Jeudi 18 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Top Banner
Sport

BILAN DE LA CAN 2006 : LES REVELATIONS DE ABDOULAYE SARR

Single Post
BILAN DE LA CAN 2006 : LES REVELATIONS DE ABDOULAYE SARR
Si El Hadj Diouf s'est retrouvé sur le banc des 'Lions' face à l'Egypte en demi-finale de la Can-2006, c'est parce que le médecin de l'équipe nationale avait estimé qu'il pouvait prendre part au match pendant une vingtaine de minutes. La révélation est d'Abdoulayee Sarr, dans la seconde partie de l'entretien qu'il nous a accordé. Il y revient sur l'état de méforme d'El Hadj Diouf durant la Can et s'explique sur la blessure de ce dernier ainsi que sur les cas Pape Bouba Diop et Diomansy Kamara, après avoir passé en revue les prestations des 'Lions' au premier comme au second tour. Il y parle également de cette philosophie qui a guidé ses pas pour qu'il fasse appel à du sang neuf, dès sa prise de fonction en tant que sélectionneur national, et pour qu'il fasse confiance à ces jeunes à l'occasion de la petite finale face au Nigeria.

Wal Fadjri : Le Sénégal n'est pas revenu de la Can 2006 avec la coupe. Qu'est-ce qui n'a pas marché ?

Abdoulaye Sarr : On est bien rentré dans la compétition. Si je reviens sur les temps forts, le plus difficile, c’est la manière surtout de négocier les résultats. Après un tirage au sort, les choses se précisent. On connaît les adversaires, les terrains… On a beaucoup de données fiables pour concocter un bon programme. Sachant aussi ce qui nous attend, l’objectif était d’aller au deuxième tour, on y est allé difficilement. Le match contre le Nigeria (3e journée), c’était quand même une soirée difficile. Difficile, non pas par le résultat, mais parce que, quelque part, on pensait qu’on avait fait, honnêtement et bien, notre travail. Sur un coup - avec le sport, on ne sait jamais - on a perdu ce match vers la fin, alors qu’on l’avait bien tenu, bien négocié face à une grande équipe du Nigeria qui menait le peloton. Ce jour-là, c’était difficile à cause des efforts consentis, surtout quand on voit que les joueurs avaient tout donné…

Wal Fadjri : La première difficulté n’est-elle pas survenue avec la défaite face au Ghana, lors de la 2e journée ?

Abdoulaye Sarr : C’est une défaite qui devait nous remettre sur orbite. On l’a vite analysée pour faire comprendre aux joueurs que sur ce match, on a eu, par moment, à manquer de rigueur sur certains coups. Etant conscient de nos forces, on s’était plus ou moins laissé aller. Sur l’ensemble du match, le Ghana n’a jamais surclassé le Sénégal. Sur tous les matches que nous avons joués, nous avons vraiment produit du jeu. Quelque part, on a eu des éléments clés qui sont toujours revenus. Quand on parle de manque de concentration, c’est parce que fort de ses atouts, de ses forces, on se laisse aller. Et quelquefois d’une manière inconsciente. C’est cela qui coûte cher. C’est pourquoi, on dit que c’est sur des détails qu’on gagne ou perd un match. Là, il y avait encore du chemin à faire parce qu’on avait encore un match qui se profilait. C'était l’occasion de corriger ce qui s’était passé contre le Ghana. Ce qui a été bien fait contre le Nigeria. Nous sommes venus avec de meilleures intentions au niveau de l’organisation, de la motivation… Ainsi, après une très bonne première mi-temps, où peut-être l’efficacité n’a pas été au rendez-vous, on a vu une équipe du Sénégal bien concentrée, bien organisée, très sérieuse jusqu’au but qu’on marque. Après le but, on s’est laissé aller. C’est encore des études qu’il faut faire à ce niveau, sur le comportement même du type sénégalais. Cela ne date pas d’aujourd’hui, ce brin de laxisme qui nous anime dans le comportement quotidien. Peut-être que ce sont des réalités socio-culturelles. Mais le haut niveau n’accepte pas ce genre de comportement…

«Sur les buts qu’on a encaissés, les quatre ou cinq pouvaient être évités»

Wal Fadjri : Un défaut que vous n’avez pas su gommer durant cette compétition ?

Abdoulaye Sarr : Disons qu’il a été répétitif. Chaque fois qu’on a été face à une situation, dès le lendemain, après une analyse très approfondie, avec la participation de tous les acteurs, on est revenu sur ces points. Que ce soit sur le terrain ou en salle de réunion avec des supports comme l’image, le tableau magnétique… Sur ce plan, on n’a pas de regrets parce qu’à chaque fois, on est revenu. Comme on le dit, la répétition est très pédagogique. On a répété. Maintenant, c’est dans la réalisation qu’il y a eu des problèmes. Tout le monde est conscient de cela et tout le monde s’évertue à ne pas tomber dans le même piège. Mais, c’est revenu. On change, quand on fait le compte, on sent qu’on est en face d’une réalité. Sur les buts qu’on a encaissés, les quatre ou cinq pouvaient être évités. A ce niveau, il y a peut-être un problème qui peut nous servir pour l’avenir. Sur la compétition, par moment, cela s’est répété, jusqu’à l’avant-dernier match contre l’Egypte. Si je prends les deux buts qu’on encaisse contre cette équipe, ce sont des situations qu’on avait bien travaillées à l’entraînement. On avait dit aux joueurs que sur toutes les phases arrêtées, les Egyptiens jouent vite le ballon et qu'ils se devaient d'être très attentifs à ces instants précis. Vous voyez le penalty occasionné par Frédéric (Mendy), c’est parti d’un coup franc rapidement joué sur le flanc gauche, côté droit du Sénégal. Le centre est arrivé rapidement. Ce manque de vigilance nous a, peut-être, porté préjudice. Sur le deuxième but qu’on prend, c’est parti encore d’une situation standard, à savoir une rentrée de touche. Nous l’avons bien expliqué dans le rapport que nous avons présenté.

Wal Fadjri : Pourquoi n'avez-vous pas de gros regrets malgré tout cela ?

Abdoulaye Sarr : Mais c’est parce que ce sont des choses qu’on avait vues, décelées et travaillées. C’est peut-être dans l’application qu’il y a eu des problèmes. Cela peut arriver. En football, tout peut arriver. Il faut capitaliser tout cela et essayer de mettre à profit ce vécu pour rectifier le tir. En foot, s’il n’y a pas d’erreurs, il n’y a pas de matches gagnés ou perdus. Tout le monde fait en sorte que ces erreurs soient dans l’autre camp. Il y a ces aspects, mais il y a aussi un fait sur lequel, il faudrait revenir : Il s'agit du manque chronique d’efficacité. Si je reviens sur le match contre le Nigeria, on avait l’opportunité, après le premier but, de faire un deuxième but. La situation était bien créée. On l’a encore manquée. En marquant le but, le Nigeria ne serait, certainement, jamais revenu. Ces scènes, on croyait les avoir dépassées. Parce qu'en éliminatoires, lors des deux derniers matches, l'équipe est restée très concentrée pendant quatre-vingt-dix minutes. Ces mésaventures ne nous sont jamais arrivées durant ces matches. Mais avec la Can, on a eu droit à un autre visage qu’on ne soupçonnait pas du groupe. Mentalement, il était revenu au top. C’est un groupe qui avait cette culture de la gagne et voulait gagner. Mais entre les intentions et la réalisation, il peut y avoir des écarts. Voilà des choses qui reviennent dans le foot. Il ne faut, cependant, pas lever le pied. Il faut continuer à travailler, connaître bien ses forces, mais surtout ses faiblesses et essayer de corriger ou perfectionner le travail. Je me focalise sur cet aspect. En continuant à travailler, en étant conscient de son potentiel, on arrivera à avoir un groupe plus équilibré. Pour ce faire, il faut prendre du recul, savoir que tout n’a pas été mauvais, qu'il y a eu du bon et persister sur cela pour aller de l’avant. Nous en avons les possibilités.

Wal Fadjri : Quels ont été les moments de plaisirs partagés ?

Abdoulaye Sarr : Nous avons vécu en Egypte de grands moments de bonheur. Tout le temps qu’on a passé avec ce groupe de joueurs, a été inoubliable. C’étaient des joueurs très concentrés sur leur sujet, qui avaient une approche très professionnelle, parce qu'ils étaient très motivés. Et on a senti que c’est un groupe qui tirait dans un même sens pour un même objectif. Le staff les accompagnait dans ce sens. Cette vie était intense. Elle nous a permis d’être ensemble, de mieux nous connaître, de vivre des moments de grandes complicités. Notre entrée dans la compétition est un autre moment fort de cette Can. Même si le Zimbabwe a été considéré par certains gens comme de la petite pointure, il reste que ce match, il fallait le négocier. Ce qui a été bien fait au vu de la première mi-temps où la réussite a manqué au rendez-vous. Ce qui pouvait nous faire douter. Mais jamais dans l’organisation, l’équipe n’a plié. Les rôles étaient bien respectés ainsi que les principes de jeu. En deuxième mi-temps, on a été récompensé. C’était un grand moment de bonheur de bien rentrer dans cette compétition, en glanant les trois points. Au change, ces trois points ont beaucoup pesé sur la balance. Il y a aussi ce match de quart de finale contre la Guinée qu’on a trouvé dans son jardin. C’était une équipe qui avait gagné son public et qui avait fait un très bon parcours au premier tour. Après avoir été menés sur une défaillance individuelle, nous sommes revenus au score pour gagner avec beaucoup de brio. Là, l’efficacité dont on parlait, on l’a retrouvée. Elle va aussi avec la réussite. C’est le foot. Ce jour-là, c’était un grand moment parce qu’il fallait encore faire quatre cents kilomètres pour rentrer à Ismaïlia. Imaginez de devoir le faire après une défaite ou une élimination. Dans le bus, on sentait le bonheur des joueurs. Personnellement, ma satisfaction était de voir ces joueurs récompensés des efforts qu’ils ont consentis. Durant toute la Can, ils ont été très respectueux des consignes. On n’a pas eu de faits divers. Et, sur ce point, les missions qu’on a effectuées en France, ont beaucoup aidé. Puisque cela nous a permis de gagner du temps sur cet aspect et les amener à cultiver les vertus du travail et du travail bien fait. Je voudrais profiter de l'occasion que vous m'offrez pour les féliciter, leur dire que même si on a été tout près de l’objectif, il faudrait continuer dans cette direction. Avec le temps, les fruits vont mûrir et la récompense sera là. Contre l’Egypte, l’élimination a fait qu’on n’a pas été très heureux, mais avec le comportement qu’on a eu sur le terrain, il n’y avait pas à baisser la tête. Ce match, tactiquement, on l’a bien tenu. Nous nous sommes vraiment fait respecter. Mais il devait y avoir un vainqueur. Et l’Egypte qui nous a battu, est finalement monté sur la plus haute marche du podium.

Wal Fadjri : Quel est le sentiment qui vous a animé au soir de l’élimination du Sénégal face à l’Egypte ?

Abdoulaye Sarr : Il y avait un goût d’inachevé. Pour dire la vérité, j’étais déçu. C’est clair. Mais nous n’avons pas eu à courber l’échine, à baisser la tête… A côté de cette déception, il y avait quand même un sentiment de très grande frustration. C’est lié à des situations qui se sont passées durant ce match, avec un arbitrage aussi tâtillon. Ce match contre l’Egypte, c’est le genre de rencontre d'où on sort avec des regrets, avec la frustration. Forcément, il y avait un goût d’inachevé parce que notre ambition pour cette Can était d'aller en finale et, pourquoi pas, de gagner le trophée. On sentait qu’on avait la possibilité d’aller jusqu’au bout. Sans le clamer sur tous les toits, un entraîneur qui dispose d’un groupe aussi talentueux que le Sénégal, vise le podium. Surtout la plus haute marche. Le Sénégal pouvait y prétendre, vu la valeur de son groupe qui a été façonné en si peu de temps. Voilà qu’on faisait notre quatrième participation d’affilée à une Can. Ce qui n’était jamais arrivé. Cela veut dire que des progrès ont été accomplis dans la Tanière. Et c’est le fruit d’un travail de longue haleine. On a été au Nigeria, au Mali, en Tunisie, en Egypte. C’est un capital fort, inestimable. Sur ce plan, avec les résultats qu’on a eus, notamment une finale au Mali, le Sénégal peut bien prétendre gagner cette coupe, surtout quand on sait qu’en 2002, ce groupe venait de marquer son territoire en Afrique. Mais quand on allait à Bamako, les gens ne parlaient pas de prendre la coupe. On est allé en finale. Pour toutes les autres participations, l'ambition était de prendre la coupe, mais on n’est pas arrivé en finale. Il y a lieu de revoir le problème. Il n’y a pas que l’entraîneur, les joueurs, c’est tout un environnement qu’il faut prendre en compte pour avancer dans ces compétitions où les gens qui participent, surtout les joueurs, sont tous des professionnels.

«Inévitablement, des joueurs vont passer la main (...) Cette rupture, il faut y aller progressivement»

Wal Fadjri : Une troisième place à la Can-2006 aurait été une récompense pour cette équipe. Pourquoi n'avez-vous pas misé là-dessus ?

Abdoulaye Sarr : Mais il n’y a pas eu d’option. Il faut oser dire certaines réalités. Inévitablement, des joueurs vont passer la main. Et l’option de faire avec les jeunes, nous l’avons affichée dès notre prise de fonction en éliminatoires. Cette rupture, il faut y aller progressivement. Moi, comme mon collaborateur Amara (Traoré), après analyse de la situation et la confiance dont on avait sur les éléments en présence, on a pris sur nous l’engagement d’opérer cette rupture et de montrer que la voie à suivre pour l’avenir est là. On pouvait même aller plus loin. Quelquefois, en fonction des résultats, des comportements, les gens vont vite en besogne. Cette équipe avait besoin d’une transition. Les cadres sont là pour leur expérience. Tant qu’un joueur se sent bien, il peut tenir la route. Ce problème d'âge, je l’assimile à un problème de santé physique et mentale du joueur. C’est cela le plus important. Tant que son corps répond bien, il peut tenir la route. Quand je dis son corps, c’est l’aspect physique et l’aspect mental. Il peut être bien physiquement, mais s'il n’y aucune motivation, cela ne va pas aller. Pour la vie du groupe, l’équipe du Sénégal a besoin de sang neuf. Si nous ne nous y engageons pas très rapidement, demain, on aura de grosses désillusions. L’option était donc là. On est venu avec ce groupe (de jeunes), mais c’était pour prendre la troisième place. On était venu pour surprendre le Nigeria. D’ailleurs, les premières minutes du match l’ont montré. Ils étaient (les joueurs nigériens) tellement surpris de ne pas voir les visages qu’ils avaient l’habitude de voir, que leur équipe a perdu la bonne cadence et le sens de l’orientation. Si ce jour-là, les joueurs avaient concrétisé les occasions, on ne parlerait plus du Nigeria, on ne parlerait que de ce groupe. Barry a eu une opportunité. Souleymane Camara en a eu. Issa Bâ aussi… Je peux en citer encore. C’étaient des occasions nettes. La cassette est là. On a manqué de faire rentrer ce groupe de jeunes dans l’histoire. C’est ce qu’on cherchait. Toutes les conditions étaient réunies pour surprendre. Si on avait la réussite ce jour-là, on n’en parlerait plus. La vie d’un groupe repose sur cet aspect qui, me semble-t-il, n’est pas négligeable. Il faut toujours, dans l’entreprise, souhaiter avoir la réussite. Cette réussite nous a un peu fui durant cette Can. On l’a eue contre la Guinée, mais pas contre le Nigeria.

Wal Fadjri : En parlant de réussite qui a fui l’équipe, faites-vous allusion aux blessures de certains joueurs et à l’expulsion de Habib Bèye ?

Abdoulaye Sarr : En quittant le Sénégal, les joueurs étaient dans une forme étincelante. Pour avoir vécu avec eux des années durant, je les connais. Au fond, ce sont des gens honnêtes. Un joueur sélectionné, qui ne serait pas dans les meilleures conditions, l’aurait dit. On est retourné les voir chez eux, en Europe. Individuellement, on a discuté avec la majeure partie des joueurs sélectionnables. Et je suis revenu très satisfait de ce voyage. Même des joueurs absents à la Can comme (Salif) Diao, (Aliou) Cissé, nous ont tellement bien accueilli et ne nous ont pas surpris par leur langage professionnel et honnête. Voilà des joueurs sur qui le Sénégal pouvait bien compter. Mais quand un joueur ne se sent pas bien et qu’il a l’honnêteté de le dire, vous ne pouvez que retourner satisfait. La suite l’a montré. Ce sont des joueurs qui ont disparu, depuis quelques temps, des tablettes. Mon souhait, aujourd’hui, c’est de les revoir sur les terrains, rayonnants, comme quelques années auparavant. L’état physique des joueurs était donc au top. Mais un joueur bien portant, peut se blesser à l’entraînement, on n’y peut rien. Ce n’est pas seulement au Sénégal que cela arrive. On a manqué de chance sur cet aspect. Mais, au niveau de l'équipe nationale, sur le plan médical, les joueurs baignaient dans un environnement très professionnel. Ils peuvent en témoigner. Il faut louer aussi l'équipement très sophistiqué dont on dispose à ce niveau. Aujourd'hui, c'est eux-mêmes qui utilisent ce matériel. Je le dis et je le répète, c'est vraiment une grande satisfaction qu'on peut noter dans leur comportement. Seulement, chaque jour que Dieu fait, sur le terrain, on peut même connaître le pire. Cela a constitué un handicap pour notre équipe. D'autres équipes, également, ont connu cela. Vous avez vu pour le Ghana qu'Essien n'a pas fait la Can, à cause d'une blessure. On peut encore citer d'autres exemples. En cours de compétition, des joueurs ont arrêté après un match ou après trente minutes de jeu. Donc, on a manqué de chance. D'autant qu'avant la compétition, on les a vus au travail. On a rencontré leurs dirigeants, des techniciens avec qui ils travaillent. On a beaucoup échangé. Ils ont vu que ce qu’on faisait en équipe nationale, pour essayer de refléter l’environnement où ils évoluent.

«Diouf reste un élément de valeur. C'est dommage ce qui lui est arrivé»

Wal Fadjri : Mais il y a eu le cas El Hadj Diouf. On l'attendait beaucoup, mais il n'a pas 'explosé'. Que s'est-il passé à son niveau ?

Abdoulaye Sarr : (El Hadj ) Diouf reste un élément de valeur. On n'est pas pour rien deux fois ballon d'or africain. Dans chaque équipe, on peut citer un nom. Quand, au Cameroun, on parle de (Samuel) Eto'o, en Côte d'Ivoire de (Didier) Drogba, chez nous, on peut valablement parler de Diouf. Il reste un grand joueur. La déception qu'on a, c'est par rapport à notre souhait à nous tous de le voir faire une grande compétition, pousser le Sénégal vers le sacre final par son talent, son génie. Ce qui lui est arrivé est dommage. Dommage pour lui et pour le groupe. Le groupe comptait sur lui, sur les autres. Diouf sait qu'il dépend du collectif. Mais le collectif peut bénéficier du talent individuel des joueurs. C'est cela qui fait une équipe. Tout élément a son importance. C'est pourquoi je ne me suis jamais appesanti sur le cas Diouf pour en faire un cas particulier. Diouf fait partie de l'équipe. C'est bien dommage et pour lui et pour nous ce qui lui est arrivé. Un Diouf rayonnant, comme on l'a vu pendant la Coupe du monde 2002, c'est un plus pour le groupe.

Wal Fadjri : Il a révélé être parti à la Can diminué. Ne devait-il pas, dès lors, décliner sa sélection ?

Abdoulaye Sarr : Il faut nuancer ses propos. Je connais très bien son professionnalisme. Blessé et n'étant pas à 100 %, il ne serait jamais venu. C'est en cours de compétition qu'une blessure s'est réveillée. Mais en allant en Egypte, il est arrivé dans de meilleures dispositions. Et c'est durant la Can que la pubalgie de Diouf s'est réveillée. Sur ce plan, le staff a bien géré tous les cas qui se sont présentés avec beaucoup de compétence et de professionnalisme. Et c'est l'occasion de louer les qualités du Professeur Fallou Cissé. C'est sur son travail avec les joueurs qu'on se fonde pour arrêter une liste et même composer l'équipe. Et toutes les données étaient réunies. Vous avez vu que, contre la Guinée, Diouf n'a même pas pris part à la rencontre. C'est à l'entraînement qu'il a senti une gêne qui l'a amené à ne pas terminer la séance. Et c'est sur avis médical qu'il n'a pas été aligné au départ. Quand le médecin nous dit que pour ce match, tel ne peut pas être aligné, on s'exécute. Même si nos intentions étaient autres. Parce que son avis est déterminant. Contre la Guinée, il a eu le dernier mot. Contre l'Egypte, en demi-finale, c'est aussi sur avis médical qu'on l'a mis sur le banc, puisque le médecin nous avait dit qu'il pouvait prendre part au match pendant une vingtaine de minutes. Les conditions étaient réunies pour faire de ces matches, des matches réussis avec des joueurs en très bonne condition physique, en très bonne santé.

Wal Fadjri : L'échec de Diouf a quand même profité à Diomansy Kamara, le meilleur homme côté sénégalais ?

Abdoulaye Sarr : C'est une satisfaction. Mais je reviens toujours sur ma philosophie. La vie est ainsi faite. Il y aura toujours des joueurs qui seront à l'ombre de certains. A travers l'histoire du football, on a eu des talents qui n'ont pas pu éclore parce que devant, il y avait un joueur talentueux qui, par sa longévité, les mettait sous l'éteignoire. C'est réel ! C'est même plus frappant avec le poste de gardien de but. Tant que le numéro 1 est debout, sur pied, on ne verra pas le numéro 2. C'est comme cela. Si Diomansy (Kamara) a pu briller durant cette Can, c'est un plus. Je suis convaincu qu'un Diouf, en pleine possession de ses moyens, va revenir. Il ne faut enterrer personne. Diouf est un talent sur qui, à mon avis, le Sénégal peut encore compter. C'est dommage pour nous qu'il ait eu ce problème médical. Ce qu'on n'a jamais souhaité. Avec le temps, tous ses problèmes vont rester de vieux souvenirs. Il va retrouver les terrains en grande forme. D'un côté, ce fut la déception de ne pas voir ce talent écraser la compétition, d'un autre côté, il y a eu la satisfaction de voir d'autres joueurs, comme Diomansy (Kamara), Issa Bâ, (Malickou) Diakhaté, Barry être des éléments ou des valeurs sûres pour l'avenir. Mais si un joueur peut réussir dans un groupe, c'est parce qu'il y a à la base un collectif qui travaille pour lui. C'est cela qui a été notre force. Les joueurs étaient, par moment, interchangeables, pour dire la qualité du banc par rapport à certaines équipes qui n'avaient qu'un onze de départ.

Wal Fadjri : D'aucuns avancent plutôt que vous n'aviez pas su trouver l'équipe type durant la compétition.

Abdoulaye Sarr : Quand il vous arrive des choses imprévisibles, comme des blessures, qu'est-ce que vous y pouvez ? Vous avez vu le cas (Ferdinand) Coly qui, au départ, est un titulaire de par de son expérience, son métier. Il est capitaine. Sur une blessure, on a été obligé de le sortir et de le remplacer. Il y a eu l'expulsion de (Habib) Bèye. Ce sont des choses imprévisibles. On peut sur le papier avoir des idées, commencer à les appliquer sur le terrain, mais, avec les aléas de la compétition, on est obligé de revoir sa copie. Si on ne disposait pas d'éléments de valeur, ç'aurait été la catastrophe. Mais tel n'était pas le cas du Sénégal. Ce onze dont on rêve ou dont on rêvait, s'était affiché au départ parce que devant, il y avait trois éléments déterminants. C'est (Henri) Camara, (El Hadj) Diouf et (Mamadou) Niang. Ce sont de grands joueurs. Camara a pour lui son talent, sa vitesse. Niang, n'en parlons pas. Et Diouf ! Quelquefois, on avait même l'embarras du choix. On est parti avec Diouf et Camara. Tout le monde était d'accord. Au milieu, il y avait Diomansy (Kamara), (Abdoulaye) Diagne Faye qui faisait de très bonnes choses à Bolton. Et il y a eu le cas Bouba (Diop). Pour des problèmes de bagages qui ne sont pas arrivés à temps, il est resté des jours sans chaussures d'entraînement. Et vous savez ce que les chaussures peuvent représenter pour un joueur. Pour ses marques, ses sensations... Plus une cheville qui l'emmerdait. Un onze de départ, on l'a, plus des gens de qualité qui peuvent venir à tout moment. Mais quand il y a des blessures, des expulsions, des choses imprévisibles, l'entraîneur est obligé de faire avec.

Wal Fadjri : Gardez-vous le contact avec les joueurs de l’équipe nationale ?

Abdoulaye Sarr : Toujours ! Ce n’est pas facile parce qu’ils sont nombreux. Mais, on s’organise pour toucher le maximum de joueurs. Amara a toujours su bien gérer ce volet. On ne peut pas ne pas être en contact avec eux. On est ensemble aujourd’hui (samedi) chez moi (à Mbour). Quel est le joueur qu’on vient de voir jouer ? C’est Tony Silva. C’est un contact. Encore une fois, je loue souvent l’esprit de ces joueurs. Spontanément, ils appellent pour donner de leurs nouvelles. Cela veut dire qu’il y a quand même une complicité qui est née, mais basée sur des rapports sains… (A suivre)



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email