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Boubacar Sarr Locotte : « Le Sénégal a le potentiel pour remporter la CAN »

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Boubacar Sarr Locotte : « Le Sénégal a le potentiel pour remporter la CAN »

Depuis une dizaine d’années, Boubacar Sarr Locotte fait partie du staff technique du Paris Saint-Germain. Ancien international sénégalais (il a disputé la CAN 86 en Egypte) et ancien entraîneur national (avec Jules F. Bocandé, il avait conduit les “ Lions ” à la CAN 94 en Tunisie), il est toujours un observateur averti de la scène sportive nationale et internationale. En vacances au pays, il nous a parlé de sa vie au PSG, de l’équipe nationale et du football sénégalais auquel il reste très attaché.

SON BOULOT DE RECRUTEUR DU PSG : “ Pratiquement, tous les clubs professionnels ont une cellule de recrutement le plus souvent composée de techniciens et d’anciens joueurs. Chez nous au PSG, elle est chapeautée par l’entraîneur principal, Paul Le Guen et comprend en outre Alain Roche et Eric Pécoud. En début de saison, on s’organise pour avoir le programme de presque tous les championnats puisque nous sommes appelés à voir le plus grand nombre possible de joueurs. Il nous arrive ainsi de nous rendre au Brésil ou en Argentine, sans oublier les autres pays européens. En début de saison, nous fichons les effectifs de tous les clubs professionnels ; ce qui nous permet de suivre leur évolution à travers leurs stats : joueurs confirmés ou ceux qui montent et aspirent à évoluer dans leur équipe nationale, ils nous intéressent tous. En week-end, quand le PSG joue à domicile, nous on est souvent aux quatre coins de l’Europe pour voir ce qui s’y passe. De retour à Paris, on se retrouve au bureau pour faire chacun son rapport sur les joueurs qu’on a vus. C’est un boulot très prenant et il faut en savoir le maximum sur les éléments supervisés. On surveille particulièrement aussi les dates FIFA, la champion league et toutes les compétitions de l’UEFA. Ce qui fait qu’on est souvent entre 2 avions ”

L’AFRIQUE DANS TOUT CA : “ Les grandes compétitions africaines également nous intéressent. Telles que les CAN seniors, des – 20 ans. Les matches des équipes nationales espoirs et olympiques aussi. Et puis, comme, de plus en plus, l’essentiel des matches amicaux des sélections nationales africaines se déroulent en Europe (puisque c’est plus facile pour elles avec leur contingent de joueurs expatriés), on essaie autant que possible d’en suivre le maximum. Il arrive même que pour des matches de qualification qui se jouent en Afrique, on vienne suivre quelqu’un que nous ciblons particulièrement ”.

RETICENCE DE CERTAINS CLUBS EUROPEENS A ENGAGER DES AFRICAINS “ INDISPONIBLES ” PENDANT LA CAN : “ C’est vrai que c’est un gros problème pour certains clubs qui emploient beaucoup d’Africains, parce que la CAN se déroule généralement à une période cruciale de la saison (en janvier – février). D’un autre côté, certains de ces joueurs Africains ont tellement de qualité que les entraîneurs européens ne peuvent pas s’en priver. C’est pourquoi, avec les gros moyens qui circulent actuellement dans le foot, certains clubs arrivent à beaucoup recruter pour compenser les absences. Mais, je comprends quelque part Mourinho de Chelsea, car, on n’arrive pas à remplacer facilement Drogba, Essien qui sont parmi les meilleurs au monde à leur poste. D’autant que ni Shevchenko ni Ballack ne se sont pas encore totalement adaptés au foot anglais ”.

LA PIETRE SAISON PASSEE DU PSG ET LES ATTENTES POUR CELLE A VENIR : “ On a connu de gros problèmes relationnels entre l’entraîneur d’alors, Guy Lacombe, et certains “ cadres de l’équipe. Lacombe, c’est un technicien de qualité, comme il l’a prouvé à Guingamp et Sochaux et même au PSG où, lors de sa première saison, il avait remporté la coupe de France aux dépens de l’OM. Mais, la saison passée, ses relations avec certains joueurs étaient très heurtées. Ce qui avait déteint sur les performances de l’équipe. On n’arrivait plus à s’en sortir. C’était très difficile. D’autant que le président était partisan d’une certaine stabilité et refusait de se séparer de l’entraîneur pour éviter les changements de techniciens à chaque fois que ça ne marchait pas. Mais, il a dû s’y résoudre. Heureusement que cela a coïncidé avec la période où Le Guen quittait les Glasgow Rangers. Il connaît bien la maison pour avoir été le capitaine de l’équipe ; en plus, il avait remporté 3 titres de champion de France avec Lyon. Il a donc pu sauver ce qui pouvait l’être et nous a évité la relégation en L2 après avoir redonné confiance aux “ cadres ”. Il a désormais toutes les responsabilités techniques et la confiance de tout le monde et est en train de restructurer le club. Dès lors, on espère pouvoir faire une bonne saison. Nous ne jouerons certainement pas le titre, car, il y a toujours l’OL, l’OM, Bordeaux. Mais, on visera une place parmi les 5 premiers et la saison d’après, on pourra penser à jouer les premiers rôles ”.

SON AVENIR AU PSG : “ Il me reste un an de contrat. Logiquement, je serai encore là. Mais j’ai le temps de voir venir : rester au PSG ou aller voir ailleurs ou faire autre chose. J’ai toute une année pour voir l’orientation à donner à ma carrière ”.

L’EQUIPE NATIONALE DU SENEGAL : “ Dans les années 2001–2002, elle a été une très belle vitrine du football sénégalais, avec des joueurs de talents qui l’avaient amenée à un très haut niveau, notamment en finale de la CAN malienne et en quarts de finale du Mondial asiatique. Actuellement, beaucoup de ses joueurs ont quitté l’équipe pour cause de blessure ou parce qu’âgés. D’où les difficultés à refaire une autre très grande équipe. Je crois cependant qu’au niveau de la gestion, il y a beaucoup de choses à améliorer. Le Sénégal a beaucoup de joueurs expatriés. Et, à mon avis, ce n’est pas parce qu’on a joué un ou deux matches avec l’équipe pro qu’on va taper à la porte de l’équipe nationale. Les techniciens doivent s’organiser pour garder une bonne ossature avec des joueurs confirmés qui se connaissent et ont l’habitude d’évoluer ensemble et y ajouter, par petites touches, de jeunes talents. Mais, ceux-ci doivent principalement être sollicités en sélection Espoirs et olympique où ils se feront les crocs avant de débarquer chez les A ”.

LE FOOT LOCAL : “ Là, il faut un gros travail pour le faire progresser, l’améliorer et confirmer les résultats de l’équipe nationale. Dans certains grands pays de foot en Afrique comme le Maroc, la Tunisie, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, on retrouve des joueurs de qualité dans le championnat local. Ici, le problème, c’est que tous les responsables sont branchés sur l’équipe nationale au détriment du foot local qui est presque délaissé. L’Etat et la fédé doivent aider ce foot local et le football des jeunes à se développer. Ce n’est pas normal que des pays comme le Congo ou la Gambie, malgré tout le respect que j’ai pour eux, aient un football de jeunes plus performant que le nôtre. Eux sont au Mondial des juniors, alors que chez nous, il n’y a pratiquement pas de compétition pour cette tranche d’âge. Ce n’est pas normal qu’avec tout le potentiel qu’on a, on n’arrive pas à avoir des équipes de qualités chez les jeunes. La vérité, c’est qu’on a négligé la formation ; alors qu’au Sénégal on a des éducateurs et des formateurs de très grande qualité. Il suffit simplement de les mettre dans les conditions de travailler et de leur donner les moyens. Nous nous référons très souvent à la France. C’est là un grand pays de foot ; c’est en partie parce qu’en matière de formation, elle est en avance sur presque tous les pays européens. Pourquoi ne pas donc nous inspirer de son modèle, en l’adaptant à notre contexte et à nos réalités ?

En plus, c’est inquiétant de voir qu’actuellement, il n’y a pas de championnat national digne de ce nom avec ces histoires entre la fédé et le CCPC. On a simplement oublié les techniciens et les joueurs dans cette affaire. Il y a des compétences au ministère des Sports, à la fédé et au CCPC. Il faut donc que les gens se retrouvent pour trouver une solution définitive à ce problème. Sinon, on risque de tuer un peu plus encore ce foot local qui va si mal.

Je crois également qu’il y a vraiment quelque chose à faire chez les gardiens de but. Il faut en former au plan local pour préparer la succession de Tony Sylva. Il a 30 ans passés, après, il y a Khadim Faye qui va vers ses 40 ans. Mais qui y a-t-il derrière. J’en ai discuté avec Mandiaty Fall, le préparateur des gardiens de but ; et il a en tête de faire bouger les choses ”.

LE SEMI-PROFESSIONNALISME ANNONCE POUR LA RENTREE PROCHAINE : “ Le football évolue très rapidement. On ne le joue plus comme il y a 5 ou 10 ans. Il nous faut donc évoluer vers un football semi-professionnel ou professionnel, adapté à nos réalités et à nos moyens. Les parents ont compris que le football peut-être un moyen d’améliorer le quotidien de la famille si leurs enfants y réussissent. Alors, il faut donner à ces jeunes le minimum chez eux avant qu’ils affrontent le plus haut niveau. Mais, il faudra un championnat attractif, il faudra du spectacle, de la qualité. Avec des stades vides, on ne peut pas faire grand-chose. Le professionnalisme, c’est toute une gestion. Il faudra donc faire appel à ceux qui savent comment ça fonctionne. Ne pas hésiter à aller voir comment ça se passe dans d’autres pays qui ont déjà franchi le pas, comme l’Afrique du Sud, le Maroc, la Tunisie ou la Côte d’Ivoire dont les clubs s’illustrent sur le continent à l’inverse des nôtres qui ne font en moyenne que deux tours. Le professionnalisme, ce n’est pas qu’un mot. Il faut lui donner tout son contenu ”.

LA VIE DE LA TANIERE : “ Il faut prendre en compte que les internationaux sont très sollicités. Il leur arrive de disputer 75 à 80 matches par saison. C’est beaucoup. Il faut donc que les staffs médical et technique développent avec eux des relations basées sur la compréhension et essaient de tenir compte de leurs points de vue. Il faut favoriser le relationnel ; il faut beaucoup échanger avec eux afin de les récupérer dans les meilleures conditions. Pour être un grand entraîneur, il faut parfois avoir de grands joueurs. Au Sénégal, on les a. Il reste donc à améliorer la vie de groupe. Il faut savoir donner des “ jokers ” à certains. Ils ont parfois des difficultés en club et peuvent ne pas être prêts à assumer une convocation en sélection nationale. Pour le cas de Niang par exemple, c’est un garçon qui adore son pays et veut amener les “ Lions ” au plus haut niveau. Et je pense qu’il faut lui donner une seconde chance au lieu de porter cette affaire de son absence aux deux derniers matches officiels du Sénégal contre la Tanzanie et le Mozambique devant la FIFA. En plus, Pape Diouf, son président de club à Marseille, est quelqu’un d’intelligent et de très compétent avec qui l’on peut bien s’entendre.

En général, le Sénégal a de bons pros. Ils ont la chance de gagner beaucoup d’argent et ont envie de temps en temps d’en profiter. Il faut essayer de les comprendre. Il faut parfois leur permettre quelques “ breaks ” dans la préparation de matches. Par exemple, c’était très difficile pour certains de rester trois semaines en stage, bloqués en Afrique australe, surtout en période de vacances. Il y en a qui peuvent ne pas le supporter.

SENEGAL– BURKINA DE LA DERNIERE JOURNEE DES ELIMINATOIRES DE LA CAN 2008 : “ Actuellement, le Sénégal fait partie des grosses écuries africaines avec le Nigeria, le Maroc, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Maroc, l’Egypte, la Tunisie. Nous avons des joueurs de talents, capables de faire des résultats à domicile comme à l’extérieur. Mais, il ne faudrait pas pour cela les enfermer dans des schémas où ils ne prennent pas de risque. Ce n’est pas normal qu’avec le potentiel du Sénégal, il n’ait pas remporté une seule victoire en 3 matches à l’extérieur lors de ces éliminatoires. L’équipe est dans un corset. Je crois qu’il y avait de la place pour gagner en Tanzanie ou au Mozambique. On a les joueurs pour cela, en plus, toutes les conditions sont réunies. Ce qui n’était pas toujours le cas auparavant.

Maintenant, l’objectif, c’est d’être de la phase finale au Ghana et d’être à l’arrivée. Je ne me fais pas trop de soucis pour le Burkina. Nous avons des joueurs de qualité et nous jouons à domicile. Le stade sera plein et les garçons vont se qualifier. Après, il s’agira de remporter ce trophée continental derrière lequel on court. On a des joueurs pour ça ; il suffit d’une bonne gestion du groupe pour atteindre cet objectif ”.



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