BOUCOUNTA CISSÉ, COACH DE L'ÉQUIPE NATIONALE DES CADETS : «Cette qualification est une réponse aux gens qui pensent que je suis dépassé»

En décrochant une première qualification des «Lionceaux» du Sénégal à une phase finale d’une Can des cadets, Boucounta Cissé prend une revanche sur ses contempteurs. «Cette qualification est une réponse aux gens qui pensent que je suis dépassé. Maintenant, ils se sont rendu compte que c’est eux-mêmes qui sont dépassés», dit-il.

En verve, il soutient : «d'ailleurs c’est des gens qui ne raisonnent que par souci d’intérêt. Quand vous allez en Europe, presque tous les entraîneurs des équipes de jeunes ont plus de 70 ans. Je pense que l’essentiel est ailleurs. Ma détermination me pousse à faire des recherches pour me mettre à niveau par rapport aux nouvelles méthodes». C’est pourquoi il dit : «Si j’étais un poltron, j’aurais arrêté dès le début. Lorsque j’ai publié la liste des joueurs et qu'il n’y avait pas de joueurs des clubs traditionnels, les gens m’ont beaucoup critiqué. Alors que les clubs traditionnels n’ont plus de bons joueurs. C’est pourquoi je me suis basé sur les joueurs des centres de formation. Et comme mon maître Joe Diop me disait : ‘il faut être courageux’. C’est ce que je fais et cela a porté ses résultats».

«Si j’étais un poltron, j’aurais arrêté dès le début, les gens m’ont beaucoup critiqué»

Le coach des «Lionceaux» regarde l’horizon avec optimisme. «Je pense que cette équipe ira loin. C'est un groupe talentueux. Je l’ai dit et je le répète, c’est l’équipe la plus talentueuse que j’ai jamais eue. Maintenant, il faut trouver du temps de jeu. C’est vrai que nous n’avons pas les moyens, mais il faut un minimum. Je pense que les responsables du football sénégalais ont bien fait de déposer la candidature du Sénégal pour l’organisation de la Can des juniors. Car cette équipe peut servir de base à la sélection des juniors, en 2013. Et je rêve d’offrir au Sénégal un trophée continental», précise-t-il en exhibant un palmarès en club reluisant. En effet, Boucounta Cissé qui vient une nouvelle fois d’écrire l’une des belles pages de l’histoire du football a «gagné beaucoup de titres avec le Jaraaf, qui a régné sur le football sénégalais pendant quatre ans en gagnant la Coupe du Sénégal en 1990, 92, 93 et 94 ainsi que le Championnat. J'avais un groupe formidable, qui a continué à gagner après mon départ». Après ce club qui l’a révélé au grand public, Bou est «allé en Allemagne pour un stage» avant de prendre l’équipe nationale juniors avec Boubacar Sarr «Locotte». «Et nous avons réussi à la qualifier, pour la première fois de l’histoire, à une phase finale, en 1992, en Ile Maurice. Deux ans après, nous l’avons reconduite avec Mayacine Mar et Abdoulaye Bâ.Donc mon nom a été toujours cité dans ces grands moments de qualification».

 «Mon nom a été toujours cité dans ces grands moments de qualification»

Le triomphe modeste, il dit que tout cela n’est rien par rapport à ses convictions : «Je suis un travailleur et tout ce que j'entreprends, je le fais pour mon pays. Et rien ne peut me détourner de mes objectifs et au Sénégal, quand tu es un homme comme cela, tu as toujours des difficultés». Bou sait qu’il dérange et le dit : «Je suis un homme de défi et je suis une forte tête. C’est pourquoi je dérange. Au Sénégal, on ne récompense pas le mérite. Mais moi je ne travaille pas pour de l’argent. Au contraire, je travaille pour ma propre personne. Ainsi, lorsqu’on m’a proposé de prendre l’équipe des cadets, je n’ai pas hésité. Ce n’est pas parce que j’ai eu à entraîner l’équipe A que je ne dois pas retourner entraîner des jeunes. Le fait de penser cela révèle du complexe». Et lui n’en a pas. «J’ai entraîné l’équipe nationale A, en 1995 suite à l’échec de Jules Bocandé et Locotte. Lorsqu’on prenait l’équipe avec Karim Séga Diouf, les Lions n’avaient que deux petits points et nous avions réussi à renverser la tendance. On était à égalité de points avec la Tunisie qui s’est finalement qualifiée», rappelle-t-il.

«Je suis une forte tête,c’est pourquoi je dérange»

Qui est Boucounta Cissé ? Né à Dakar, en 1950, Cheikh Boucounta Cissé qui vient, une nouvelle fois, d’écrire l’une des plus belles pages de l’histoire du football sénégalais est un Dakarois du Plateau. Boucounta Cissé a arrêté ses études au lycée Van, suite à la grève de 1968, pour faire la formation de maître d’éducation physique, au Cneps de Thiès. Le diplôme en poche, «Bou», comme l’appellent les intimes, est affecté à Fatick, où il occupe le poste de Conseiller technique départemental (Ctd). Ensuite, il revient à Dakar pour entraîner l'équipe de football de l'Us Gorée. «J’ai occupé mon premier poste de Ctd à Fatick. J’ai fait monter l’équipe de Fatick en deuxième division. Ensuite je suis venu à Dakar pour prendre les rênes de l’Us Gorée, mon premier club en première division. J’ai fait deux ans avant d’aller au Jaraaf, club qui m’a révélé au grand public», explique le coach qui comme tout bon féru de foot a bien tapé sur le ballon avant d'être un entraîneur. «J’ai joué en petite catégorie au Dial Diop, en seniors à l’Etics, à la Jeanne d’Arc pendant une saison avec Abdoulaye Diaw qui était mon entraîneur». A l’évocation du nom de Boucounta, on n’est pas sans penser à la confrérie de Ndiassane. «C’est vrai que mon nom est lié a la famille de Ndiassane. Car mon homonyme, qui est le grand-frère de mon père, a des liens avec la famille maraboutique de Ndiassane. Moi, je suis allé à Ndiassane une douzaine de fois. Mais je ne suis pas un Cheikh. C’est mon homonyme qui est un Cheikh», dit celui qui a bien fait ses preuves sans turban. Amédine SY