Hier en 16e de finale aller de la Coupe Caf au stade Demba Diop de Dakar, les Tunisiens de l’Espérance de Tunis ont fait preuve de réalisme devant la Css dépassée par la puissance et le savoir-faire des augustes visiteurs. Maîtres du jeu dans les gradins et sur le pré, les Tunisois n’ont laissé aucune chance aux Sénégalais. Dans quinze jours, il faudra une grande «Compagnie» pour bouger la «montagne» de l’Espérance. Une mission quasi-impossible.
Les joueurs de la Css (Compagnie sucrière sénégalaise) s’époumonent sur le terrain de Demba Diop. Il reste quelques poignées de secondes à jouer, Khaled Badra, inamovible clé de voûte de l’Espérance Tunis, enraye pour la énième fois une offensive sénégalaise. Les attaquants «sucriers» ne savent plus quoi faire, sinon rester impuissants face aux monstres physiques qui composent la tour de défense tunisoise. Qui n’a presque pas forcé son talent pour garder son immense but d’avance (0-1). Et quand l’arbitre cap-verdien, Lopez Hermedio, siffle la fin de ce match aller de 16e de finale de Coupe de Caf, aucun local ne se prend la tête. Aucun masque aussi. Sinon le «coup de sang» de Ndendé Guèye qui dégage nerveusement le ballon dans le décor. Comme pour protester contre la raison du plus fort.
En fait, au cours de cette rencontre, la logique a été respectée. L’Espérance a fait parler son expérience et sa grandeur. Les Tunisiens ont souvent démontré sur la pelouse qu’ils ne boxent pas dans la même catégorie que ces «Sucriers», trop tendres encore pour prétendre passer le cap de bonne… Espérance sans encombre. La Css a tenu une mi-temps (0-0), avant de céder sur une tête ravageuse pleine lucarne de Ltaif Amine (49e mn). Qui ne s’est pas posé de questions sur un centre venu de la droite de Ben Radhia Souhaiez.
Dans les gradins, la poignée de supporteurs tunisiens fait la loi face à une Css sans escorte populaire. Elle bouscule le protocole en allumant des fumigènes. Il n’y a pas photo dans les tribunes, sur le terrain aussi. Car, les tunisois font parler leur loi sur le pré. Ongfiang Frank, l’attaquant camerounais de l’Espérance, rate le break et son face-à-face contre le gardien de la Css Khalifa A. Diop (57e). Qui doit s’employer 3 mn plus tard pour éviter que Ltaif Amine ne récidive en réussissant une belle parade devant l’attaquant tunisien (60e).
L’Espérance aspire la Css pour pouvoir la prendre en contre. La tactique est articulée à merveille par le trio d’attaquants visiteurs qui butent cependant toujours sur un grand gardien de la Css. Sur le banc de touche, «le déboussolé» Mame Moussa Cissé lance ses derniers jokers sur le pré synthétique de Demba Diop. Alpha Oumar Diallo remplace Ibrahima Ndoye et Boubacar Diop prend le relais de El Hadj Malick Fall mais, les bourlingueurs, infatigables compétiteurs de l’Esperance, font parler leur réalisme et leur puissance. La Css, très joueuse, a beau montrer qu’elle a de l’orgueil à revendre, mais elle ne parviendra pas combler ce gap d’un but. Le match est plié. Et le match retour, prévu dans 15 jours, s’annonce comme le mouroir des dernières illusions africaines des «Sucriers».
«Si… si… et…si»
Pourtant, dès la 13e mn du match, la Css aurait pu s’éviter tous ces efforts vains. Toute cette débauche d’énergie pour combler son retard. Si Ibrahima Ndoye n’avait pas raté son duel face-à-face Jean Jacques Tizié, le gardien international ivoirien. Une grosse occasion qui aurait pu bouger ces «montagnes de l’Espérance», faire fléchir le cours du destin en faveur des locaux. Au grand dam du coach de la Css, Moussa Cissé. «Il y a des occasions de but qu’on ne rate pas.
L’occasion de la première mi-temps, c’est un instant psychologique, on aurait marqué le match aurait dû changer de visage. On l’a ratée et on prend un but sur une erreur de placement de la défense. La jeunesse, c’est synonyme de naïveté», regrette-t-il. Lui, qui a reçu une bonne gifle de la part de son homologue tunisien Khaled Ben Yahia et qui a à cœur de se venger de cette baffe prise à Dakar. «On va essayer de rectifier par rapport à tout cela et jouer sur la générosité de nos joueurs pour essayer de faire un résultat à Tunis», promeut, sans trop y croire, Moussa Cissé. Car, l’Espérance malgré la sortie sur blessure de son gardien Jean Jacques Tizié (29e mn), n’a jamais donné l’impression de faillir à sa réputation d’équipe redoutable et redoutée, rompue aux joutes africaines.
Quadrillant bien le ballon, misant sur le talent individuel de son Brésilien Pereira Marcos et du génie de son maître à jouer Ongfiang Frank. Un plan de maîtrise du ballon orchestré depuis le banc de touche par Khaled Ben Yahia, heureux d’empocher les trois points de la victoire et de doucher l’ardeur des Sénégalais avant une manche retour qui s’énonce anecdotique. «On a fait un bon pas vers la qualification. En première mi-temps, on a joué avec le vent et ne connaissait pas très bien notre adversaire. On a choisi de jouer par de petites passes, en 4-4-2, car mes joueurs sont encore jeunes. En deuxième mi-temps, on aurait dû tuer le match avec deux ou trois buts, on a eu des occasions nettes de buts, mais les joueurs ont fait preuve de maladresse et de manque de concentration», se félicite le coach de l’Espérance, ravi de réaliser une bonne opération à Dakar.
Un succès précieux des Tunisiens, même si Mame Moussa Cissé entrevoit toujours le rêve (impossible ?). «C’est jouable, si mon équipe joue le match qu’elle a joué cet après-midi, si l’équipe évite de faire ce genre d’erreurs comme on l’a fait devant de grands joueurs comme ceux-là, si l’on accepte de tenir le ballon, si on fait moins d’erreurs techniques surtout dans le dernier tiers. Je dis qu’on n’a rien à perdre dans cette histoire, on a tout à gagner plutôt et l’on va essayer de jouer crânement nos chances», rassure laborieusement Moussa Cissé, qui fomente dans sa tête un hypothétique hold-up à Tunis. Chapeau Moussa, si ça passe à Tunis ! <12>[email protected]
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