A peine arrivés à Chicago : 50 boxeurs africains se fondent dans la nature

Partis aux Etats-Unis d’Amérique avec des visas long séjour pour les besoins des championnats du monde de boxe qualificatifs pour les Jeux olympiques de Beijing, la plupart des boxeurs africains se sont fondus dans la nature une fois qu’ils ont débarqué à Chicago. Ils sont ainsi une cinquantaine de puristes membres de la délégation africaine à avoir pris la tangente pour grossir le rang des immigrés clandestins.

Les derniers championnats du monde de boxe viennent de se dérouler à Chicago, aux Etats-Unis d’Amérique. Cent vingt-six pays y ont pris part, dont dix-sept venant d’Afrique parmi lesquels le Sénégal qui avait aligné deux boxeurs. Kader Sow, dans la catégorie des 64 kg et qui est pensionnaire du centre d’entraînement de Tunis, et son compatriote Ousmane Diatta du club de la Mairie de Dakar chez les 91 kg, ont représenté le Sénégal. Si le denier nommé a pris part à la compétition qualificative pour les Jeux olympiques de Beijing 2008 et a été battu dès le premier tour par l’Ecossais Simons Stéphan par arrêt de l’arbitre à la première reprise, Kader Sow lui, par contre, ne s’est pas présenté sur le ring. Il a disparu dans la nature, comme la plupart des boxeurs de la sélection africaine qui étaient à Chicago. Dotés de visas long séjour, ces boxeurs ont préféré prendre la poudre d’escampette au pays de l’Oncle Sam. Seuls quelques Maghrébins sont rentrés avec leurs délégations respectives, avec deux qualifiés pour Beijing, dont un Marocain et un Egyptien, sur le quota des soixante places offertes par l’Aiba à l’Afrique. Tous les pensionnaires du Centre d’entraînement de Tunis se sont volatilisés dans la nature. Il en est de même d’une cinquantaine de boxeurs venant des dix-sept pays d’Afrique.

Un avocat canadien dénommé Alain Boimond, qui suivait les boxeurs africains depuis les derniers Jeux de la Francophonie au Niger, est soupçonné d’avoir tout orchestré. Il les aurait emmenés au Canada, selon nos sources. ‘Kader Sow m’avait écrit en son temps pour m’informer des contacts qu’il avait avec cet homme et sur ses visées. Cet homme était à Chicago, et à un moment donné, tous les pugilistes africains se sont volatilisés’, témoigne le Pr Lamine Ndiaye, président du Cnp de boxe. Et c’est avec le cœur gros que les dirigeants de la sélection africaine de boxe sont rentrés de ces championnats du monde, choqués qu’ils sont par le comportement inqualifiable des pugilistes africains qui ont tous pris la tangente.

Concernant le second boxeur sénégalais Ousmane Diatta, il est resté aux Etats-Unis pour se préparer à participer au tournoi d’Alger du 22 au 31 janvier 2008, qualificatif pour les Jeux olympiques de 2008, et à celui de Weendock en Namibie, au mois de mars 2008. Diatta est resté en contact permanent avec le directeur technique national Michel Diouf, avec qui il va concocter son plan de préparation, selon le président de la fédération sénégalaise de boxe, le professeur Lamine Ndiaye. Et pour ce qui est de ces deux compétitions africaines en vue, le Sénégal ‘a des chances d’aller à Beijing, parce que nous avons reçu des appels du pied de boxeurs professionnels sénégalais vivant en Europe, et qui sont pour la plupart des champions de France et d’Europe dans leurs catégories respectives. Il s’agit de Mendès Tombiste, un bon pugiliste de grande classe, du poids lourd Gomis et Thiam dans la catégorie des poids légers. Ce sont de véritables compétiteurs qui sont disponibles pour porter les couleurs du Sénégal à ces deux tournois africains du mois de janvier, qualificatifs pour les Jeux olympiques. Ils seront complétés par des locaux, que la direction technique va instruire, pour trouver le juste milieu, en accord avec le ministère des Sports, pour leur trouver les papiers administratifs nécessaires (cartes d’identité et passeports) au consulat de France’, informe le président du Cnp de boxe.

Par ailleurs, précise le Pr Lamine Ndiaye, ‘c’est parce qu’il faudra compléter le quota des soixante places africaines, que la Confédération africaine de boxe (Cab) a décidé d’organiser ces rencontres en Algérie et en Namibie l’année prochaine’. En tout cas, les championnats du monde de Chicago ont été remportés par les boxeurs russes qui ont eu huit médailles, dont trois en or, trois d’argent et deux de bronze. L’Italie vient en deuxième position avec deux médaille d’or et une d’argent et de bronze, devant les Etats-Unis troisième avec deux médailles d’or seulement. La Chine arrive en quatrième position avec une médaille d’or et trois en bronze. L’Angleterre suit avec une médaille d’or, talonnée par deux pays de l’Est européen. Ce qui veut dire que le centre de gravité de la boxe mondiale s’est déplacé ces quatre dernières années vers les pays de l’Est et l’Asie, surtout avec la nomination de Wuu de Thaïwan, à la tête de la Fédération internationale de boxe amateur (Aiba), qui dispose maintenant d’une structure qui suit la boxe professionnelle, comme le souhaitaient les membres de la fédération mondiale.

Modification de ses textes : La Fédération internationale de boxe enterre les structures d’exception

En marge des championnats du monde de Chicago, le congrès de l’Aiba s’est penché sur l’harmonisation des textes et la modification d’articles qui nécessitaient des retouches, pour une meilleure lecture de la pratique de la boxe aussi bien amateur que professionnelle. C’est ainsi que, dorénavant, l’Aiba ne reconnaît que les présidents de fédérations élus (art 13). Une mesure qui vient pour mettre un terme aux structures d’exception qui existent dans la plupart des pays africains. En outre, son comité exécutif comprend maintenant le président et les présidents des confédérations, dont l’un sera le premier vice-président. Le congrès a limité le mandat du président à deux ans en son article 36. Lequel président aura la latitude de nommer un directeur administratif en lieu et place d’un secrétaire sur proposition du comité directeur, ce qui était source de conflits de compétence avec le président.

Une commission de ligue professionnelle a été créée par son art 44, et elle s’occupera de la boxe professionnelle. Les boxeurs amateurs qui étaient laissés à la merci des promoteurs véreux, seront suivis maintenant par l’Aiba, qui va les protéger de ces derniers. Et tous les litiges seront portés devant le Tribunal arbitral des sports (Tas) ainsi que le stipule son article 59. De même, l’Aiba a accédé à la recommandation des délégués, qui souhaitaient que les boxeurs portent les couleurs de leurs pays respectifs. Jusqu’ici, ils étaient identifiés aux coins rouge et bleu. Le port du casque a été évoqué et une commission instaurée pour y réfléchir. La durée des combats a été aussi revue à la baisse pour les juniors qui combattront en deux minutes de quatre reprises de même que les espoirs, alors que l’élite en fera maintenant trois minutes en trois reprises. Enfin la fédération mondiale vient de créer une académie de la boxe, qui aiguise des appétits, avec la candidature de trois pays d’Europe dont l’Italie, la Belgique et la France pour l’abriter, alors qu’en Asie, la Thaïlande s’est portée candidate.