Suspendue pour six mois avec sursis par le comité directeur de la fédération sénégalaise d’athlétisme, Amy Mbacké Thiam sort de sa réserve pour rétablir la vérité. Elle balaie d’un revers de la main toutes les accusations portées sur elle. La tête de file de l’athlétisme sénégalais dit que «la fédération veut (la) mettre en mal avec le peuple» et donne ses preuves. Amy Mbacké Thiam se dit nullement ébranlée par la sanction.
Avez-vous donné des explications avant d’être suspendue ?
Ils me disaient qu’il faut que je me présente pour être entendue. Je leur ai demandé de m’envoyer un billet. Ils ont refusé et m’ont demandé d’acheter moi-même un billet pour venir et être entendu. Je leur ai dit : « tout sauf ça, envoyez moi le billet, je suis prête pour venir ». Ils disent qu’ils veulent m’entendre dans les 48 heures. J ‘ai dit d’accord, mais envoyez-moi un billet. Momar Mbaye m’envoie une lettre pour me dire qu’il ne m’envoie pas un billet et si je ne viens pas dans les 48 heures la décision va être prise. J’ai dit d’accord. Ensuite, il me demande de m’expliquer par voie épistolaire. Mais je n’avais pas le temps de le faire. J’avais le championnat de France à courir et beaucoup d’autres choses à faire. D’ailleurs, si je dois m’expliquer c’est devant le peuple sénégalais. Les gens qui m’aiment et qui attendaient ma médaille. Je m’expliquerai devant le peuple sénégalais mais pas à la fédération qui a fait une erreur. Elle ne m’a pas envoyé le billet à temps même pas de formulaire de visa. Comment je peux me présenter à Alger dans ces conditions ? Le ministre m’a appelé la veille pour me dire d’acheter un billet, il me le remboursera après. Je lui ai rétorqué que c’est trop tard. Maintenant, la fédération a été ridicule là-bas. Bon !pas ridicule, mais c’est ma médaille qui leur manquait et pour justifier que ça n’a pas marché pour l’athlétisme aux Jeux africains, ils me font porter le chapeau. Ce qu’elle oublie c’est que je me suis toujours battue pour mon pays. En 2003 le Canada m’avait proposé la nationalité plus le passeport et une préparation, mais j’ai dit non, tout sauf ça. Je suis fière d’être sénégalaise. Je participe au développement du pays qui avance économiquement, culturellement donc il faut que ça avance pour le sport. Mon rôle, c’est ça !S’ils veulent me l’empêcher ,qu’ils le fassent.
Comment vous expliquez-vous la sanction ?
C’est pour me mettre en mal avec le peuple. Chaque fois, ils disent qu’Amy Mbacké Thiam a fait ceci ou cela. Mais, ils se fatiguent pour rien : le peuple me comprend. Je suis désolée pour le peuple sénégalais qui attendait ma médaille. J’ai eu mal aussi qu’on n’ait pas compté ma médaille aux jeux africains. Je n’ai jamais été inquiétée par la suspension parce que je sais que je suis dans mon bon droit. Eux, ils n’avaient pas de preuve justificative pour dire qu’ils m’ont envoyé le billet à temps. Ou si j’avais le visa ou pas. Si vraiment, ils étaient sur leur bon droit, ils allaient me suspendre. Le sursis, cela ne veut rien dire. Je suis fier de ce que je fais. Je défends les couleurs du Sénégal. Je suis dans mon rôle d’ambassadeur dans le sport. J’essaie de faire avancer le pays. Et pour faire avancer un pays, il faut que chacun de son côté essaie de faire le maximum et c’est ce que je suis en train de faire dans le sport. Si la fédération veut m’empêcher de le faire, c’est son problème. Moi, je fais du sport, je participe au développement du pays par le sport. Concernant la décision, je pense qu’elle est anormale. C’est la fédération qui devait m’envoyer le billet, elle ne l’a pas fait à temps. Elle devait me chercher un visa, elle ne l’a pas fait non plus. La fédération m’a envoyé un billet à la veille de la compétition et j’ai dit que c’est trop tard, je ne peux pas y aller. Et maintenant, elle affirme que je suis fautive, que je ne voulais pas y aller. Ils (les fédéraux) m’accusent de n’importe quoi. Je pense que si vraiment j’étais fautive, ils allaient prendre une autre décision. Le sursis ne signifie pas une suspension.
Pouvez-vous revenir sur ce qui vous a valu « cette guillotine »?
La compétition se prépare depuis quatre ans. Trois semaines avant, j’ai informé la fédération pour leur indiquer les dates pour mon départ et mon retour.Elle était incapable de me donner des précisions concernant le billet. Quelquefois ils me disent que c’est le ministère qui s’en charge. Mais je ne reçois aucune confirmation. La dernière fois que le Dtn m’a appelé c’était le 7 juillet. Aucune nouvelle après, jusqu’au 16 juillet. Le 7, il m’a appelé pour me dire qu’on va m’envoyer le billet le 16 juillet.Je leur ai demander de m’envoyer par fax ou mail les départs et les horaires. Ils ne l’ont pas fait. Le 16 à 18 heures, ils m’appellent pour me dire que le départ c’était le matin même et que j’ avais un billet électronique. Mais un billet électronique a des références : comme le terminal de l’aéroport et à Paris il y a Orly et Charles De Gaulle… Même pour déterminer le lieu et l’heure de l’embarquement cela n’a pas été fait.
(Rires) De toute façon la page est tournée. J’attendais qu’ils prennent une décision, et j’ai toujours accepté toutes les décisions qu’ils prenaient. S’ils m’avaient infligé une suspension de six mois, c’est bien ;pourquoi pas une suspension à vie !!! Je suis bien dans ma peau parce que je n’ai pas fait d’erreur. S’ils m’avaient envoyé le billet et averti à temps ou que jaie raté le vol, d’accord. Là je serai fautive.
N’y a-t-il pas de risque pour que la même situation se reproduise pour le championnat du monde qui va se tenir du 25 août au 2 septembre à Osaka ?
Je prépare le championnat du monde comme il faut.Si la fédération veut que je défende les couleurs du Sénégal qu’elle m’engage. Depuis hier, ils m’appellent, ils m’ont envoyé le formulaire. Ce qu’ils n’avaient pas fait aux jeux africains. Ils me donnent raison. Quand on doit voyager, on se lève tôt. Je leur avais dit aussi que pour le championnat du monde, je veux partir le 15 ou le 16 parce que c’est au Japon et il y a 9 heures de décalage entre le Japon et la France. Il faut récupérer, s’acclimater. On ne peut pas arriver au Japon à trois jours des compétitions. Là, on est K.O et on ne pourra rien faire après. Je leur ai dit juste après les jeux africains que je veux partir au championnat du monde comme les Français, les Américains…Et tout le monde sera au Japon à partir du 15 pour bien récupérer. Si vous voulez maintenant m’envoyer à trois jours des compétitions…(elle coupe). Quand je leur ai appelé, ils m’ont dit : ah on part le 23, mais moi, je ne peux pas partir le 23 pour courir le 26. Trois jours, c’est trop juste. Pour le moment, ils m’ont envoyé le formulaire, j’attends qu’ils m’envoient le billet. En tous les cas, j’ai dit le 15 ou le 16 pour le départ et je les attends.
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