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ENTRETIEN AVEC… Diomansy Kamara, attaquant des Lions : «Nous voulions dénoncer le manque de sérieux des autorités»

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ENTRETIEN AVEC… Diomansy Kamara, attaquant des Lions : «Nous voulions dénoncer le manque de sérieux des autorités»

En pleine bourre avec son club, West Bromwich Albion (D2 anglaise), Diomansy Kamara n’arrête pas de claquer des buts. L’attaquant des Lions est actuellement à 22 réalisations, toutes compétitions confondues, avec un rang de deuxième meilleur buteur de la Championship. Une forme étincelante que Dio n’a pu mettre au service de l’Equipe nationale lors de son dernier match de préparation face au Bénin, à Rouen. La révélation de la Can 2006 en Egypte, revient ici sur les raisons de ce boycott, et sur celles liées à sa réussite avec Wba, et qui serait le fruit d’une bonne ambiance familiale.

Comment expliquez-vous votre réussite avec West Bromwich Albion dans le championnat anglais ?

C’est vrai que là, actuellement tout se passe bien pour moi. Je marque beaucoup de buts, l’équipe est en train de bien tourner. Je ne pensais pas connaître une telle réussite. Sinon, il y a aussi la maturité qui fait que je parviens facilement à m’exprimer sur le terrain.

Vous attendiez-vous à une telle réussite ?

Je ne m’attendais pas forcément à une telle situation. Déjà, au départ, je ne voulais absolument pas jouer en seconde division. C’est quelque chose qui était pour moi, complètement impensable au début de l’année. Il y a eu après ma blessure qui est venue. J’ai loupé toute la préparation. J’ai discuté avec le président, il m’a offert un nouveau contrat. Je ne m’attendais pas à une telle situation. Mais, j’ai travaillé. Aujourd’hui, je suis content puisque je marque beaucoup de buts. Tout se passe donc bien pour moi en Angleterre.

Y a-t-il eu d’autres raisons qui expliquent vos belles performances avec West Bromwich Albion ?

Disons il y a ma manière de vivre depuis juillet qui a changé religieusement. Il y aussi l’ambiance familiale. J’ai eu un enfant. L’année dernière, c’était un peu plus difficile. La petite était encore un bébé. J’avais eu du mal à m’adapter à cette nouvelle situation. Aujourd’hui, je vis bien avec ma famille. Elle y est pour beaucoup dans ma réussite…Il y aussi l’ambiance au sein de l’équipe. Aujourd’hui, c’est vrai que je marque beaucoup, mais, c’est aussi dû aux qualités de l’équipe. La plupart des joueurs de première division sont restés. Quand on a une équipe pareille, c’est plus facile aussi de marquer beaucoup de buts (rires).

Apparemment il y a avait un défi à relever : prouver que la D2 n’est pas votre place…

Bien sûr ! J’ai voulu rapidement montrer que la deuxième division n’était pas ma place. Pour moi, c’était clair. Il fallait m’imposer et marquer le plus rapidement possible. L’important, c’était de réussir une grande saison. Cela faisait quatre à cinq ans que je n’avais pas joué en deuxième division. Il fallait en profiter pleinement de cette saison pour revenir en première division. C’était aussi une manière de partir lors du mercato dans un autre club. J’ai eu deux ou trois propositions. Malheureusement, mon président n’a pas voulu me laisser partir. Ce n’est pas grave. Il reste quelques matches. Maintenant, je vais essayer de tout faire pour continuer sur cette lancée, et trouver l’année prochaine une équipe de première division. Soit à West Bromwich Albion ou dans une autre équipe de première division.

Quand est-ce que vous avez senti avoir tenu votre pari ?

Je pense que c’est à partir du mois de janvier. Au bout de trois à quatre mois et non pas au bout de deux matches. Au mois de janvier, j’avais déjà mis une douzaine de buts. J’avais fait mes matches… Le premier match, j’étais remplaçant. Le pire moment parce que, je n’avais pas fait de préparation. Cela m’a fait peur. Je me suis quand même bien entraîné. J’ai rattrapé mon retard. Donc, aujourd’hui, je suis content vu que je fais une très bonne saison.

Comment vos dirigeants apprécient cette performance ?

Ici, les dirigeants m’aiment beaucoup. Aussi bien l’entraîneur, le président, que les supporters. Ils tiennent absolument à me garder. Ils disent que je suis un assez bon professionnel. C’est normal qu’ils essaient de me garder. Mais, je pense qu’ils n’ont pas été surpris. Ils disaient que j’avais le potentiel. C’est pour cela que le président du club m’avait fait signer un contrat de trois ans alors que j’étais blessé. Ce qui est d’ailleurs un signe de confiance et de reconnaissance. Et j’ai voulu payer le président de la meilleure des manières pour son geste.

Lors du mercato, vous deviez partir à l’As Roma. Qu’est-ce qui s’est passé ?

C’est simple : c’est parce que mon président m’avait mis sur la liste des joueurs non transférables. J’ai discuté avec lui. On a eu deux à trois réunions. Il m’a dit qu’il était hors de question que je parte d’ici janvier, puisqu’il compte absolument sur moi pour monter en première division. Quelle que soit l’équipe qui s’intéresse à moi, je ne serais pas parti. Il m’a dit très clairement que je ne partirai pas. Donc, cela ne servait à rien de faire la guerre. Maintenant, j’attends de voir. Il m’avait dit que si l’équipe ne monte pas, il me laisserait partir. En juin prochain, si l’équipe accède en première division, ou il me propose autre chose, ou s’il y a une très bonne équipe, il me laisse partir. Surtout qu’à part l’As Roma, il y a d’autres qui s’intéressent à moi. Mais on verra à la fin de la saison.

Etes-vous prêt à rester avec West Bromwich Albion si l’équipe accède en première division ?

Il m’a certifié que si l’équipe est en première division, il ferait tout pour me garder en me proposant un autre contrat, ou en trouvant un autre arrangement. Si j’avais une grande équipe telle l’As Roma (Italie), il me laisserait partir parce que j’ai fait l’effort de rester pendant un an en seconde division. Je pense que ce sera à son tour de faire un effort et de me laisser aller jouer dans les meilleures équipes.

Ne serait-il pas intéressant de poursuivre l’aventure avec West Bromwich en cas d’accession en première division ?

(Catégorique) Non ! Non ! A West Bromwich (Albion), l’important au départ, c’était de faire une bonne saison et faire monter l’équipe. C’est ce que je suis en train de faire. J’ai mis une vingtaine de buts. Maintenant, j’ai deux ou trois contacts avec des «teams» élevés. Donc, si j’ai des propositions entre jouer en première division et jouer en Coupe d’Europe, je pense qu’il n’y a même pas photo. On verra tout cela à la fin de la saison. Pour l’instant, je me consacre sur le reste de la saison. Il reste deux mois. Je vais tout faire pour emmener l’équipe en première division.

Pourquoi cette obsession à vouloir quitter l’Angleterre, un pays pourtant prisé par beaucoup de joueurs professionnels sénégalais ?

Non ! Non ! J’aime bien l’Angleterre. Egalement je me sens très bien ici. Je peux pratiquer ma religion sans aucun problème. Mais, c’est vrai que j’ai joué en Italie (à Modène). J’aimerai bien aller aussi en Espagne. Ce n’est pas sûr que je partirai de l’Angleterre. Actuellement, les équipes qui souhaitent m’enrôler ne sont pas forcément des équipes anglaises. Sinon, j’aime bien le football anglais, la mentalité anglaise. Donc, rester en Angleterre, ce n’est pas un problème pour moi. Au contraire...

Malgré les bonnes performances avec votre club, les grands clubs anglais ne frappent pas à votre porte ?

De grands clubs anglais ? Non ! Ce sont toujours des clubs comme West Bromwich (Albion). Il y avait Reading (le club de l’international franco-sénégalais, Ibrahima Sonko) qui était assez intéressé par moi. C’est toujours de bonnes équipes, mais pas de très grandes équipes.

Quel est votre objectif personnel pour cette année avec West Bromwich ?

C’est de bien finir le championnat en accédant en D1 et en essayant de marquer vingt à trente buts. Ce serait une bonne chose. On est toujours en Coupe d’Angleterre. On va essayer de carburer dans la dernière ligne droite du championnat. (Wba occupe la 3e place)

Changeons maintenant de cadre pour parler de l’Equipe nationale. Vous faites partie des «rebelles» qui ont boycotté le match contre le Bénin. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Il ne faut pas exagérer en parlant de rebelles. Nous, on a un peu…(il ne termine pas sa phrase). Je pense que tout ce remue-ménage pour organiser un match amical, c’est inadmissible. Certains joueurs et moi avons décidé de ne pas venir logiquement parce qu’on a reçu nos convocations pour le match à Dakar. A aucun moment la Fédération ne nous a appelés pour nous dire que le match c’était à Rouen, contre le Bénin. C’était logique qu’on n’aille pas disputer ce match.

Est-ce une décision personnelle ?

Bien sûr que c’est d’abord une décision personnelle. Chacun prend sa décision. On est un groupe. Et dans ce groupe, il y a plusieurs individualités qui avaient décidé de ne pas prendre part à cette rencontre. Mais cela faisait partie d’une stratégie collective.

Avez-vous avisé le sélectionneur de votre désistement ?

Le sélectionneur le savait. Lui aussi était un peu dépité. Il aurait bien aimé avoir son équipe au complet. On sait qu’en Afrique, rien n’est simple. Je pense qu’ils (ministère des Sports et fédé de foot) sont en train de lui compliquer la tâche. Les choses sont tellement simples chez les autres équipes. Je ne vois pas pourquoi…(il s’arrête). On nous a déjà annulé un match de préparation (en novembre dernier contre le Nigeria). Là, le deuxième match, on ne l’a pas tous joué. On aurait pu préparer le match contre la Tanzanie dans de meilleures conditions.

Mais en fait, vous refusez de répondre à la sélection nationale pour dénoncer quoi ?

Si on a boycotté le match contre le Bénin, c’est parce que nous voulions dénoncer le manque de sérieux des autorités. Tout le monde sait ce qui se passe au Sénégal. Nous voulons juste être respectés, vouloir bien préparer la prochaine Coupe d’Afrique et la prochaine Coupe du monde. C’est tout ce qu’on défend. On demande juste d’avoir nos matches à temps et en heure. De jouer contre de bonnes équipes pour être compétitifs en 2008 au Ghana, tout simplement.

Pensez-vous que les choses vont changer comme vous le souhaitiez ?

Je pense que cela a fait bouger les choses. On a été très content de voir que la plupart du peuple sénégalais était avec nous. Il y a un ras-le-bol de la part des supporters. C’est quelque chose qui va faire réfléchir la Fédé et les instances. Si le Sénégal veut garder ses meilleurs joueurs ou même attirer de jeunes joueurs assez talentueux en Europe, il va falloir avoir plus de sérieux. Cela ne peut pas continuer ainsi.

La bonne prestation des jeunes contre le Bénin, ne met-elle pas la pression sur les cadres que vous êtes ?

Non ! Non ! Aujourd’hui, le Sénégal n’appartient à personne. Il n’y a pas de cadres dans l’Equipe du Sénégal. Au contraire la prestation des jeunes à Rouen montre que l’effectif du Sénégal est assez bien fourni, et qu’il y a de très bons joueurs qui peuvent être intégrés dans le groupe. C’était une revue d’effectif, et pour le sélectionneur, c’est également bien. Pourquoi avoir la pression ? La pression on l’a tous les dimanches dans nos clubs. Personne n’a une place fixe quelque part. L’Equipe nationale, c’est énormément de concurrents. Donc, il n’y a aucun problème.

Allez-vous répondre présent si le coach fait appel à vous pour le match contre la Tanzanie ?

Bien sûr ! Là, c’est complètement différend. Ce n’est pas un match amical. On sait que la Tanzanie, c’est le 24 mars. C’est une date Fifa. C’est un match qui se joue au Sénégal. Je pense que la plupart des joueurs seront là. Tout le monde veut être là pour gagner ce match très important. On y pense, c’est à peine dans un mois. Là, c’est sûr que je pense à mon club, mais, je pense également à l’Equipe nationale du Sénégal. Et je me prépare en vue de ce match super important.

Etes-vous en contact avec les autres joueurs de la sélection ?

Oui, j’ai souvent El Hadj (Diouf) au téléphone, Souleymane Diawara, Amdy Faye. J’ai eu Henri Camara, récemment pour savoir comment il se portait. On reste souvent en contact.

Et des nouvelles de Salif Diao ?

Je le vois toutes les deux semaines. J’ai un ami, Mamadou Sidibé, qui est malien et qui joue à Stoke. On habite à quarante minutes de voiture. Salif se porte bien. Il est en train de faire un bon championnat. On ne parle pas souvent de l’Equipe nationale, mais je pense que Salif Diao est un patriote. Il pourrait toujours servir à l’Equipe du Sénégal.



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