Atanas Tendeng, entraîneur du Casa-Sport «Bocandé mon idole...»

Après la dernière séance d’entrainement du Casa Sport avant le déplacement à Deuny Birame Ndao pour jouer contre Génération Foot pour le compte de la 1èrejournée de ligue 1, Atanas Tendeng, entraîneur du Casa Sport a accordé un entretien exclusif à Seneweb.

«Ato» comme l’appellent les intimes, a ouvert son cahier souvenirs  en équipe nationale en club pour parler de ses débuts d’entraîneur. Lisant les pages avec beaucoup d’émotion avant son baptême de feu face au Casa Sport qui reçoit la bande à Pierre Benoit Manga, capitaine d’équipe. Entretien !

Coach, en quelques mots, dites-nous qui est Atanas Tendeng ? 

Pour une réponse précise, je dirais Atanas est un ancien footballeur du Casa et ancien international. Je suis de Ziguinchor plus précisément de Colobane. 

 

Quand est-ce que vous avez intégré l’équipe première du Casa Sport ?

J’ai intégré cette équipe en 1990 et suis devenu international à partir de cette année et jusqu’en 1996 j’étais régulièrement en équipe nationale. Je jouais comme milieu offensif. A l’époque, on disait numéro 10. 

 

Parlons de l’équipe nationale, comment étaient les débuts ?

J’étais en sélection lors de la Can qu’on a organisé au Sénégal, en 1992. C’est seulement en dernière minute qu’on m’a écarté du groupe. Mais j’ai participé à tout le processus de préparation de la Can. Mais j’étais reconduit en 1994 lors de la Can Tunis 94.

 

Que retenez-vous de cette Can, Tunis 1994?

C’est une Can qui était là après la déception de celle de 1992. L’ambition du Sénégal était de garder sa coupe. Tout le monde avait fondé espoir sur cette équipe. Nous avions tous nos grands joueurs comme Jules Bocandé, Roger Mendy, Teuw,  Thierno Youm, Cheikh Seck. C’était une génération qui était pratiquement à la porte de sortie. Une génération sur qui le Sénégal comptait. Une génération qu’on savait qui pouvait tout nous donner et qui avait cette opportunité de le faire à domicile, avec un groupe mixé de quelques jeunes que nous étions.  Malheureusement, la mission n’était pas jusqu’au bout, nous étions éliminés en ¼ de finale par le Nigéria. 

C’était triste parce qu’on savait que c’était la fin pour cette génération. Cette amertume était restée en nous, disons cette génération de cette époque. La Can 1994 était un retour sur la scène internationale. On a pu atteindre les quarts de finales. C’était important pour nous de ramener l’équipe où nous l’avions trouvée. J’avais marqué le but qui avait qualifié le Sénégal en quart de finale. Une première pour un jeune joueur de ce groupe, je crois que c’est quelque chose qu’on n’oublie pas de sitôt. J’avais 22 ans. On avait une bonne génération. Une équipe qu’on avait mixée de jeunes que nous étions et d’anciens. C’est ce souvenir que je n’oublierai pas.

 

J’avais marqué le but qui avait qualifié le Sénégal en quart de finale.

 

En 1994, la génération de Bocandé était partie. En tant que jeunes joueurs, vous les avez côtoyés. Qu’avez-vous appris d’eux?

Heureusement que Jules était là mais en tant qu’entraineur. Il y avait quelque part une logique de continuité. Nous l’avions vécu en tant que joueur. Il finit, il est dans l’encadrement. On n’était pas dépaysés dans ce sens. On continuait encore à bénéficier de son expérience. Son envie de gagner, nous l’avions appris quand on était dans le groupe. Ils avaient cette ambition de gagner quelque chose pour le pays. 

Qui est l’idole d’Atanas?

(Rires). Jules François Bocandé était mon idole. Très jeune je le suivais déjà au Casa Sport. Je n’étais pas au départ un fervent supporter du Casa Sport. J’étais véritablement un grand fan de la Jeanne d’Arc de Dakar. Dans ce milieu, quand on est sportif, on ne sait pas refuser les bonnes choses. J’ai appris à le connaitre, à porter le Casa Sport. Surtout son retour en équipe nationale au plus haut niveau. Je crois qu’il est un bon exemple pour beaucoup de Sénégalais et d’Africains. J’ai toujours voulu lui ressembler, j’ai toujours voulu suivre ses pas et jouer dans le même club qu’il a quitté et essayer de porter l’équipe à son image. Ça fait partie de ce qui m’a ragaillardi, qui m’a donné plus d’envie et de confiance. 

 

Jules François Bocandé était mon idole

 

Racontez-nous une anecdote à son sujet

Un jour, il m’a regardé jouer, il m’appelle pour me dire: "jeune homme, tu me rappelles ma jeunesse. Quand je te vois jouer, ça me donne un pincement au cœur. Je me rappelle ma jeunesse". Dans la vie, quand on n’a pas de repère, il est difficile d’avancer et mon repère c’était Jules. Après sa carrière il a entraîné l’équipe nationale, moi le Casa Sport. 

Vous avez dit tantôt que la Jeanne d’Arc de Dakar était votre équipe. Que ressentez-vous du sort réservé à ce monument du foot Sénégalais?

J’ai appris dans la Jeanne d’Arc à m’assumer comme Casaçais réel, à adopter mon Casa... La Jeanne d’Arc avait déjà fait sa publicité à l’époque. Aujourd’hui, voir cette Jeanne d’arc au niveau où elle est, franchement, ça me fait très mal. Pire, je n’arrive même pas à comprendre, comment ça peut arriver, c’est inimaginable! La Jeanne d’Arc descendre les escaliers comme ça, on n’en parle même pas, ce n’est pas possible. Je ne sais pas réellement ce qui se passe, mais c’est un patrimoine qu’on n’est en train de regarder disparaître comme ça. Il est encore temps que les gens se ressaisissent et reviennent à l’essentiel et reprendre les choses en main et regarder devant. On est vraiment nostalgique de cette Jeanne d’Arc.

J’ai appris dans la Jeanne d’Arc à m’assumer comme Casaçais réel

Parlons du Casa. Vous êtes promu entraîneur du club, quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés? 

D’abord former des hommes responsables, respectueux et compétitifs. Je parle dans un contexte national. Il faut toujours mettre la nation en avant. Tout ce que nous faisons dans nos clubs, c’est dans le sens de rehausser le niveau national qui passe forcément par les clubs. Donc, former des hommes à la base qui vont composer ces différents clubs, qui vont donner une identité à ces clubs, qui vont faire un championnat assez représentatif dans lequel le Sénégal va choisir ses hommes. Ma priorité c’est dans ça. Je veux que le Casa continue à jouer les premiers rôles de ce championnat. 

L’objectif spécifique c’est retrouver un Casa efficace, un Casa attrayant, un Casa qui va gagner. On veut gagner quelque chose cette année, retrouver le football. Nous voulons gagner mais avec le jeu, un jeu rigoureux, simple et efficace. 

 

C’est quoi la philosophie d’Atanas ?

C’est le football total. C’est juste s’exprimer, de ne pas poser trop de questions. Ils sont jeunes, il suffit simplement de jouer, de se lâcher, de prendre des risques, de prendre des responsabilités. Nous, on est là pour pousser, pour encourager, pour rectifier.

Ma philosophie, c’est le football total

Pourquoi avez-vous libéré 29 joueurs de l’effectif de l’année passée?

Honnêtement, la plupart de ces joueurs, je ne les connais pas. En réalité depuis que je me suis retiré du club, Dieu sait que je ne me suis pas approché... J’étais déconnecté. En trois ans, je n’ai regardé que trois matches : Casa-Douane il y a deux ans, et les deux finales contre Génération Foot en 2015 (et) contre Niarry Tally, à la télé. Ils n’ont pas été libérés parce qu’ils n’ont pas le talent, c’est loin de ça. Je venais d’arriver, il fallait que je vienne avec quelque chose que je connais et j’ai gardé des joueurs qui ont déjà fait leurs noms avec des conseils de mes collaborateurs. 

En son temps les dirigeants vous avaient approché pour prendre les rênes de l’équipe et vous avez refusé. Donc, pourquoi attendre aujourd’hui pour dire oui?

J’étais déjà entraîneur titulaire de cette équipe en 2007-2008. J’ai qualifié le Casa Sport après 25 ans en coupe d’Afrique. C’est le professionnalisme qui est entré en 2009, on m’a reproché le manque de diplôme. C’est là que je me suis retiré. Je suis revenu en 2010-2011 en tant que adjoint, mais voulu parce que j’avais abandonné (l'idée) de faire mes diplômes pour prendre l’équipe, mais le professionnalisme est instauré et mon passé m’a rattrapé. Cette fois-ci je leur ai dit : je n’abandonnerai pas mes diplôme pour (une) équipe. C’est pour cela qu’ils m’ont nommé adjoint, pour avoir le temps de faire une formation d’entraîneur et avoir mes diplômes. Depuis deux à trois ans, le club m’a sollicité pour mon retour, mais honnêtement, ce n’était pas un refus ou autre chose, la raison, c’est que je n’avais pas le temps avec mes occupations personnelles et ma vie privée, ce n’était pas trop sérieux pour être dans une équipe. Les gens spéculaient parce que je n’avais rien dit.