COUP DE GUEULE - Sans salaire depuis 5 mois : Jules Bocandé : «Trop, c’est trop !»

Jules François Bocandé en a assez de scruter le ciel, guettant un salaire qui ne tombe jamais. Voilà en effet 5 mois que le chargé de mission de l’Equipe nationale de football n’a pas vu la couleur de l’argent. Pire «Boc», qui a été engagé par le ministère des Sports, reste le seul parmi les membres du staff technique des Lions à n’avoir pas fait un tour à la caisse.

Le drap, qui voilait les inconvenances, a été déchiré en plein Hémicycle. Face aux députés lors du vote de son budget 2007, qui s’est tenu lundi dernier à l’Assemblée Nationale, le ministre-délégué chargé du Budget, Hadjibou Soumaré, a révélé avoir payé le sélectionneur national, Henryk Kasperczak, et son adjoint, Lamine Ndiaye, sur la base du système «des contrats spéciaux».

Evoquant le cas général des entraîneurs-adjoints de l’Equipe nationale de football, le ministre du budget a été clair : «Ils (les entraîneurs-adjoints ) ne peuvent pas être pris en charge par la masse salariale de l’Etat, car ils ne sont pas des fonctionnaires. Néanmoins, cette année, nous avons pris en charge l’entraîneur-adjoint Lamine Ndiaye.»

Une sortie qui n’a pas laissé indifférent Jules Bocandé, membre du staff technique national, et occupant aujourd’hui les fonctions de chargé de mission. Et pour cause, l’ancien buteur des Lions, que nous avons eu au bout du fil, reste le seul parmi le staff de Kasperczak à n’avoir pas fait un tour à la caisse, comme il le confirme : «C’est vrai, c’est la vérité, jusqu’à présent je cours derrière mon salaire. Cela fait maintenant cinq (5) mois qu’on ne m’a pas payé. Trop, c’est trop !», a vitupéré «Boc».

Sur les raisons de cette situation assez déplorable et qui pourrait faire désordre au sein d’une «tanière» en quête de renouveau, Bocandé ne trouve pas d’explication. Il a perdu ses espoirs dans les dédales administratifs : «Sincèrement, je ne peux pas vous dire où ça bloque. On semble se renvoyer la balle entre le ministère des Sports et le ministère des Finances. Quand je pose la question, on me répète à chaque fois : «La semaine prochaine… La semaine prochaine…» Je dis qu’ils ne peuvent pas finir les semaines. Mais bon ce que je sais, c’est le ministère des Sports qui doit me payer. J’ai signé un contrat en bonne et due forme, et je pense que tout travail mérite salaire. Et ce qui est incompréhensible, c’est qu’avec la récente sortie du ministre du Budget à l’Assemblée, qui a affirmé avoir payé les salaires de Kasperczak et Lamine Ndiaye, je constate maintenant que je suis le seul à ne pas avoir été payé au sein du staff. Ce n’est pas juste par rapport à ce que je représente dans cette Equipe nationale. C’est vrai que je ne voulais pas faire du bruit par rapport à tout ça, mais toute chose a des limites», peste l’ancien goleador de l’Equipe nationale.

VAVA INTERPELLE

Mais en dépit de cette situation d’injustice qu’il est en train de vivre, l’ex-meilleur buteur de la Ligue 1 française tient à rassurer : «Cette situation ne va pas pour autant briser mon élan, car j’aime mon pays et je continuerai toujours à le servir et servir le football qui est ma vie. J’ai déjà travaillé au sein de l’Equipe nationale pendant un an sans jamais demander un salaire. Mais je suis un peu déçu car je pensais que ce genre de situation était révolu. C’est dommage qu’on revienne toujours en arrière avec ces histoires de salaires impayés. Aujourd’hui, le Sénégal doit dépasser ces genres de choses. Avec la position affichée par le ministre du Budget, il revient au ministre des Sports de prendre ce dossier en main.»

En tout cas, Hadjibou Soumaré a été clair devant les députés concernant le statut des entraîneurs nationaux-adjoints. Une position d’ailleurs confirmée par un membre de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) : «Le ministre du Budget a raison, l’Etat n’a jamais pris en charge le salaire des entraîneurs-adjoints.

L’Etat ne payait que le sélectionneur national. C’était le cas avec Guy Stephan qui était payé par le ministère des Sports, alors que Laye Sarr et Amara Traoré étaient rémunérés par la Fédération. Mais c’est avec l’arrivée de l’actuel ministre des Sports que les choses ont changé. En faisant venir Lamine Ndiaye et en engageant Bocandé, Daouda Faye «Vava» a augmenté les charges de son Département et l’on comprend les réserves du ministre du Budget. Mais nous tenons à préciser à l’attention de Monsieur Hadjibou Soumaré que c’est le ministre des Sports qui doit payer Jules Bocandé. La Fédération ne prend en charge que les salaires de Mandiaty Fall, Makan Sy et Pape Thierno Bâ. Il faut que cela soit clair», a-t-on martelé au siège de la Fsf.

Visiblement, le nœud du problème se trouverait dans le camp de «Vava», qui peine apparemment à honorer ses engagements, pour s’être tapé le duo d’entraîneurs nationaux le plus cher de l’histoire du football sénégalais. Signant du coup un autre record…