Lion de Guédiawaye (banlieue dakaroise), champion de la provoc, hâbleur hors pair, client de la Jet Set, icône des femmes et surtout des jeunes filles, Balla Gaye 2 est aussi le seigneur de l’arène et l’ambassadeur du sport, constate ASI24.
Démonstration en a été encore faite, dimanche au stade Demba Diop, après sa victoire éclaire sur un autre lion, Balla Bèye 2, son aîné de 14 ans qu’il a expédié au sol en une poignée de secondes.En prenant la main de son adversaire déchu pour l’aider à se relever avant de le prendre dans ses bras pour une accolade de quelques secondes pendant lesquels respect, admiration, humilité et gène se sont mélangés, Balla Gaye 2 a administré, une fois de plus, une bonne leçon aux lutteurs et sportifs : la victoire n’est grande et belle que si elle reconnaît le mérite du vaincu.
Des mois plus tôt. « Eumeu, Eumeu ! Dis-moi comment t’as fait pour me battre, qu’est-ce t’as fait, c’est incroyable ? », crie Balla Gaye après son surprenant revers contre Eumeu Sène en 2008.
Contrairement à beaucoup de lutteurs qui prennent la direction de la sortie après un revers, Balla Gaye 2, contre toute attente, en pleurs, s’en est allé tomber dans les bras de son bourreau, sous les yeux de son mentor Mohamed Ndao Tyson.
« Il est de l’étoffe des grands... C’est de la bonne graine de champion, un cœur de lion, un esprit sportif. C’est beau tout simplement, majestueusement beau », s’exclamaient alors les supporters des deux jeunes lutteurs parmi les plus doués de leur génération sur les travées de Demba-Diop. Tyson, impressionné par un tel esprit chevaleresque avait pris les deux garçons sous les bras. Les larmes avaient coulé.
Pour la première fois dans l’arène sénégalaise, le vaincu célébrait son champion non pas devant les micros ou les caméras. Sans calcul, emporté par l’esprit sportif. Eumeu Sène, ému et sanglotant, explique alors à la victime la technique. Ce fut un grand moment d’émotion.
Quelques mois plus tard, Balla Gaye 2, après avoir terrassé le Tigre, le prince des arènes, toutes générations confondues, Moustapha Guèye, se retrouve face à Modou Lô pour le duel de la banlieue. Sa victoire facile et sans bavure ne l’empêchera pas de rendre les honneurs à sa victime « Ngatché ngalama ! Tu as lutté Modou, tu es un grand champion, ne pleure pas, relèves-toi ».
Chez Balla Gaye 2, l’arrogance s’arrête quand le verdict du combat tombe. Vainqueur ou vaincu, le jeune fauve retrouve la plénitude de l’esprit du sport.
« Il n’y a pas de grand champion sans un champion en face ». A 24 ans, le fils de l’illustre père Double-Less, tombeur d’un certain Mbaye Guèye premier Tigre de Fass et bien d’autres monstres de l’arène, incarne les valeurs sportives et le fair-play hélas trop peu présents dans l’arène sénégalaise, qui il est vrai vit son époque et donc les travers d’une société et les limites objectives de ses licenciés.
Dimanche dernier, Balla Gaye 2 a rappelé qu’il n’y a aucune gloire pour un champion à rabaisser un adversaire défait. L’insuccès suffisant à sa peine, l’humiliation est alors interdite. Il n’ya de toute façon rien à gagner en procédant autrement. Le jeune champion le comprend si bien qu’il demande pardon à Balla Bèye pour tous les propos et invectives d’avant-combat.
Certes, Balla Gaye 2 est arrogant, suffisant, impertinent etc. avant les combats, mais qu’il est beau de le voir accorder à son adversaire vaincu ou victorieux la part de respect et d’estime qui lui reviennent et ce sur le champ.
Chapeau champion !
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