En petit pagne, je suis capable de terrasser l’homme le plus fort de la terre »

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YAMA DIEDHIOU, PROFESSEUR D’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE, CHORÉGRAPHE DES MAJORETTES DE KENNEDY « En petit pagne, je suis capable de terrasser l’homme le plus fort de la terre »
Née en Casamance, plus précisément à Thionck Essyl, éduquée dans le Saloum, elle a, depuis 1985, la haute main sur l’encadrement chorégraphique des majorettes du Lycée John F. Kennedy. Professeur d’éducation physique et sportive de son état, mariée et mère de famille, Yama Diédhiou, que nous avons rencontrée, revient sur cette charge qui n’est pas de tout repos. Elle soutient également avoir suffisamment d’arguments de séduction. C’est donc dire que les mythiques nymphes de Colobane sont à si… bonne école.

Comment s’est passé votre parcours scolaire ?

Dans ma jeunesse, j’aimais beaucoup le sport. L’athlétisme m’attirait. Mais une dame du nom de Fatou Touré, m’a vraiment marquée. Elle a suscité en moi la vocation : je me disais que si je pouvais être sportive, athlète comme elle, je serais la fille la plus heureuse du monde. Mais au fil du temps, puisque j’étais à Thiès, et Fatou Touré, pensionnaire du Cneps de la même ville, j’assistais souvent aux compétitions qui se déroulaient au stade Maniang Soumaré. A l’époque, j’étais en classe de 6ème. Ses foulées m’impressionnaient. A ce moment-là, elle s’entraînait au Cneps, l’Inseps n’étant pas encore créé. Les bacheliers étaient envoyés à l’extérieur. J’habitais à la Base aérienne et le Cneps se trouvait dans mon quartier. Et à chaque fois qu’il y avait une manifestation sportive, j’allais y assister. J’avais aussi l’occasion durant les vacances, de venir à Dakar voir mes oncles. J’en profitais pour découvrir d’autres types de sports qui se pratiquaient au stade Demba Diop.

Donc, on peut dire que votre vocation sportive date de très longtemps?

Oui. Et le fait que je me sois mariée très tôt, en classe de troisième secondaire, n’y a rien changé. Tous mes diplômes, je les ai obtenus pendant que j’étais en plein ménage. Mon mari m’a épaulée et j’ai continué mes études convenablement. Il faut savoir qu’à ce moment-là, je n’avais pas encore d’enfants. À un moment donné, j’étais obligé de retourner à Thiès pour rejoindre mon mari qui y était affecté. Pendant ce temps, les gens me conseillaient d’aller faire le concours pour devenir sage-femme. Ce qui était le créneau le plus rapide pour une femme mariée, à cette époque, d’avoir du travail sans trop se fatiguer avec de longues études. Moi, par contre, j’avais piqué le virus du sport. Aidée par mon mari, militaire et athlète dans l’Armée, j’ai fait le concours d’entrée à l’Inseps. Dans ma formation, j’ai pratiqué la danse avec Yabel Ndoye. J’ai aussi appris à gérer des groupes, car j’ai aussi fait une formation de monitrice de collectivités éducatives.

Et après ?

C’est pourquoi lorsqu’on m’a affectée au lycée John F. Kennedy en octobre 1985, j’ai trouvé Madame Yamina Thiam (actuelle Directrice de la Haute compétition, ndlr) en tant que coordinatrice à l’école. A ce moment, les majorettes étaient encadrées par la surveillante générale, Mme Angrand. Pour vous dire que j’ai trouvé les majorettes au lycée, contrairement à ce que pensent les gens. D’ailleurs, avant de venir à Kennedy, je les admirais à travers la télévision. À l’époque, j’étais dans les petites classes, en 1976. Je ne savais pas qu’un jour, je mettrais la main sur elles. Gérer les majorettes ne faisait pas partie de mes ambitions.

Alors, comment avez-vous pu mettre la main sur ce groupe ?

Je ne savais même pas que j’allais être affectée au lycée Kennedy. Par contre, pendant ma formation de monitrice, j’ai eu à gérer des troupes de majorettes. Là, c’était une initiative personnelle. J’avoue que je suis la première Sénégalaise à ancrer cette activité dans les collectivités éducatives. Avec Henri Armand Diédhiou, un militaire qui était mon directeur de stage. Et qui a accepté de m’accueillir dans une colonie de vacances des Forces armées pour que je puisse mettre en application pratique optionnelle. Et pour lui rendre la monnaie de sa pièce, j’ai décidé, en tant que monitrice, d’apporter un plus à la colonie, qui dure trois semaines. C’est là que j’ai eu à mettre en pratique le volet danse. Je le faisais parallèlement avec le sport. Et j’ai regroupé de petites filles pour en faire une troupe, qui pendant les heures de pause, pratiquaient la danse. À la fin de la colonie, les parents avaient beaucoup apprécié les prestations des petites majorettes. C‘était également une découverte pour le directeur de la colonie. C’est à partir de là que j’ai commencé à avoir vraiment le goût de la danse. D’autant plus que durant ma formation, j’avais de bonnes notes en danse. Mme Yamina Thiam a saisi l’occasion en me cooptant pour gérer les filles du lycée. Car Mme Angrand devait partir à la retraite. C’est en 1987 que j’ai commencé à sélectionner les filles. Et ce, jusqu’à la date d’aujourd’hui.

Comment se fait la sélection des filles ?

La sélection se fait à quatre niveaux. La première phase, je me réfère à leur moyenne de classe, qui doit varier entre 12 et 17. La deuxième phase, c’est l’autorisation parentale. Qui est très importante, dans la mesure où les filles restent à l’école jusqu’à des heures tardives. La troisième phase, c’est le test, avec la batterie sonore, sur fond d’accompagnement des tambours de Doudou Ndiaye Rose. Qui est là, avec ses enfants et ses neveux, en train de donner des pas sonores et nous, des pas cadencés. Nous regardons observons les élèves individuellement. Si chacune parvient à coordonner ses mouvements par rapport au rythme, on se dit qu’il se pourrait qu’elle puisse s’adapter. Et la quatrième phase, c’est quand nous montons la chorégraphie.

Vous sélectionnez combien de filles ?

Les années d’avant, je sélectionnais 61 filles. Mais à partir de cette année, 70 filles sont choisies, à cause de la chorégraphie demandée. Au début, il faut savoir qu’elles sont plus de 100 filles. Et nous procédons à la sélection, au fur et à mesure.

Est-il facile de gérer tout ce beau monde, surtout que que ce sont des jeunes filles ?

(Elle éclate de rires et sursaute). C’est très difficile de les gérer. Mais je m’y suis habituée avec le temps. La chance que nous avons au lycée Kennedy, je ne parle même pas du cas des majorettes, c’est que nos élèves ne sont pas très têtues. Elles sont malléables. Sinon, j’allais démissionner depuis longtemps. Car, chaque année, une nouvelle génération arrive et il faut faire avec leur caractère. Comme elles aiment être majorettes, elles se plient au règlement intérieur, qui se résume en deux mots : discipliné et assiduité aux répétitions. Surtout qu’on leur demande de bien travailler à la maison et de faire leurs devoirs. C’est très dur pour elles. Elles sont très braves. Comme je l’ai dit tantôt, elles descendent à des heures tardives et la majorité habite dans la banlieue. Les majorettes, c’est un symbole dans cet établissement. Car, s’il y a des majorettes un peu partout, il faut reconnaître que ça a débuté au lycée Kennedy.

Etes-vous confrontés à des difficultés ?

Beaucoup de difficultés. Enormément de difficultés, sur le plan financier. En 1986 quand j’hétitais de l’encadrement des majorettes, les problèmes ne se posaient pas trop. Jean Collin faisait tout pour nous mettre dans de bonnes conditions. Le proviseur, Khady Kâ, ne faisait que budgétiser et envoyer au Directeur de Cabinet de Diouf, qui nous appelait pour signer le chèque. La Présidence nous équipait de la tête au pied. Mais, c’est en 19997 que tout a changé brusquement dans le financement des majorettes. La Présidence nous a notifié un jour, que la subvention qu’on recevait n’existe plus. Et qu’il fallait s’adresser, désormais, aux Forces armées qui s’occupent du défilé du 4 avril. Mais les militaires ne nous donnent que de quoi nous acheter des gants. Étant dans un établissement public, avec plein de cas sociaux, nous n’allons pas nous aventurer à faire cotiser les élèves pour un 4 avril que devait gérer l’Etat. Car, c’est une fête nationale. Jusqu’au moment où je vous parle, nous sommes dans des difficultés.

Ce travail n’affecte-t-il pas votre ménage ?

Si je vous dis la vérité, tout ne se passe bien. Un homme, c’est un homme. À beau vous comprendre, il y a des moments où il sort de ses gonds. Je passe le plus clair de mon temps au lycée Kennedy en train de m’occuper, presque bénévolement, des majorettes. Le seul bémol à cette situation est que les deux proviseurs qui ont été là ont réussi à convaincre mon mari de ma position dans ce spectacle. Seulement, je m‘évertue à ce que personne n’entre dans la cuisine le week-end. Je me charge personnellement de lui préparer ses plats préférés. Surtout qu’il n’aimerait pas manger autre chose qui n’est pas mijotée par Mme Diédhiou.

Madame Diédhiou est-elle «Mokk pocc» ?

Bien sûr. En tant que femme, Sénégalaise de surcroît, j’utilise tout l’arsenal de séduction des femmes pour faire plaisir à mon mari. D’ailleurs, la nature m’a bien dotée. Parfois, en mettant un petit pagne, je suis capable de «terrasser» l’homme le plus fort de la terre.

Votre principal défaut ?

Je suis dure. Je suis trop rigoureuse. Et c’est l’éducation de mes parents qui m’a doné ce caractère.

Vos qualités ?

Je suis très sociable et sensible à la fois. Je n’aime pas voir quelqu’un souffrir.

FATOU BINTOU K. NDIAYE et MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU



1 Commentaires

  1. Auteur

    Mouhamed Diedhiou

    En Août, 2015 (02:20 AM)
    Je suis vraiment déçu de votre reportage sur ma mère on doit porter plaintes mais on est au pays de la teranga
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